Quelle place pour l’écologie au Carnaval de Nice ?

Nice : Quelle est la place de l’écologie au Carnaval ?

ENVIRONNEMENTL’un des dix-sept chars du Carnaval de Nice dénonce la pollution et ses conséquences pour la planète alors que sont projetés des milliers de confettis à chaque manifestation
Nice: Le Carnaval est de retour avec le Roi des animaux
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Pour la 137e édition du Carnaval de Nice, un des chars dénonçait la pollution et ses conséquences sur l’environnement.
  • Au-delà du message de sensibilisation, certains carnavaliers essaient de repenser les matériaux utilisés pour repenser « cette tradition avec la réalité dans laquelle on vit ».
  • Le collectif Nice Plogging défile d’ailleurs avec le char « stop pollution » et a profité de rentrer en contact avec les carnavaliers pour agir à son échelle sur l’impact écologique du Carnaval de Nice.

Le 137e Carnaval de Nice du Roi des animaux touche à sa fin. Pour cette édition, dix-sept chars défilaient lors des corsos illuminés. Et parmi eux, une tortue géante mâchait du plastique avec un message clair : « Stop pollution ». A l’origine de cette structure Nice Festivités, une des entreprises historiques de carnavaliers de Nice dont Cédric Pignataro est le gérant.

« Ce char a été conçu à 50 % par des mégots et des bouchons », affirme-t-il. Sinon, pour une structure classique, ce sont, « en moyenne, parce que c’est aléatoire », 1 t de métal pour l’armature, 100 m2 de tissus et entre 50 et 100 m3 de polystyrène. Des matériaux qui permettent de répondre « aux contraintes de délai et de financements ».

Que deviennent les chars après la fin du Carnaval ?

Par « manque de place », les petites pièces, à mono usage, sont détruites si elles ne sont pas revendues ou louées pour d’autres carnavals du monde. « Tout ce qui est extérieur [papier, polyester, résine, polystyrène] part à la déchetterie pour être recyclé. L’acier, la motorisation ou les vérins, ce qui est récupérable, est réutilisé », assure la municipalité. Les grosses têtes sont, elles, récupérées par la ville pour être redistribuées aux commerçants l’année d’après.

Au-delà du recyclage des chars et de leur (faible) durabilité, le Carnaval et ses corsos sont toujours accompagnés de la projection, par et vers le public, de milliers de confettis et serpentins. Conséquences ? Après le premier week-end de festivités et une journée de mauvais temps, la laisse de mer n’était composée que de ces petits bouts de papiers et de billes de polystyrène.

Des fleurs à la place des confettis ?

« C’est toute la problématique d’aujourd’hui, entre tradition et modernité, admet le carnavalier. La révolution ne peut pas se faire du jour au lendemain mais on prend conscience de l’impact et des responsabilités qu’on a. En participant à une manifestation d’une telle ampleur, on peut aussi sensibiliser un public sur un thème important ». Il a alors convié le collectif Nice Plogging, qui fait du ramassage de déchets, à accompagner ce corso.

« On a réussi à faire en sorte qu’aucun confetti ne soit jeté de la structure, c’était complètement contradictoire avec notre message », indique Mathieu Perino, bénévole dans l’organisme, qui ne s’arrêtera pas à cette « première victoire ». « On sait qu’il y a des carnavals en Italie qui arrivent à concilier la tradition et le respect de l’environnement. Pour les confettis, on peut faire quelque chose dès la prochaine édition en utilisant des fleurs séchées ou celles qui sont destinées à être jetées par exemple. C’est réalisable, on fera tout pour. On ne fait pas la morale mais on montre l’exemple. Et je sais que certains carnavaliers ont cette volonté d’être plus écoresponsables. La fête n’est pas incompatible avec l’écologie ».

Les pistes de progression de la part de la mairie

De son côté, la mairie de Nice réfléchit aussi à réduire son impact écologie. Dans « ses pistes de progression pour les années à venir », elle envisage des « confettis bio dégradables dans des sacs en papier, des tests de plateformes électriques avec bio carburant et de l’huile biodégradable » mais aussi un « programme avec QR code pour éviter la diffusion de papier ».

Actuellement, la municipalité souligne que « la démarche écologique a été amorcée avec les carnavaliers ». Notamment en demandant « aux carnavliers d’utiliser des projecteurs à faible consommation (Type LED), de matériaux biodégradables ou à classification environnementales, au recyclage et récupération de matériaux et matériels en vue de leur réutilisation. » La ville de Nice exige également « de limiter la consommation de produits plastique à usage unique, de réduire les quantités d’emballage des produits, de privilégier les produits et textures recyclables dans la confection des chars. »

Interrogée sur l’impact écologique de la manifestation, Juliette Chesnel-Le Roux, élue EELV à la mairie de Nice répond que « le groupe n’est pas radical et n’a pas la volonté d’interdire le Carnaval ou de supprimer les confettis parce qu’ils pollueraient ». Les préoccupations des écolos sont alors à l’accessibilité de l’événement. « Le seul aspect qu’on remet en question du Carnaval, c’est que ce soit une fête populaire. Elle n’a rien de populaire telle qu’elle est aujourd’hui, avec des barricades, des murs et où les gens sont parqués entre des barrières. »