CHIFFRESL’eau du robinet de 20% des Français est non conforme

Pesticides : L’eau du robinet de 20% des Français est non conforme

CHIFFRESUn quart des villes françaises seraient concernées
20 Minutes avec agence

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Des données révélées au public par Le Monde ce mercredi alertent sur la qualité des eaux potables distribuées en France. Le chiffre a de quoi inquiéter : en 2021, environ 12 millions de personnes auraient reçu régulièrement ou épisodiquement une eau du robinet non conforme aux normes de qualité. Cela donne un pourcentage de 20 % des foyers qui seraient concernés, contre 5,9 % en 2020 selon le ministère de la Santé. Les données récoltées par Le Monde auprès des agences régionales de santé (ARS) sont connues depuis plusieurs mois, mais n'avaient pas encore été dévoilées au public.

Les Hauts-de-France est la région la plus atteint : 65 % de la population aurait été exposée à une eau contaminée par des pesticides et des produits de dégradation. Ce pourcentage atteint 43 % en Bretagne, 25,5 % dans le Grand Est, 25 % dans les Pays de la Loire, 17 % en Bourgogne-Franche-Comté, 16,3 % en Ile-de-France et 16 % en Normandie. Certaines régions présentent de grandes disparités internes : par exemple, l'Occitanie affiche un faible taux de 5,1 %... mais le département du Gers bondit à 71 % ! En tout, un quart des communes françaises en subiraient le préjudice.

Une Vmax difficile à déterminer

« La seule norme sanitaire est la Vmax, qui indique une concentration dans l’eau susceptible de déclencher des problèmes sur la santé », explique le directeur général de l'ARS Hauts-de-France. Or, de nombreux pesticides et dérivés de produits susceptibles d'être dangereux ne réunissent pas assez de données scientifiques sur leur toxicité. Résultat : difficile d'établir une Vmax avec certitude. Des études prouvent même que des autorisations de mise sur le marché de certains produits ont été accordées, alors qu'il était avéré que ces derniers risquaient de contaminer les nappes phréatiques. Se tourner vers les bouteilles d'eau potable n'est pourtant pas une bonne alternative, en raison de leur impact écologique néfaste et de leur contamination aux microplastiques.

« Une politique active et urgente doit être mise en œuvre pour réduire la contamination des ressources par les pesticides », déclare le Haut conseil de la santé publique, ajoutant que « les actions curatives traditionnelles mises en œuvre dans les filières de traitement sont peu ou pas efficaces ». Un chercheur au CNRS confirme : « Avec les données dont la communauté scientifique dispose désormais sur les perturbateurs endocriniens et la possibilité d’effet cocktail, se fier à des seuils de conformité substance par substance ne suffit plus ».