PEPINIEREDans un parking désaffecté, des start-up imaginent l’agriculture de demain

Montpellier : Dans un parking désaffecté, des start-up imaginent l’agriculture de demain

PEPINIERECe lieu a été retapé pour accueillir des innovations en matière d’agriculture urbaine
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • ACM Habitat, la ville et la métropole de Montpellier ont retapé un parking désaffecté, pour y installer une pépinière d’entreprises dédiée à l’agriculture urbaine.
  • Ici, par exemple, Green House Keeper fait pousser des plantes médicinales, dans un laboratoire, pour les laboratoires pharmaceutiques ou cosmétiques.
  • La différence avec un incubateur traditionnel, c’est que le Grenier de la Mosson est ouvert à tous : les habitants curieux peuvent venir rencontrer les entrepreneurs.

Des pépinières d'entreprises, on n’en manque pas à Montpellier (Hérault). Mais celle qui a ouvert à la Paillade n’est pas un incubateur comme les autres. D’abord, c’est le lieu qui l’héberge qui étonne. Le Grenier de la Mosson a ouvert dans un parking désaffecté, dans le sous-sol d’un immeuble de ce quartier populaire. Ici, il y a quelques semaines encore, il n’y avait que des tas de détritus et des épaves de voitures.

« Peut-être dispose-t-on de lieux inoccupés pour lesquels on perd de l’argent à les gardienner, ou à les condamner régulièrement, où il y a quelque chose à faire en termes d’agriculture urbaine ! », confie Michel Calvo (PS), élu et président d’ACM Habitat, qui a retapé le lieu avec la ville et la métropole de Montpellier. Désormais, cet ancien parking, baptisé le Grenier de la Mosson, accueille des jeunes pousses, des entreprises, des chercheurs ou des associations, qui se sont lancées dans l’agriculture indoor.

Le Grenier de la Mosson a ouvert près du grand Mail, dans un parking désaffecté
Le Grenier de la Mosson a ouvert près du grand Mail, dans un parking désaffecté - N. Bonzom / Maxele Presse

Des plantes médicinales au sous-sol

« Est-ce qu’un jour, vous pensiez qu’on se retrouverait dans un parking de la Mosson ? », sourit Michaël Delafosse (PS), le maire et président de la métropole, engagé, glisse-t-il, dans un rééquilibrage de Montpellier. « Tout ne doit pas se passer à Port-Marianne [un quartier chic de la ville]. Il faut, aussi, que ça se passe à la Mosson. » Désormais, « ce qui pousse ici, ce sont des projets ! », se réjouit Michaël Delafosse.

Le Grenier de la Mosson accueille, par exemple, Green House Keeper. Cette start-up cultive dans un laboratoire au sous-sol, sans lumière naturelle et sans terre, des plantes médicinales pour les chercheurs ou les laboratoires pharmaceutiques. Mais pas seulement. Cette entreprise, créée par Pierre Joram, collabore depuis peu avec la marque de cosmétiques éco-responsable Ulé, qui connaît un formidable essor.

Un lieu ouvert aux habitants

S’installer ici, c’était pour l’entrepreneur « une opportunité d’avoir des locaux » et, surtout, de partager. Car cet incubateur a une sacrée différence, par rapport aux pépinières traditionnelles : il est ouvert aux habitants. Ceux qui le souhaitent peuvent s’y rendre pour découvrir les dernières innovations en matière d’agriculture indoor. « J’aime transmettre mon savoir, et pouvoir apprendre, par exemple aux enfants, comment on fait des plantes différemment, avec des technologies, confie Pierre Joram. Souvent, les gens, quand ils apprennent ce que l’on fait, disent tout de suite "C’est des OGM !" Alors que l’on fait, justement, tout de manière naturelle ! Sans pesticide, sans rien du tout. C’est une formidable opportunité de transmettre ce savoir. »

Cette pépinière d'entreprises d'un nouveau genre est ouverte aux habitants
Cette pépinière d'entreprises d'un nouveau genre est ouverte aux habitants - N. Bonzom / Maxele Presse

Le Grenier de la Mosson héberge aussi une ressourcerie mobile, l’Oasis, sur le toit du parking. Ce lieu, porté par la startup Ecosec, qui crée d’étonnantes toilettes sèches, et l’association Les Petits débrouillards, propose des animations sur les sciences ou l’écologie. « C’est quoi, c’est une soucoupe volante ce machin ? », se marre un habitant, sur son balcon. « C’est très bien, confie-t-il toutefois. Ici, il n’y a pas si longtemps, certains faisaient de la mécanique, c’était pas possible ! »