COSMETIQUEChanel s’implante de plus en plus dans la flore locale des Alpes-Maritimes

Alpes-Maritimes : Chanel s’implante de plus en plus dans la flore locale

COSMETIQUEEn dix ans de collaboration, l’association locale Biophyto a fourni une cinquantaine d’échantillons d’espèces florales à Chanel dont la Solidage
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Depuis plus de 30 ans et l’intégration de la culture des fleurs à parfums à Pégomas, les Alpes-Maritimes font partie du « berceau des engagements » de Chanel.
  • La partie Recherche de la marque en partenariat avec l’association locale Biophyto travaille depuis 2011 sur les espèces de fleurs sauvages médicinales.
  • C’est ainsi que la fleur sauvage Solidage, dont les extraits se retrouvent dans les produits Sublimage, a été trouvée puis mise en exploitation pour permettre sa préservation.
  • D’autres projets sont en cours, notamment la création d’un jardin-conservatoire qui présentera des plantes sélectionnées par Chanel, des plantes florales et comestibles.

Pour avoir une peau qui « gagne en densité et éclatante », les produits Sublimage de Chanel proposent une formule avec extrait de Solidage. « Une plante sauvage réacclimatée par la Recherche de Chanel dans un laboratoire à ciel ouvert au sud des Alpes françaises », écrit la marque sur son site où la crème de 40 ml est vendue 405 euros.

Ce « laboratoire à ciel ouvert » se situe plus précisément dans la vallée de la Tinée, dans les montagnes du Mercantour (Alpes-Maritimes), « qui regroupent 70 % de la flore française ». Depuis 2014, la marque collabore avec Déborah Courron, agricultrice à Saint-Vallier-de-Thiey, au-dessus de Grasse, qui est devenue la pionnière dans la culture de la Solidage et de l’Anthyllis, ces plantes médicinales sauvages aux vertus cosmétiques utilisées par la marque. Elles font partie de la cinquantaine d’espèces sur lesquelles l’association locale Biophyto, qui travaille avec l’université́ de Nice et le laboratoire de chimie des molécules bio actives de la faculté́ des sciences, et la recherche de Chanel ont travaillé depuis 2011.

Un jardin pour préserver et transmettre

« Les Alpes-Maritimes sont le berceau de nos engagements sur nos filières intégrées depuis plus de 30 ans maintenant », détaille la maison de parfum. C’est dans cette lignée que d’autres projets fleurissent et que la marque a tenu à « s’impliquer dans la création d’un lieu unique en son genre : le conservatoire d’Isola ».

Le but de ce projet est d’avoir « un endroit avec une quarantaine de variétés de châtaigniers et une cinquantaine de plantes sauvages pour permettre la préservation de ces espèces », détaille Jean-Paul Blanc, qui, avec son association AFA (Agence foncière agricole de la châtaigneraie), imaginait ce jardin depuis plusieurs années.

« C’est né de la volonté de Chanel qui voulait faire de la sensibilisation grand public à travers un jardin pédagogique. On ne protège bien que ce qu’on ne connaît bien ! », affirme Jean-Paul Gherardi, le président de Biophyto qui a pour but la valorisation et la préservation des plantes sauvages et médicinales et qui a mis en relation les protagonistes. La marque a alors également investi dans un terrain de 2 ha pour créer le « conservatoire de châtaigniers » qui viennent de la région et de l’Italie.

« Il n’y a pas que le ski à Isola »

Pourquoi le châtaignier ? Car, « il fait partie de l’histoire et du patrimoine de la vallée de la Tinée. Isola est la commune de référence dans cette culture pour le département », précise le président de l’AFA. Ainsi, dans le futur jardin de 8.000 m2, des visites seront prévues pour les écoles mais aussi pour les touristes. « Ce lieu pourra aussi devenir un outil intéressant pour les accompagnateurs en montagne. L’idée est de faire connaître ce que les gens ont à côté d’eux, surtout quand il s’agit de cette richesse liée à la flore alpine ».

Chanel commence alors à « vraiment entrer dans le paysage du village », comme le dit Jean-Paul Gherardi. Mylène Agnelli, maire de la commune, est fière de présenter au cœur d’Isola, « ce sanctuaire naturel ». « C’est une façon aussi de faire connaître notre patrimoine rare. De cette manière, on montre aussi qu’il n’y a pas que le ski à Isola », déclare-t-elle. Elle ajoute : « De manière assez discrète, Chanel aide à la préservation de la biodiversité maralpine depuis plusieurs années, on l’a vu avec l’exploitation de la Solidage en permettant de créer leurs produits sans nuire à la réserve naturelle. Et maintenant, avec le financement d’une partie du projet du jardin. Les engagements prendront alors vraiment toute leur ampleur au moment de l’ouverture. »

Le projet du jardin-conservatoire, qui a été élaboré en 2019, « officialisé en 2020 ne verra le jour qu’en 2023 », lâche Jean-Paul Blanc. L’inauguration initiale était prévue au printemps.