MOBILISATIONUn grand tour de France pour mettre les jeunes au cœur de la présidentielle

Présidentielle 2022 : Un tour de France de 3.000 km pour remettre l'écologie et la justice sociale au cœur du débat

MOBILISATIONCe dimanche s’élancera, depuis Paris, le Relais Jeunes, une grande marche. Au programme : 3.000 km, vingt villes étapes et l’espoir, tout au long du chemin de remettre au centre du débat les préoccupations de la jeunesse
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • «On est tous terrifiés par cette campagne présidentielle qui se désintéresse de la jeunesse et de son avenir », pointe Sasha De Laage. Partant de ce constat, avec une dizaine d’amis, il a lancé le Relais Jeunes, grand tour de France qui commence lundi.
  • Au programme : 3.000 km et vingt villes étapes avant de boucler la boucle le 10 juin à Paris. Entre-temps, des conférences, des débats, des fresques du climat, des visites qu’ils organisent avec l’appui d’une cinquante d’associations de la jeunesse partenaires.
  • L’idée ? Recentrer, partout où la caravane passe, le débat politique sur les enjeux les plus concernant pour la jeunesse. « Soit l’écologie, les inégalités sociales et la crise de la démocratie », ciblent les organisateurs.

Le départ est prévu à 12h*, ce dimanche, depuis l’Académie du climat, un lieu participatif dédié aux jeunes installé dans l’ancienne mairie du 4e arrondissement de la capitale. De là, il s’agira de rejoindre à vélo Rouen, pour une arrivée le 24 février, d’y faire une halte de deux jours, et de reprendre la route, toujours en pédalant. Direction cette fois-ci Amiens.

Pendant un peu plus de trois mois, le Relais Jeunes, une grande mobilisation lancée par une dizaine d’amis et co-construite avec une cinquantaine d’associations partenaires, prévoit ainsi de passer par vingt villes-étapes et parcourir à vélo et à pied 3.000 km à travers la France. Jusqu’à boucler la boucle à Paris, le 10 juin. « Nous serons à la veille du premier tour des élections législatives », rappelle Lou Garcia, membre du pôle partenariat du Relais Jeunes.

« Terrifiés par cette campagne présidentielle qui se désintéresse de la jeunesse »

Le but de ce relais est de « redonner la parole aux jeunesses, absentes des considérations politiques », clame la dizaine d’organisateurs. « On est tous terrifiés par cette campagne présidentielle qui se désintéresse de la jeunesse et de son avenir », glisse Sasha De Laage.

Plus précisément, le fondateur du Relais Jeunes fait le constat « d’une triple crise en France ». Ecologique déjà, le collectif renvoyant aux différents rapports du Giec montrant que la façon dont nous habitons la planète n’est pas durable. « Mais sociale aussi, embraye Sasha De Laage. Les inégalités se sont creusées comme jamais auparavant, [notamment] pendant la crise du Covid, en France. »

Une triple crise

Il cite alors le rapport d’Oxfam de janvier 2021 , qui calculait que les milliardaires français se sont enrichis de 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, soit l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public. Dans le même temps, un million de Français ont potentiellement basculé dans la pauvreté selon les associations caritatives, pointait ce même rapport.

« Enfin, la crise est aussi démocratique avec des records d’abstention aux dernières élections, en particulier chez les jeunes », poursuit Sasha De Laage, qui l’explique notamment par le fait que, « depuis des décennies, nos représentants sont élus sur des programmes qu’ils ne tiennent presque jamais ». « En résulte un manque de confiance absolu à leur égard, en particulier au sein de la jeunesse », poursuit-il.

Ce sont ces trois enjeux que le Relais Jeunes espère remettre au centre du débat politique là où il passe. Sans interagir directement avec des candidats ou leurs équipes de campagne, précisent les organisateurs. « L’idée est justement de se réapproprier ce débat en sortant du jeu politique traditionnel avec ses logiques partisanes et court-termistes », insiste Sasha De Laage.

Aller à la rencontre des jeunesses locales

C’est vers la cinquantaine d’associations locales de la jeunesse que se sont tournés les organisateurs du Relais Jeunes. Dans chaque ville-étape, des comités se sont montés pour mettre au point un programme d’événements articulés autour de conférences, de fresques du climat, de visites, de concerts et de rencontres.

Avec à chaque fois, en fil rouge, une thématique choisie. Le focus sera ainsi fait sur la santé et l’écoanxiété à Montpellier (étape du 22 au 25 avril), les migrations et la solidarité à Lille (3 au 7 mars), la mobilité à Aix-en-Provence (6-8 avril), la biodiversité à Grenoble (31 mars au 2 avril), l’emploi et la transition écologique à Amiens (28 février au 2 mars).

Il y aura tout de même des points communs entre toutes ces étapes. « Elles commenceront notamment par la lecture du manifeste que nous avons rédigé et que nous transporteront pendant le voyage, enroulé dans un témoin en bois à la manière d’une course en relais », expliquent les organisateurs. Ce manifeste n’est pas un plaidoyer « mais plus une tribune ouverte de jeunes qui ne se retrouvent plus dans un récit collectif à bout de souffle, précise Sasha De Laage. L’idée est d’obtenir un maximum de signatures, à la fois sur place, dans chacune des villes, mais aussi en ligne, sur notre site Internet, où ce manifeste est aussi publié. »

@RelaisJeunes
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« Montrer qu’on n’est pas seulement angoissé mais aussi plein d’énergie »

C’est aussi un autre objectif que vise ce Relais Jeunes. Une étude, parue dans The Lancet l’automne dernie, arrivait au constat que 75 % des 10.000 jeunes interrogés disaient trouver le futur effrayant, notamment au regard de la crise climatique. « On veut montrer, avec cette grande mobilisation, que notre génération n’est pas seulement angoissée, mais aussi pleine d’énergie et animée par l’envie de changer les choses », insiste Elisa Alameda, autre membre de l’équipe organisatrice de cette grande marche.

Sur ces plus de trois mois sur les routes, le Relais Jeunes espère rencontrer et se faire rencontrer au moins 20.000 jeunes. « Pas seulement dans les villes étapes d’ailleurs », insiste Sasha De Laage, pour rappeler qu’il est tout à fait possible de se mêler à la dizaine d’organisateurs du Relais Jeunes pour pédaler et marcher entre les villes.

« Il suffit pour cela de s’inscrire sur le site du Relais Jeunes, si possible 48 heures avant, indique Pierre Taieb, qui sera de toutes les étapes. C’est gratuit, on demandera juste une participation aux frais pour ceux qui souhaitent être logés et nourris » Et il n’y a pas de crainte à avoir d’être lâché par le peloton… « Tout le monde pourra participer, quel que soit son niveau sportif, rassure Pierre Taieb. On fera, au maximum, quatre heures de vélo par jour ».

*Les organisateurs du Relais Jeunes donnent rendez-vous dès 10h ce dimanche à l’Académie du climat pour un petit-déjeuner à prix libre suivi de deux heures d’animations avant le grand départ à 12h.