PROPRETéComment Nantes tente de nettoyer ses rues en économisant 90 % d’eau

Nantes : Comment la ville tente de nettoyer ses rues en économisant 90 % d’eau

PROPRETéConsciente des quantités importantes d’eau potable envoyées habituellement sur la chaussée, la ville a décidé de laisser au garage une grande partie de ses machines. Le nettoiement manuel, lui, se développe
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Depuis juillet, Nantes métropole a stoppé le « nettoyage à grandes eaux » pratiqué au moyen de grosses machines laveuses.
  • D’autres engins et outils fonctionnant avec de l’eau sont également moins utilisés.
  • La démarche devrait s’amplifier avec le recours à l’eau pluviale pour le nettoiement.

C’était au départ une mesure prise dans l’urgence, en réponse à la sécheresse touchant une grande partie de la France. Mais le déficit de pluies se prolongeant, elle devient peu à peu une nouvelle méthode de travail, qui illustre « l’adaptation nécessaire de la ville au changement climatique ». Depuis juillet, la métropole de Nantes a décidé de se passer de la plupart de ses machines gourmandes en eau pour nettoyer la chaussée. Une quinzaine de « grosses laveuses » et de « mini-laveuses », qui généralement ne passent pas inaperçues en raison du bruit qu’elles génèrent, sont ainsi laissées au garage. Objectif : réduire drastiquement la consommation d’eau de la collectivité afin de « préserver la ressource en eau potable du territoire ».

« On a stoppé ce qu’on appelle le nettoyage à grandes eaux, explique Eric Bouchet, chef du service propreté urbaine sur le pôle Nantes-Loire. Il s’agissait de gros véhicules qui aspergeaient la voirie avec un balayage hydraulique et un système de rampes. On envoyait de l’eau, beaucoup d’eau, ça permettait de nettoyer complètement la chaussée et de repousser les déchets sur un côté, avant de les aspirer. » Bien que nettement moins dépensières en eau, les « aspiratrices » équipées de brosses tournantes sont également moins utilisées, tout comme les jets à haute pression. Comment garder la ville propre dans ces conditions ?

« Le rendu n’est pas le même »

L’absence des machines est compensée par un recours accru au matériel sec (souffleurs électriques, aspire-feuilles…) et, surtout, par davantage de ramassages manuels avec outils. Sauf pour les places de marché, où, « pour des raisons d’hygiène », une laveuse passe encore à l’emplacement des étals de poisson et de légumes.

Le premier bilan sur la consommation d’eau est spectaculaire, selon la métropole, laquelle avance le chiffre de « 90 % d’économie d’eau ». « Pour le centre-ville de Nantes et l’île de Nantes, on pouvait monter à une consommation d’eau de 60 m3 par jour. Depuis juillet, on est descendu à 7 ou 8 m3 par jour. C’est très significatif », explique Eric Bouchet.


Nettoyage au jet de conteneurs enterrés dans les rues de Nantes.
Nettoyage au jet de conteneurs enterrés dans les rues de Nantes. - F.Brenon/20Minutes

Le changement se voit toutefois un peu, aussi, dans les rues. « Le rendu n’est pas le même. Ça fait plus de poussière, ça donne moins un aspect de propreté qu’un trottoir rincé », reconnaît Eric Bouchet. Les plaintes seraient toutefois marginales. L’association de commerçants Plein centre, par exemple, dit ne « pas avoir été alertée de critiques » de ses adhérents. « Le niveau d’exigence est très différent d’un individu à l’autre, observe le chef du service propreté urbaine. On est dans la même situation qu’il y a quelques années lorsqu’on a décidé d’arrêter les produits phytosanitaires. Il y avait beaucoup d’inquiétude sur la prolifération de mauvaises herbes sur l’espace public. Au final, la plupart des riverains s’y sont habitués beaucoup plus facilement que ce qu’on pensait. »

Bientôt l’eau de pluie et celle des piscines

Sur des saletés tenaces ou malodorantes, comme l’urine ou les déjections canines, « pas le choix que de nettoyer à l’eau à l’aide d’un surpresseur », précise Laurent Tenaud, technicien coordinateur de centre-ville pour Nantes métropole. Un agent de propreté publique fait aussi valoir que le développement du nettoyage manuel « peut être contraignant sur la durée car il y a beaucoup de gestes répétitifs ».



En attendant, la métropole nantaise veut aller plus loin dans la préservation de l’eau potable et prépare le déploiement de cuves de stockages d’eau de pluie pour ses centres techniques. « Il y a des centres qui travaillent déjà avec de l’eau récupérée sur les toitures, mais ce sont des volumes restreints » , indique Laurent Tenaud. Une étude est aussi engagée pour la récupération de l’eau des piscines et son réemploi pour décaper les rues.

Plus largement, la réutilisation de l’eau des pataugeoires nantaises est également encouragée pour arroser les espaces verts. L’installation d’un système « goutte à goutte » pour l’arrosage de « mille jeunes arbres » est aussi en cours.