Etats-Unis : Jamestown, berceau historique du pays, est menacé par la montée des eaux
CHANGEMENT CLIMATIQUE•Les inondations se multiplient et endommagent les bâtiments historiques et le sous-sol, où sont encore enterrés des ossements vieux de plusieurs siècles20 Minutes avec agences
Le niveau de l’eau continue de monter à Jamestown (Etats-Unis), lieu fondateur de la nation américaine. Le 4 mai dernier, le National Trust for Historic Preservation a placé la ville sur sa liste annuelle des onze sites historiques les plus en danger du pays.
Les inondations sont en effet de plus en plus fréquentes, immergeant l’ancien cimetière de la colonie anglaise, devenu site historique, ou les vestiges d’un fort bâti en 1607. Face à la montée du niveau des océans et à l’intensification du réchauffement climatique, une course contre la montre est engagée.
Une « illustration parfaite » du changement climatique
« Il faut agir, et dès maintenant », martèle Michael Lavin, directeur des collections de l’association Jamestown Rediscovery. « Nous avons presque toujours connu cet endroit à sec », ajoute David Givens, directeur de l’archéologie qui travaille ici depuis plus de vingt ans. L’inondation du jour est montée à un mètre, une hauteur qui sera la norme permanente d’ici la fin du siècle.
« C’est une illustration parfaite de la montée du niveau des mers, du changement climatique et de comment cela nous affecte », poursuit l’archéologue. Le niveau de la mer à l’embouchure du fleuve James a déjà augmenté de 45 cm depuis 1927. L’inquiétude est d’autant plus grande que le site, qui a accueilli des tribus amérindiennes pendant 12.000 avant l’arrivée des colons, est un concentré de l’histoire américaine.
Un « combat permanent » pour les archéologues
Au pied de l’ancienne église, une archéologue travaille entourée de sacs de sable et de bâches. « Ça rajoute du stress, car nous devons faire en sorte que tout reste sec », explique-t-elle. Le lieu a permis de faire des découvertes exceptionnelles mais les futures mises au jour pourraient ne jamais avoir lieu, les crues endommageant les ossements enfouis.
« C’est comme une guerre, avec des sacs de sable et des tranchées, parce que c’est un combat permanent pour nous », souligne David Givens. « Au fil du temps, ces sites archéologiques seront inaccessibles, érodés par l’eau de mer et les inondations. Et c’est ce qui me fait le plus peur. »
Un chantier à plus de 2 millions de dollars a été lancé pour renforcer la digue existante, déjà construite au début du XXe siècle pour protéger le site de l’érosion. Il ne s’agit que d’une première étape : contre les inondations, les études sont lancées. « Ça va coûter des dizaines de millions de dollars », prévient Michael Lavin.