Lyon : la « ville lumière » bientôt plongée dans le noir
SOBRIETE•En raison de la crise énergétique, la ville de Lyon va prendre 18 mesures visant à réduire sa consommation. Parmi lesquelles figure l’extinction des bâtiments patrimoniaux éclairés dès la tombée de la nuit depuis trente-trois ans
Caroline Girardon
L'essentiel
- La ville de Lyon s’est fixée comme objectif de réduire de 10 % sa consommation énergétique en un an.
- Elle a élaboré pour cela un plan de sobriété englobant 18 mesures qui seront mises en place dès cet hiver.
- Parmi lesquelles figure l’extinction des bâtiments patrimoniaux éclairés à la nuit tombée depuis 1989 et qui avaient valu à Lyon son surnom de « ville lumière ».
- Désormais, ils seront éteints six soirs de la semaine, le samedi faisant figure d’exception.
Cette année, la facture énergétique de la ville de Lyon va doubler, passant de 25 à 50 millions d’euros. « Nous sommes devant un choc financier sans précédent, souligne Sylvain Godinot, adjoint en charge de la transition écologique et du patrimoine. Cela n’est jamais arrivé depuis le deuxième choc pétrolier en 1979. Cette crise nous oblige à remettre en cause nos habitudes. »
Mardi après-midi, la municipalité a présenté 18 mesures qui seront mises en place dès cet hiver afin de réduire de 10 % la consommation énergétique de la ville en un an. « On ne va pas se mentir, on ne va pas y aller avec le dos de la cuillère », prévient Steven Vasselin, élu chargé de piloter le groupe de travail qui a élaboré ce « plan de sobriété énergétique ». Cette fois, tous les partis politiques se sont mis autour de la table, faisant fi de leurs divergences. Chacun ayant conscience de la nécessité d’agir vite pour ne pas faire exploser les prochaines factures. Entre 2010 et 2020, la ville de Lyon est parvenue à réduire sa consommation de 7 %. C’est dire si l’objectif est ambitieux, d’autant que tous les services publics resteront ouverts.
Extinction de l’éclairage public entre 2 heures et 4h30
Parmi les principales mesures, certaines concernent l’éclairage public. Si la Fête des lumières sera maintenue compte tenu de sa consommation « marginale », le « plan lumière » mis en place par Michel Noir en 1989, qui consistait à illuminer les plus beaux bâtiments de la ville afin de les mettre en valeur à la nuit tombée, sera sacrément raboté. Les principaux édifices, que ce soit la basilique de Fourvière, la cathédrale Saint-Jean, l’Hôtel de ville ou les facultés situées sur les quais du Rhône, seront plongés dans l’obscurité, chaque soir de la semaine, exception faite du samedi. « Ce soir-là, ils seront éclairés dès la tombée de la nuit et seulement jusqu’à 23 heures », précise Grégory Doucet le maire de Lyon. Et d’ajouter, à l’heure des sacrifices, que « même s’ils font partie intégrante du patrimoine, ces éclairages ne sont pas indispensables ».
Les illuminations de Noël seront également réduites de deux semaines, tandis que l’éclairage public sera interrompu quatre soirs par semaine, du dimanche au mercredi, entre 2 heures et 4h30. La ville de Lyon s’est inspirée pour cela des expériences menées à Lorient ou encore Francheville. « Les retours que nous avons sont positifs. Aucun ne mentionne une augmentation des problèmes d’insécurité au cœur de la nuit quand les lumières sont éteintes », tient à rassurer Sylvain Godinot. Les lampadaires seront réactivés avant la mise en service du métro, précise-t-il.
Le deuxième volet du plan de sobriété concerne le chauffage, qui représente les deux tiers de la consommation d’énergie. Dans les bâtiments municipaux, la température sera ramenée à 18 degrés, contre 19 degrés. Les crèches, écoles, bibliothèques ne seront pas concernées de même que les maisons de retraite ou Ehpad. L’allumage du chauffage, qui devait être enclenché le 15 octobre, sera reporté au 1er novembre. Enfin, la température des gymnases sera abaissée à 14 degrés, et celle de l’eau des piscines à 25 degrés, contre 28 auparavant.
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