Atlantique : Un bateau de scientifiques au chevet des dernières baleines noires de la planète
ENVIRONNEMENT•L’espèce, qui comptait près de 20.000 individus autrefois, a été décimée20 Minutes avec agences
Dans l’Atlantique nord, un bateau de scientifiques cherche, surveille et protège les rares baleines noires encore vivantes dans le monde. Le Shearwater en a récemment repéré trois dans une baie près de Boston (Etats-Unis).
A bord, trois biologistes marins s’activent pour identifier les baleines et relever leurs éventuelles blessures. Un travail essentiel à la protection de cette espèce, dont il ne reste que 336 individus selon les experts. A l’aide d’un petit avion et de drones lancés depuis un second bateau, les chercheurs tentent de suivre la reproduction des Eubalaena glacialis, leur nom latin.
Une population en baisse drastique
Décimée par les baleiniers désormais interdits, la baleine noire (ou baleine franche) reste aujourd’hui sous la menace des collisions avec des bateaux et des filets de pêcheurs. Cette espèce de grands mammifères marins d’une vingtaine de mètres de long pour 70 tonnes, est encore plus en danger d’extinction que les tigres ou les rhinocéros noirs.
« Malheureusement, leur population est en baisse depuis 2010 », explique Christy Hudak, à la tête du centre de recherche américain d’où est parti le Shearwater. Le changement climatique, qui réchauffe les eaux de l’Atlantique nord, raréfie les stocks d’un petit crustacé qui constitue le plancton et est donc essentiel à l’alimentation des baleines noires.
Pêche et réchauffement climatique en cause
Les baleines noires ont été pendant des centaines d’années la proie favorite des pêcheurs pour leur graisse et leurs fanons. L’espèce a compté jusqu’à 20.000 individus, avant l’arrivée de la pêche à grande échelle. Elle a ensuite été décimée au début du XXe siècle.
Une hausse des naissances au début des années 2000 a permis d’atteindre un pic de 483 animaux en 2010, mais le chiffre, en baisse depuis, a plongé en 2017. « Quatorze baleines noires sont mortes en très peu de temps » après s’être déplacées dans le golfe du Saint-Laurent où les collisions avec des bateaux de pêche sont fréquentes, explique Charles Mayo, fondateur du centre de recherche.
« C’est très inquiétant, car leur taux de reproduction est très faible, tandis que le taux de mortalité est très élevé », poursuit le responsable. Ces géants marins se reproduisent au printemps et à l’été, avant de voyager jusqu’à 1.600 kilomètres vers le sud pour donner naissance. Ce cycle, dont la durée normale est de trois ans, s’étend actuellement sur trois à six ans en moyenne. Les spécialistes pensent que derrière ce taux de natalité en baisse se cache le stress subi par les femelles.