Alsace : L’opérateur Fonroche mis en cause dans les séismes proches de Strasbourg
GEOTHERMIE•Un rapport pointe la responsabilité de Fonroche dans les secousses de magnitude 2,1 à 3,6 enregistrées fin 2020 dans la région de StrasbourgT.G avec AFP
L'essentiel
- Un rapport commandé par la préfecture du Bas-Rhin pointe la responsabilité de l'opérateur Fonroche dans les multilples tremblements de terre qui avait secoué l'agglo strasbourgeoise fin 2020.
- Les secousses sont ainsi « à associer aux opérations […] menées sur les puits [de géothermie] d’octobre à décembre 2020 », écrivent les experts dans les conclusions de ce rapport.
- Pour eux, la « sismicité persistante » en novembre 2020 « aurait dû alerter » Fonroche (rebaptisé depuis GéoRhin).
Nouvel épisode dans le feuilleton géothermie. Après les multiples tremblements de terre ressentis fin 2020 dans l’agglomération strasbourgeoise, un rapport a pointé jeudi la responsabilité de l’opérateur Fonroche. « Un faisceau d’indices concordants vers l’existence d’un lien » entre l’activité de l’entreprise et ces séismes.
Les secousses de magnitude 2,1 à 3,6 enregistrées à l’époque sont ainsi « à associer aux opérations […] menées sur les puits [de géothermie] d’octobre à décembre 2020 », écrivent les experts dans les conclusions de ce rapport commandé en février 2021 par la préfecture du Bas-Rhin et publié jeudi sur son site.
L’étude avait été présentée mercredi lors d’un comité de suivi du site géothermique de Reichstett-Vendenheim, au nord de l’agglomération strasbourgeoise, à l’arrêt depuis fin 2020 à la suite d’une série de séismes survenus depuis 2019 et qui avaient suscité l’émoi à Strasbourg et dans sa région.
« Parmi les causes de cette sismicité, les volumes importants de fluide injecté depuis septembre 2020, dans un réservoir (…) de taille réduite » qui « ont entraîné la mise en pression du fond du puits » et « induit une déstabilisation des failles et fractures préexistantes », écrivent les scientifiques.
« Les opérations sur les puits se sont succédé de manière rapide par rapport au temps de relaxation du réservoir », notent-ils encore. Pour eux, la « sismicité persistante » en novembre 2020 « aurait dû alerter » Fonroche (rebaptisé depuis GéoRhin) « sur l’occurrence d’un phénomène d’instabilité […] et aurait dû remettre en cause la poursuite des injections, sans attendre » un nouveau séisme, début décembre.
« Mauvaise évaluation du risque de sismicité »
« Au vu des grandes profondeurs atteintes, de l’existence de zones de failles importantes, d’un chargement tectonique significatif » et « des grands volumes de fluide injectés », le site de Vendenheim « présentait un niveau d’aléa sismique pouvant être considéré comme élevé ». Cela aurait « dû inciter à plus de précautions dans la conduite des opérations », tancent les experts, pour lesquels « le manque de données solides […] a impliqué […] une mauvaise évaluation du risque de sismicité ».
Cela ne signifie « pas que tous les projets géothermiques dans des telles conditions ne sont a priori pas viables mais qu’ils nécessitent […] plus de précautions dans la conduite des opérations », estiment-ils encore, jugeant « indispensable de continuer à surveiller le réservoir (de Vendenheim) dans les mois et années à venir ».