Alsace : Début des travaux préalables à la fermeture en mai de Stocamine
ENVIRONNEMENT•Les travaux en vue de la fermeture de Stocamine, le centre de stockage souterrain de déchets dangereux incendié en 2002 à Wittelsheim (Haut-Rhin), débuteront à la mi-maiG.V. avec AFP
Les travaux en vue de la fermeture de Stocamine, le centre de stockage souterrain de déchets dangereux incendié en 2002 à Wittelsheim (Haut-Rhin), débuteront à la mi-mai, selon exploitant MDPA (Mines de potasse d'Alsace).
Réalisées par le groupe de BTP Bouygues, des « barrières de confinement » imperméables seront installées au fond du site, une ancienne mine de sel à 550 mètres sous terre, sur une partie de son pourtour. L’idée étant de protéger la nappe phréatique, ont exposé des représentants du groupe et la direction des MDPA lors d’une réunion jeudi sur place pour les entreprises riveraines. Elles constituent des « mesures conservatoires prescrites par l’arrêté préfectoral du 28 janvier dernier, dans l’attente » d’une solution définitive, a souligné Céline Schumpp, liquidatrice amiable des MDPA.
La crainte d’une pollution de la nappe phréatique d’Alsace
Près de vingt ans après l’incendie de septembre 2002 qui a mis fin au stockage, le scénario définitif n’est pas complètement tranché par l’Etat et les procédures judiciaires. Les MDPA et l’Etat prônent le confinement définitif des 42.000 tonnes encore présentes au fond de la mine, qu’il serait trop dangereux de sortir selon eux. Mais de nombreux élus locaux et les associations environnementales veulent la sortie d’un maximum de déchets en raison des risques de pollution de la nappe phréatique d’Alsace, la plus grande d’Europe.
L’arrêté préfectoral de mars 2017 autorisant le confinement définitif a été annulé le 15 octobre 2021 par la cour administrative d’appel de Nancy, saisie par les partisans du déstockage. « L’unique motif » du jugement, l’absence de garanties financières de l’Etat à sa filiale MDPA pour couvrir la réalisation des travaux, a été résorbé par la loi de finances 2022 « qui apporte cette garantie à hauteur de 160 millions d’euros jusqu’en 2030 », a rappelé Mme Schumpp.
Un nouveau dossier doit être déposé d’ici à la fin mai
Les travaux à venir se déroulent selon l’arrêté consécutif du 28 janvier 2022 : celui-ci met en demeure les MDPA de déposer un nouveau dossier d’ici à la fin mai pour l’autorisation d'un stockage illimité et leur prescrit en parallèle les mesures conservatoires, sans que celles-ci puissent compromettre la possibilité d’un déstockage ultérieur.
Entre la mi-mai 2022 et l’été 2023, ils créeront six barrages, sur les 12 prévus en cas de confinement définitif, par l’injection de plusieurs sortes de béton, « dont un spécifique saturé en sel pour une étanchéité maximale et la compatibilité avec l’environnement particulier de travail », a précisé Philippe Gillet, directeur du chantier chez Bouygues. Ils incluent le remblayage du « bloc 15 » où s’était produit l’incendie, trois ans seulement après le démarrage de Stocamine. Le centre renfermait alors 44.000 tonnes de déchets : résidus d’incinération, déchets amiantés, chrome, arsenic… Les plus dangereux, ceux contenant du mercure, ont été pour la plupart retirés depuis.
« Ce prochain chantier, c’est de la haute technicité, conçue pour sécuriser les opérations », a réagi le maire de Wittelsheim Yvan Goepfert. Stocamine est toujours par ailleurs l’objet d’une enquête pénale du pôle régional environnement du parquet de Strasbourg, concernant la nature exacte des déchets enfouis. L’incendie de 2002 s’était déclaré dans une des chambres de stockage, le bloc 15, et avait mis deux mois à être complètement éteint. Pourtant, la réglementation interdisait normalement d’entreposer tout « produit inflammable » sur le site.