MOBILITEMétropoles, villes moyennes… Quelles sont les villes les plus cyclables ?

Vélo : Les grandes métropoles à la pointe, les villes moyennes et de banlieues à la traîne ?

MOBILITELa Fédération des usagers de la bicyclette publie ce jeudi soir les résultats de la troisième édition du baromètre des villes cyclables
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Quelle est la cyclabilité de votre ville ou de celles où vous avez l’habitude de pédaler ? C’est la question posée par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) pour la troisième édition de son baromètre des villes cyclables.
  • Avec un record de tombé : celui du nombre de contributions reçues : 277.000, plus de 100.000 de plus qu’en 2019. Et un résultat clé : Sur le ressenti général, 64 % des répondants trouvent que les conditions pour l’usage du vélo sont mauvaises.
  • Les 38 villes de plus de 100.000 habitants sont celles qui s’en sortent le mieux, quand les villes de banlieue et les villes moyennes apparaissent à la traîne.

Ressenti général, sécurité, confort, effort de la commune, stationnement et services vélo… Du 14 septembre au 30 novembre,la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) a demandé aux Français habitués aux déplacements à vélo d’évaluer la cyclabilité de leur ville ou de celles où ils ont l’habitude de pédaler. « Comptez dix minutes de votre temps », prévenait la FUB qui avait déjà réalisé deux premières éditions de ce baromètre des villes cyclables, en 2017 et 2019.

« Nous avions eu 117.000 réponses en 2017, 175.000 en 2019 », rappelle Séraphin Elie, secrétaire général de la fédération. Ce troisième palmarès, dont la FUB dévoile ce jeudi les résultats à Tours où elle tient son congrès annuel​, a fait bien mieux encore, avec 277.384 réponses obtenues. Mais plus que le nombre de contributions, c’est sur la diversité des origines géographiques des participants que Séraphin Elie attire l’attention. « Avec une explosion de la participation dans les petites villes et les territoires plus ruraux », se félicite-t-il.

Des conditions pour l’usage du vélo encore mauvaises pour 64 % des répondants

Résultat : le nombre de villes classées dans le palmarès augmente fortement, sachant que n’y apparaissent que celles pour lesquelles il y a eu plus de 50 contributions. De 784 en 2019, on passe à 1.625 cette année. De la catégorie des grandes villes à celle des bourgs et villages, en passant par les villes moyennes, les petites villes et celles de banlieue, comme la FUB a choisi de les classer. Toutes sont notées sur six puis catégorisées sur une échelle qui va de A + (« climat vélo excellent ») à G (« climat vélo très défavorable »).

D’une certaine façon alors, ces 227.000 contributions traduisent le changement de braquet du vélo ces dernières années, mais font aussi de ce troisième baromètre une photographie précise des besoins et des attentes des usages de la bicyclette en France. Sur le ressenti général, 64 % des répondants trouvent que les conditions pour l’usage du vélo sont mauvaises, quand 47,8 % estiment qu’elles sont restées identiques ces deux dernières années, 36,5 pensent qu’elles se sont améliorées et 15,8 % dégradées. Comme les deux premières éditions, c’est sur la question de la sécurisation des déplacements à vélo que les villes obtiennent les plus mauvaises notes. La moyenne est à 2,80 et tombe même à 2,75 si on ne tient compte que des contributions des femmes (46 % des 227.384 répondants).

Les grandes villes « têtes de gondole du développement vélo »

Les grandes villes – les 38 communes de plus de 100.000 habitants- constituent la catégorie la mieux notée du baromètre. La FUB les décrit comme « les têtes de gondole du développement vélo », « notamment grâce à la mise en service progressive de réseaux cyclables de plus en plus qualitatifs et la multiplication des services vélo ». Leurs notes moyennes sont en forte progression sur la thématique clé de la sécurité (+ 8 % par rapport à 2019), mais aussi sur les efforts déployés (+13 %) et le ressenti général (+4 %). Séraphin Elie ne décrit pas pour autant ces 38 grandes villes comme un groupe homogène. « Elles ont toutes commencé à agir, ne serait-ce parce qu'elles y sont obligées, commence-t-il. Mais si un peloton de tête se dégage [Grenoble (classé B), Strasbourg (B) et Rennes (C) forment le podium], d’autres en revanche sont à la traîne. » C’est le cas de Nice, Perpignan, Toulon, Nîmes, Amiens et Limoges classés F… Et surtout de Marseille qui écope d’un F.



Un manque de volonté politique dans les villes moyennes ?

Mais c’est dans les villes moyennes (entre 15.000 et 100.000 habitants) qu’il y aurait le plus à faire. Ces deux catégories sont en tout cas les moins bien notées du baromètre. « Seuls les services et stationnement semblent y être partiellement reconnus », glisse la FUB à propos des villes moyennes, catégorie la plus mal notée de toutes même si des villes comme La Rochelle (B), Bourg-en-Bresse (C) et Chambéry (C) parviennent à sortir du lot. Mais, globalement, cette catégorie pèche par un manque de sécurité (note moyenne de 2,55), et de confort.

« Sur ces villes moyennes, on constate surtout un retard politique, analyse Séraphin Elie. Elles ont souvent du mal à se positionner entre être une petite métropole ou un grand village. Bien souvent, pourtant, elles se rapprochent de la première configuration, dans la mesure où elles rayonnent sur un territoire et doivent faire face à des problématiques qu’ont des grandes villes même si de plus faibles ampleurs. Que ce soit la congestion automobile ou la pollution de l’air. » Bref, pour la FUB, ces villes moyennes qui ne l’ont pas fait encore auraient tout intérêt à se doter d’une vraie politique vélo.

Les banlieues dans l’ombre de leurs villes centres ?

Tout comme les villes de banlieues ? C’est l’autre partie mal classée de ce troisième baromètre des villes cyclables. La FUB range dans cette catégorie les communes faisant partie de l’aire d’attraction d’une grande ville. Au point d’être dans leurs ombres ? « C’est souvent le problème, confirme Séraphin Elie. Ces communes n’ont pas toujours la maîtrise de toutes les compétences de leur territoire sur la mobilité. Mais elles subissent aussi bien souvent un système dominé par l’automobile, notamment parce qu’elles sont séparées de leurs villes centres par des axes autoroutiers, des zones d’activités commerciales. » Il en résulte alors des coupures urbaines, pas facile à traiter et qui rendent les trajets à vélo dangereux. On en revient à la sécurité, critère numéro 1 qui peut dissuader un potentiel cycliste à se mettre en selle quand il n’est pas assuré.

La FUB espère tout de même que les communes urbaines soient tirées vers le haut par les villes centres. « Souvent, ce sont ces dernières qui donnent le « là » politiquement, au sein de l’agglomération et ensuite les aménagements se diffusent sur le reste du territoire, remarque Séraphin Elie qui cite notamment la métropole rennaise et son « Réseau express vélo », 104 km de liaisons sécurisées et continues qui doivent relier Rennes et les quinze communes de sa première couronne. « Ce réseau doit être achevé vers 2024 », reprend le secrétaire général de la FUB qui espère donc que ça se traduira par une progression des communes concernées (qui ne s’en sortent déjà pas si mal) au prochain baromètre des villes cyclables.

Quoi qu’il en soit, les villes de banlieues n’ont pas besoin d’attendre leurs villes centres pour développer leur propre système vélo, rappelle la FUB. La preuve avec Saint-Aubin-de-Médoc, classée A + dans le troisième baromètre des villes cyclables… quand Bordeaux, sa ville centre, n’est que « D ».

Sécuriser les déplacements, le grand axe à prioriser

Dans la foulée de ce baromètre des villes cyclables et de son congrès de Tours, la FUB publiera un livre blanc, le 15 février, « qui clarifiera nos positions politiques sur le vélo et interpellera les candidats à la présidentielle », précise Thibault Quéré, responsable du plaidoyer de la FUB.

Un axe fort de ce document portera sur l’enjeu de la sécurisation des déplacements à vélo, la priorité qui se dégage des 277.000 contributions. L’enjeu n’est pas seulement d’aligner les kilomètres de pistes cyclables pour la FUB qui plaise pour une prise en compte des enjeux vélo dans l’aménagement urbain global des villes. « Cela passe par des aménagements sécurisés et continus là où ils sont nécessaires, c’est-à-dire le long des grands axes routiers où le trafic est inévitable, détaille Séraphin Elie. Mais ailleurs, ça peut passer par des plans de circulation qui limitent le trafic motorisé et en réduisent la vitesse. » « Le trafic motorisé est la cause principale du ressenti d’insécurité », rappelle le secrétaire général de la FUB.