DANS LE SACLes tote bags sont-ils vraiment si écolos ?

Conso : Les tote bags sont-ils vraiment une solution écolo ?

DANS LE SACLe sac réutilisable en coton est présenté une alternative aux sacs jetables, mais est-il vraiment si vert que ça ?
Noémie Penot

Noémie Penot

L'essentiel

  • Qu’ils soient vendus en magasins ou distribués gratuitement, les tote bags ont tendance à s’accumuler chez les consommateurs. Ce qui va à l’encontre de l’effet recherché : une alternative aux sacs jetables.
  • De plus, le coton, matière première utilisée pour fabriquer ces sacs, est gourmand en eau et en pesticides.
  • Pour rendre le tote bag plus écoresponsable, des experts préconisent d’acheter des sacs dont l’origine et le processus de fabrication sont connus des commerçants. Et aussi de ne pas les accumuler.

Chez vous, c’est plutôt zéro tote bag, un ou deux qui traînent, ou tout un tas que vous accumulez depuis des années ? Aussi bien en vente en magasins et grandes surfaces que distribué gratuitement lors d’événements, le fameux sac en coton réutilisable est partout. Initialement conçu pour proposer une alternative aux sacs jetables, il est même devenu un véritable accessoire de mode. Mais au-delà de sa fonction, qu’en est-il de sa fabrication ? Autrement dit : quel est son impact écologique ? 20 Minutes s’est glissé dans un tote bag et a trouvé la réponse pour vous.

Le coton dans le viseur

« Réutilisable », « en coton bio », « écoresponsable »… Sur le papier, acheter ou récupérer un tote bag s’apparente à faire un geste pour la planète. En pratique, le constat n’est pas si glorieux. Selon le CNRS, fabriquer 1 kg de coton requiert 5.263 litres d’eau. Or un tote bag pèse entre 100 et 500 grammes/m3, ce qui revient à utiliser entre 500 et 2.600 litres d'eau. De plus, 5,7 % des pesticides dans le monde sont utilisés sur le coton, selon une étude du Pesticides Action Network, au Royaume-Uni, datant de 2018.

Et si le coton bio se montre considérablement moins gourmand en eau que le coton conventionnel (91 % d’eau en moins, selon un rapport de l’ONG Textile Exchange datant de 2014), seul « 1 % du coton produit dans le monde est bio », rapporte Thomas Ebélé, cofondateur et directeur général de SloWeAre, label de mode écoresponsable. Selon lui, utiliser des fils de coton pour fabriquer des tote bags est donc dérisoire. « Ils devraient être réservés à des vêtements qui sont au contact de la peau », complète-t-il.

« Des goodies qui n’ont pas lieu d’être »

Au coût environnemental de la production de fils de coton, s’ajoutent d’autres facteurs. Notamment les impressions, aux encres « souvent non-responsables », selon Thomas Ebélé. Et les « goodies que les marques mettent dans les tote bags distribués », indique Antoine Saint-Pierre, directeur associé des Tissages de Charlieu, PME spécialisée dans le tissage de textile dans la Loire. « Ici, on tisse directement les motifs, au lieu de les imprimer », complète le chef d’entreprise.

Autre ombre au tableau, donc : les tote bags distribués gratuitement. « Il devient lui-même un goodies qui n’a pas lieu d’être », selon Thomas Ebélé. « Les entreprises s’en servent comme opérations de communication, et nous les incitons à réduire cette pratique », déclare Laura Frouin, chargée de projet chez Zéro Waste France. Thomas Ebelé nuance : « il reste tout de même une bonne alternative aux sacs jetables, à condition de ne pas l’oublier quand on part faire ses courses ». L’idée est donc de réutiliser, non d’accumuler. Et à grande échelle : pour compenser l'empreinte carbone générée par sa fabrication, il faudrait utiliser un tote bag 7.000 fois, selon une étude danoise datant de 2018.

Adopter de meilleurs réflexes

Mais que faire si l’on souhaite tout de même s’en offrir un ? Selon Antoine Saint-Pierre, l’idéal est de privilégier les sacs en coton recyclé. Ou bien encore d’aller en récupérer un déjà utilisé par autrui. Ce réflexe recyclage, c’est ce que tente d’instaurer Zéro Waste France avec sa « Maison du Zéro Déchet ». « On invite les clients à apporter les tote bags qu’ils n’utilisent plus, pour les mettre à disposition de ceux qui en auraient besoin », explique Laura Frouin. Une habitude encore difficile à faire adopter. « Les gens n’ont pas le réflexe d’apporter leur(s) tote bag(s) dans les centres de collectes, alors que c’est de la fibre », constate Thomas Ebélé.

Le manque de traçabilité du sac est également à l’origine de mauvaises habitudes de consommation. « Si les vendeurs ne savent pas répondre aux interrogations des clients concernant la fabrication et le traitement du coton, il vaut mieux passer son chemin », conseille Antoine Saint-Pierre. Bonne nouvelle pour les consommateurs, la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire prévoit de rendre obligatoire l’affichage de l’origine des textiles à partir du 1er janvier 2023.