Occitanie : Trois choses à savoir sur les pesticides dans l’air que vous respirez
POLLUTION•En Occitanie, l’observatoire régional de l’air a mesuré pendant un an les pesticides dans l’air de cinq sites. Avec des résultats parfois étonnants mais pas alarmants selon l’Agence régionale de SantéHélène Ménal
L'essentiel
- Selon une étude de l’Observatoire régional de l’air, la présence des pesticides dans l’air a augmenté en 2019-2020, notamment en raison d’un printemps chaud et humide propice au développement de maladies sur les cultures.
- Le Lindane, un insecticide interdit à la vente il y a plus de vingt ans, est toujours très présent.
- Cette année, les spécialistes vont tenter de quantifier les perturbateurs endocriniens.
La pollution de l’air est selon les spécialistes responsable de 40.000 morts prématurées par an en France. Elle est la deuxième cause de décès évitable derrière le tabac et devant l’alcool. Et si l’on croule sur les indicateurs de CO2 ou de dioxyde d’azote, concernant les pesticides, il n’existe pour l’heure aucune réglementation nationale ou européenne sur leur surveillance. Mais en Occitanie, l'Observatoire régional de l'air (Atmo Occitanie) a pris l’habitude depuis plusieurs années de les détecter et de les quantifier sur plusieurs sites, dont la localisation exacte est tenue secrète et où les cultures sont très différentes : dans le Lauragais dominé par les grands champs de céréales, dans le Tarn-et-Garonne fief de l’arboriculture mais aussi des grandes cultures, dans deux coins viticoles de l’Aude et du Gard, et sur un site des Pyrénées-Orientales où les vergers côtoient des vignes. Cette année, faute de moyens, il n’y a pas de site urbain.
Cette enquête annuelle, sur un sujet sensible, n’est « pas destinée à pointer du doigt des responsables », précise Agnès Langevine, la présidente d’Atmo Occitanie, mais à « bancariser les données » pour éventuellement aider les agriculteurs à adapter leurs pratiques.
Des concentrations très liées à la météo et aux cultures
De façon générale, les concentrations en pesticides relevées en Occitanie d’octobre 2020 à septembre 2021 (pour se baser sur le cycle végétal) sont plus élevées que l’année précédente. Pour Dominique Tilak, la directrice d’Atmo, il faut ne rechercher la cause « un printemps particulièrement chaud et humide », propice au développement des champignons dans les vignes et des mauvaises herbes ailleurs.
Sur les 86 molécules recherchées, 27 ont été détectées : 11 fongicides, 9 herbicides et 7 insecticides.
La répartition des pesticides est logique : des fongicides en plus grande quantité dans les secteurs viticoles, des herbicides dans les champs de céréales et au-dessus des vergers, un panaché là où les deux types de cultures se côtoient.
Le pesticide de plus répandu en Occitanie (en occurrences et en quantité) est le Folpel, un fongicide utilisé contre les champignons de la vigne comme le mildiou mais aussi contre certaines maladies du blé. L’herbicide pendimethaline, « à large spectre » comme on dirait pour un antibiotique, arrive en deuxième position. Il est utilisé au printemps sur le colza et en automne pour les céréales.
Le lindane, l’invité surprise
En troisième position arrive le lindane. La présence de cet insecticide, le plus détecté en Occitanie, peut paraître incongrue puisqu’il a été interdit à la vente en 1998. « Ce sont des quantités infimes mais fréquentes », explique Dominique Tilak. Il ne faut pas y voir une utilisation pirate de vieux stocks mais une incroyable « rémanence » du lindane, qui se dégrade extrêmement lentement dans l’environnement.
Le tour des perturbateurs endocriniens
Ces données brutes peuvent inquiéter. Mais en dehors du cas de l’Aude viticole, l’exposition aux pesticides en Occitanie reste dans la moyenne des relevés faits dans le reste de l’Hexagone, elle est même inférieure aux terroirs comparables pour le Lauragais. Par ailleurs, si l’inquiétude est naturelle vis-à-vis de molécules chimiques, Catherine Choma, directrice de la santé publique à l’agence régionale de Santé estime qu’il « n’y a pas lieu de s’inquiéter » à ce stade. Par ailleurs, cette année, l’Atmo va lancer une campagne d’évaluations des perturbateurs endocriniens dans l’air, qu’ils soient naturels ou artificiels. Les pesticides sont sur la liste mais aussi par exemple les plastifiants.