Crise énergétique : Les villes se décident à éteindre la lumière et montrer leur côté sombre
A CONTRE-COURANT•Face à la crise énergétique, plusieurs communes de France ont décidé de ne plus éclairer les monumentsMathilde Ceilles (avec les bureaux en région)
L'essentiel
- Face à la crise énergétique, plusieurs villes de France ont décidé de stopper purement et simplement l’illumination des monuments historiques.
- Une solution qui ne suffit pas selon plusieurs collectivités, qui mise à long terme sur l’éclairage Led
Une balade nocturne, à admirer le beffroi éclair de l’Hôtel de Ville de Lille ou la Bonne Mère sublimée par les lumières, c’est désormais du passé. Face à la crise énergétique qui sévit en France, et conformément à la demande du gouvernement adressée aux collectivités pour faire des efforts, plusieurs grandes villes de France ont décidé de débrancher tout ou presque, une fois la nuit tombée.
Le 5 septembre dernier, la mairie de Lille a ainsi annoncé cesser l’éclairage des bâtiments publics de la préfecture du Nord, pour une économie annuelle de 170.000 KwH, soit 30.000 euros sauvés. De l’autre côté de l’Hexagone, à Marseille, la même démarche est en réflexion. « Nous voulons montrer l’exemple, justifie Didier El Rharbaye, conseiller municipal de la deuxième ville de France délégué à la vie nocturne. Nous ne pouvons pas demander aux Marseillais de faire des efforts sans en faire nous-même. » L’adjoint au maire étudie la possibilité d’éteindre la nuit, à partir du mois prochain entre quatre et cinq sites majeurs de la cité phocéenne, en particulier la préfecture de région.
Led un jour, Led toujours
Ce bâtiment appartient à l’Etat, mais son éclairage est assuré par la mairie. Et il coûte cher : pas moins de 900.000 euros par an pour fournir en électricité les quelque 500 points lumineux qui illuminent l’imposant bâtiment. « On cherche déjà à réduire le nombre de points lumineux à 300 pour réaliser une économie de 300.000 euros » indique Didier El Rharbaye. Mais la cité phocéenne fait face à un handicap face à ses consœurs de France. « L’éclairage public à Marseille compte à peine 15 % d’éclairage Led, déplore Didier El Rharbaye. La nouvelle municipalité fait tout pour que les choses aillent vite sur ce plan-là, mais nous ne sommes à la tête de Marseille que depuis deux ans. Or, éteindre un bâtiment qui n’est pas éclairé par des Led nécessite d’envoyer chaque soir quelqu’un… »
A Nantes, dans le cadre d’un pack de mesures destiné à « accélérer l’adaptation au changement climatique », Nantes métropole a annoncé mardi l’extinction symbolique d’un grand nombre de bâtiments du patrimoine public (hôtel de ville, théâtre, château, stade, locaux administratifs…). « Sauf, par endroits, pour des raisons de sécurité sur l’espace public », précise Johanna Rolland (PS), maire de Nantes. En parallèle, le recours aux Leds va être étendu pour l’ensemble des luminaires de la métropole d’ici à 2026. Nantes fait aussi partie des quelques villes françaises, comme Lyon, qui interdisent aux commerçants d’allumer les enseignes et vitrines lumineuses la nuit.
Nombreuses sont les villes à estimer qu’appuyer sur l’interrupteur est bien insuffisant… pour ne pas dire inutile. « Eteindre est une fausse solution, lance ainsi Jean-Baptiste de Scorraille, adjoint en charge de l’éclairage public à Toulouse. L’important, c’est de diminuer la consommation. » Comme dans la capitale des Gaules, la ville Rose mise ainsi sur des réverbères intelligents. « Ces réverbères n’éclairent qu’à 10 % de leur puissance et repassent à 100 % quand ils détectent un mouvement que ce soir un piéton ou une voiture. Il y en a pour l’instant 1.800 dans des quartiers résidentiels comme Rangueil ou la Côte Pavée. L’objectif est de passer à 20.000, soit 30 % du parc environ. »