TROMBES D'EAULes pluies orageuses, de l'eau dans le vin de la sécheresse ?

Avec la sécheresse historique, les précipitations sont-elles une bonne nouvelle ?

TROMBES D'EAUJean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France, revient pour « 20 Minutes » sur les pluies orageuses qui vont tomber sur l'Hexagone
Diane Regny

Diane Regny

L'essentiel

  • Des orages sont attendus sur l’Hexagone à partir de ce mardi, après une longue période de canicule.
  • L’arrivée de pluies intenses a apporté un relatif répit aux pompiers face aux incendies, avec des feux désormais fixés en Gironde, dans la Drôme et dans le Jura.
  • 20 Minutes se penche sur ces précipitations orageuses et leurs conséquences, grâce à l’analyse de Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France.

Après le beau temps, la pluie. L’Hexagone a subi une période de canicule particulièrement intense mais de violents orages sont prévus à partir de ce mardi. Dans les prochains jours, les intempéries doivent s’intensifier. Mais ces pluies violentes sont-elles une bonne nouvelle ? 20 Minutes fait le point avec Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France.

Ces précipitations sont-elles bienvenues pour la sécheresse des sols ?

Une pluie battante s’est invitée ce week-end au grand dam des aoûtiens. Mais pour le plus grand plaisir de nos sols assoiffés. Malheureusement, « l’infiltration de l’eau pourrait être freinée par la sécheresse des sols », explique Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France. Sur les sols argileux, l’eau s’infiltre difficilement, surtout quand elle tombe en grande trombe.

« Ce qui pose problème, ce sont plus les pluies intenses que la sécheresse des sols », souligne l’expert du climat qui ajoute que si les pluies étaient modérées, le sol pourrait s’humidifier lentement et absorber l’eau. Mais, ce mardi, Météo-France a alerté sur un épisode orageux et localement, des cumuls de 20 à 40 millimètres en moins d’une heure sont attendues. Or, « l’eau doit d’abord humidifier le sol superficiel, » donc ces précipitations rapides risques de provoquer des ruissellements, notamment en zone urbaine où les sols sont souvent imperméables. Difficile, en effet, de traverser le macadam. Même pour une goutte.

Ces précipitations restent toutefois une bonne nouvelle. « A chaque moment son urgence. Il faut d’abord réduire le stress hydrique de la végétation », décrypte le climatologue. Après des mois de sécheresse, les végétaux français vont enfin recevoir un peu d’eau. Une hydratation bienvenue alors que certains arbres font grise mine et semblent venir tout droit de l’automne.

C’est aussi une bonne nouvelle pour les incendies alors que dans l’Union européenne, plus de 660.000 hectares ont été brûlés depuis janvier. Un record depuis le début des données satellitaires en 2006. L'arrivée de pluies a, en effet, apporté un relatif répit aux pompiers face aux incendies, avec des feux désormais fixés en Gironde, dans la Drôme et dans le Jura.

Est-ce que ces précipitations vont nous préparer à l’hiver ?

La nature ne stocke pas l’eau comme nous stockons le gaz pour nous préparer à un hiver rude alors que la Russie a coupé les vannes d’approvisionnement. « Là, nous sommes en record de sécheresse. Une énorme quantité d’eau va être absorbée par les sols superficiels et la végétation, on est encore loin de remplir les nappes phréatiques », décrypte Jean-Michel Soubeyroux. La pluie permet toutefois d’humidifier les couches supérieures des sols, qui seront ensuite prêtes à laisser l’eau s’infiltrer jusqu’aux nappes.

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Mais « le remplissage des nappes phréatiques ne se fera pas avant l’automne », insiste l’expert du climat. D’autant plus que l’institution météorologique prévoit, après ces quelques jours orageux, le retour à un temps chaud et sec. « C’est donc peut-être la seule opportunité que l’on ait pour améliorer la situation sur le plan de la sécheresse », explique Jean-Michel Soubeyroux.

Ces précipitations violentes peuvent-elles être dangereuses ?

L’intensité des précipitations, en particulier sur un sol sec, peut toutefois provoquer des inondations. « Dans les régions méditerranéennes, l’intensité des précipitations extrêmes a augmenté de 15 % depuis les années 1960 », souligne le climatologue. L’année dernière, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) soulignait dans son rapport qu’avec le réchauffement climatique, les pluies diluviennes seront plus fréquentes et intenses. A chaque degré de réchauffement, l’intensité des précipitations extrêmes augmente de 7 %.

Les violentes précipitations à venir pourraient donc créer des inondations alors que les sols secs font office de « facteur aggravant ». Il faut aussi garder un œil sur un autre phénomène : celui des orages secs. Ces orages qui ne charrient pas ou peu de pluie, peuvent embraser la végétation. Si la foudre tombe sur un sol sec et une végétation en stress hydrique, elle peut provoquer un incendie naturel.

C’est d’ailleurs ce qu’il s’était produit jeudi dernier dans les Bouches-du-Rhône, à Auriol. La foudre a frappé le parc régional de la Sainte-Baume et enflammé la végétation sèche aux alentours. Et si la foudre ne frappe pas deux fois au même endroit, nos pompiers​ pourraient, eux, se retrouver sur tous les fronts, entre inondations et feux de forêts.