PRECIPITATIONSLes pluies orageuses n’arrangent pas la sécheresse dans les Alpes-Maritimes

Sécheresse : Dans les Alpes-Maritimes, Météo-France espère des pluies « régulières, mais pas orageuses »

PRECIPITATIONSLe week-end dernier, 85 mm de pluie sont tombés sur Nice en trois heures. La dernière fois qu’un phénomène pareil s’était produit, c’était le 3 octobre 2015, provoquant de graves inondations
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Nice, et plus largement les Alpes-Maritimes, enregistrent presque chaque mois de nouveaux records liés à la météo.
  • Le week-end dernier, ce sont 85 mm qui sont tombés en trois heures sur Nice, ce qui n’était pas arrivé depuis 2015.
  • Cette pluie peut-elle compenser la sécheresse ? Peut-elle, en étant intense, créer des phénomènes catastrophes ? 20 Minutes a interrogé des spécialistes.

«Depuis le mois de janvier, on fait face à une succession de choses exceptionnelles », résume en une phrase Cécile Guyon. La responsable de la division Services, prévision et climatologie de la région sud-est, chez Météo-France évoque le dernier « record » en date. « Il a plu 85 mm, en l’espace de trois heures, dans la nuit de samedi à dimanche. Ce qui n’était pas arrivé depuis le 3 octobre 2015, où 111 mm étaient tombés. Mais le caractère particulier de l’épisode du week-end dernier, c’est qu’il était concentré sur Nice. A l’intérieur des terres, on a relevé entre 8 et 20 mm. »

Cette pluie, bien qu’elle ait été intense, n’a pas été suffisante pour compenser le déficit important de pluviométrie constaté dans le département depuis plusieurs mois. « Tout ce qui tombe maintenant, ça ruisselle. Le mieux pour la situation serait une pluie régulière et pas une pluie orageuse, affirme la spécialiste. Par rapport à la normale, on constate une forte anomalie pour l’humidification des sols, le déficit est très élevé. Même si on repart sur une nouvelle saison de recharge des nappes phréatiques, on est encore loin des objectifs. Sachant que la précédente [saison] a été catastrophique. »

En janvier, il n’y a pas eu une goutte de pluie, puis les premiers mois de 2022 se sont succédé en étant les plus chauds et/ou les plus secs depuis des années.

L’évolution des cours d’eau scrupuleusement observée

C’est d’ailleurs faute « d’échanges entre les nappes et la rivière » que le lac du Broc s’est retrouvé à sec début octobre, explique Anne-Laure Thaon, ingénieure hydrologue et responsable du pôle ressource en eau au Syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau (Smiage) maralpin. Ce syndicat a été créé dans le but de « faciliter la prévention et la protection contre les inondations et de promouvoir la gestion équilibrée et durable de l’eau et des milieux aquatiques », après les inondations meurtrières d’octobre 2015 dans le département. Avec la sécheresse, accentuée par les fortes chaleurs qui provoquent l’évaporation des sols, mais aussi d’autres facteurs locaux combinés, « il peut y avoir des conséquences terribles » sur le territoire.

Aurélien Chartier, directeur du pôle Prévision des risques et gestion de l’eau de ce syndicat, expose : « On est en situation d’étiages sévères, c’est-à-dire, le plus bas niveau des eaux, mais on suit de très près l’évolution, notamment grâce à notre station de mesures des cours d’eau. Le syndicat met également à disposition des communes, une aide à la gestion de crise, en plus d’un outil qui permet d’alerter la population ». Il cite également la création, par le département, en septembre, d’un Observatoire de l’eau pour « trouver des solutions, mieux partager les données et unir les actions ».

Des « petites crues » pour régler le problème ?

Pour ces professionnels, « toutes les petites pluies cumulées permettront d’atténuer la situation de sécheresse même si elle est très limite », mais il est possible « de rattraper en quelques mois », à travers « de petites crues », ces déficits sans qu’il y ait « des phénomènes intenses » destructeurs.



A voir si leurs observations permettront de lever les restrictions liées à la sécheresse prise par la préfecture et qui sont maintenues jusqu’à samedi. Les prévisions, qui annonçaient en début de semaine de la pluie à Nice, sont « en changement de régime », d’après Météo-France et il ne devrait finalement pas avoir de précipitations.

Pour Aurélien Chartier, Anne-Laure Thaon et Cécile Guyon, il est important de respecter les règles des services de l’Etat. « À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, conclut la responsable de la division Services région sud-est. On est encore parti pour un mois plus ou moins sec, mais on a encore vingt jours pour arriver à obtenir le niveau normal de pluie ». Espérons qu’un nouveau record ne soit pas encore à relever.