Pyrénées : La justice invalide l’autorisation d’effaroucher les ours en Ariège
PROTECTION DES ANIMAUX•A la demande de plusieurs groupements pastoraux, la préfecture avait autorisé en juin les éleveurs à procéder à des tirs dissuasifs pour protéger les troupeaux20 Minutes avec AFP
La préfecture de l'Ariège va devoir revoir sa copie. Dans ce département où vivent la plupart des ours des Pyrénées, les autorités avaient autorisé leur effarouchement en cas de danger, mais le tribunal administratif de Toulouse a invalidé mercredi les arrêtés préfectoraux.
Ces mesures permettant aux éleveurs de procéder à des tirs dissuasifs pour protéger les troupeaux des prédations de l'ours, avaient été prises en juin à la demande de plusieurs groupements pastoraux.
« Une espèce en danger critique d’extinction »
Rappelant que l’ours brun des Pyrénées est « une espèce en danger critique d’extinction », le tribunal estime que les mesures d’effarouchement pourraient « repousser l’ours en dehors des territoires qu’il fréquente habituellement et donc de l’évincer d’une partie de son aire de répartition naturelle ». La justice redoute des « effets délétères sur la population d’ours, en particulier les femelles gestantes ».
L’instance administrative note également que cinq des six groupements pastoraux « n’ont pas mis en place le triptyque des moyens de protection des troupeaux (présence humaine, parcs de regroupement fermés et chiens de protection) ». La semaine dernière, des éleveurs de brebis ont attribué à l’ours la mort d’une cinquantaine de brebis, retrouvées mortes au pied d’une falaise.
Les tirs non létaux sont régulièrement dénoncés par les associations de défense de l’ours, qui ont d’ailleurs gagné plusieurs fois leurs recours devant le Conseil d’Etat. L’association écologiste One Voice, à l’origine des recours, a logiquement salué la décision du tribunal, soulignant que la population d’ours « se situe en dessous du seuil de viabilité de l’espèce ». « Des fantasmes et des peurs irrationnelles (sont) répandues à leur encontre par des éleveurs qui sont, dans tous les cas dédommagés, et destinent toujours leurs troupeaux à l’abattoir », juge l’association.
Environ 70 ours dans la région
De nombreux éleveurs, chasseurs et élus locaux sont opposés à la présence de l’ours dans les Pyrénées, défendue par l’Etat et des associations de défense de la biodiversité. En 2020 et 2021, quatre ours ont été tués par l’homme dans les Pyrénées. Un a été empoisonné en Espagne, les trois autres ont été abattus par balles.
Alors que l’ours avait pratiquement disparu des Pyrénées, un programme de réintroduction d’ours bruns de Slovénie a été engagé dans les années 1990. Aujourd’hui, ils sont environ 70, selon les autorités françaises, notamment dans le centre des Pyrénées, en Ariège côté français, dans le val d’Aran côté espagnol.