« Fast fashion » : Cette Niçoise n’a pas acheté un seul vêtement depuis plus d’un an
SOBRIETE•L’année dernière, Mélissandre Blanc, lycéenne de 17 ans, s’était lancé le défi de ne pas acquérir d’habit pendant un an. Plus de 365 jours plus tard, elle raconte son expérienceElise Martin
L'essentiel
- Mélissandre a décidé d’arrêter d’acheter des vêtements le 1er septembre 2021.
- Plus d’un an après, elle continue ce défi.
- Sa démarche est écologique et éthique mais elle a également pour but de questionner son rapport à la surconsommation.
EDIT DU 14 MARS 2024 : L’Assemblée nationale doit voter le 14 mars une loi pour lutter contre la « fast fashion ». A cette occasion, nous remontons cet article sur cette personne qui a décidé depuis longtemps de changer sa façon de consommer des vêtements.
Il y a un peu plus d’un an, le 1er septembre 2021 exactement, Mélissandre Blanc a décidé de ne plus acheter de vêtements et de ne vivre qu’avec ceux qu’elle possédait déjà.
« Pourquoi ? » C’est la question qui lui a été le plus posée lorsqu’elle évoquait le sujet. Et la réponse semble évidente pour cette lycéenne de 17 ans, tout juste rentrée en terminale dans la région niçoise. « Je prenais conscience depuis quelque temps de l’impact écologique et éthique que ça avait, raconte-t-elle. Au bout d’un moment, il est temps d’arrêter de réfléchir, il faut agir. »
« Le plus dur, c’est de perdre l’habitude »
Un processus « plutôt simple » à lancer pour cette Niçoise entourée de « modèles ». Une de ses grandes sœurs et sa tante ont déjà relevé des « défis similaires » en arrêtant de consommer tous types de produits pendant un an. La lycéenne a également reçu une éducation « écoresponsable » par ses parents, confie-t-elle. Aujourd’hui, son père est fier d’elle. « C’est elle qui nous pousse maintenant à questionner nos habitudes », lâche-t-il en souriant.
Finalement, il y gagne aussi. En tout cas, financièrement. Même si Mélissandre n’était pas une personne « addict ». « Je ne me posais juste pas vraiment la question lorsque j’avais envie d’acheter, je le faisais automatiquement. Parfois, c’est même ma mère qui me ramenait quelque chose lorsqu’elle trouvait un vêtement beau », explique-t-elle. C’est ce rythme de l'« automatisme » qu’elle a voulu casser.
« Le plus dur au début, c’est de perdre l’habitude, analyse l’adolescente. Mais la démarche a pour but de questionner ce que nous apporte cette consommation : est-ce que j’en ai besoin, qu’est-ce que ça m’apporte, est-ce que je suis plus heureuse avec ce vêtement, est-ce que j’en ai réellement envie ? Je me suis alors vite rendu compte que la réponse à la phrase « il faut trop que j’ai cette robe », était tout simplement non. Il faut couper cette euphorie de l’achat. »
Un challenge qui « pousse à la créativité »
Dans son placard actuel, elle estime avoir de quoi « s’habiller, sans laver, pour au moins deux ou trois semaines », en fonction de la saison. « Au moment de commencer le défi, j’avais quand même une bonne base d’habits et puis, hasard de la vie, j’ai eu l’opportunité d’en avoir d’autres à travers des dons de ma famille. Je ne me suis jamais sentie nue ou lassée de mes vêtements ». Elle ajoute : « Au contraire, ce genre de challenge pousse à être créatif, à inventer de nouvelles associations, de créer des tenues différences et ainsi redécouvrir ses vêtements. Ainsi, on se rend compte de ce qu’on a acheté par pulsion et ce qu’on aime vraiment. »
Et puis, les 365 jours ont été atteints. Mélissandre s’est alors sentie « tout simplement heureuse » d’avoir réussi ce challenge personnel. « J’ai compris qu’une fois qu’on était lancé, tout le monde pouvait y arriver, ça roule tout seul », affirme-t-elle.
Un défi qui en appelle d’autres
Elle décrit une « empathie qui s’est réveillée de plus en plus au fil des mois » avec « une pensée aux litres d’eau utilisés pour fabriquer un jean » ou « la personne et les conditions dans lesquelles elle travaillait pour faire un tee-shirt ». Pour elle, le plus satisfaisant, c’était de voir les influenceurs déballer devant leur caméra tout ce qu’ils venaient d’acheter ou des publicités et de ne plus ressentir d’envie du tout. Ou encore de voir des reportages et se dire qu’elle n’a pas participé à « cette catastrophe ». « J’ai senti que c’était possible d’y arriver. Puis, j’ai réussi, ça veut dire que je peux faire plein d’autres choses encore plus impactantes ! », lance-t-elle.
Elle conclut : « Finalement, c’est presque facile parce que je devais arrêter quelque chose alors que pour d’autres engagements écologiques, il faut faire quelque chose. On peut alors avoir plus l’impression de faire un effort. » Mélissandre continuera au maximum ce défi. Si elle est amenée à acheter quelque chose, elle promet que « ce sera obligatoirement quelque chose de seconde main ». En attendant, elle réfléchit à ses prochaines actions en lien avec la préservation de la planète et « passe le flambeau » de ce défi à sa petite sœur de 14 ans. Plus que 357 jours (ou plus) !