Rennes : Comment des photos prises de l’espace aident les villes à lutter contre le réchauffement climatique
NATURE•La start-up rennaise Kermap propose des vues aériennes pour poser un diagnostic de la présence de la natureCamille Allain
L'essentiel
- Face aux besoins des villes de verdir leur territoire, la start-up rennaise Kermap propose des diagnostics précis.
- La société se base sur des photos prises par des satellites afin de donner une carte postale de la végétalisation d’un territoire.
- La lutte contre le réchauffement climatique, notamment en milieu urbain, passera par plus de nature en ville.
«La ville la plus verte de France ». Voilà un titre dont rêvent sans doute les maires de toutes les communes françaises. Confrontées au réchauffement climatique, les collectivités de l’hexagone cherchent à se « verdir » tout en densifiant leur cœur de ville pour ne pas grignoter le foncier agricole. Une équation pas simple à réaliser qui passe souvent par une première étape cruciale : le diagnostic. Une opération complexe tant elle intègre un nombre important de paramètres. Pour faciliter la tâche des élus, la start-up Kermap a mis au point un ingénieux système. En se basant sur les images prises de l’espace, la société rennaise est capable de dresser un tableau très précis des espaces verts qui couvrent une ville, une métropole, un département, voire une région.
Sur ces clichés réalisés à près de 800 kilomètres de la Terre par les satellites d’Airbus, les images laissent apparaître des détails bluffants. « On voit facilement les arbres, les passages piétons. Les images sont très précises », glisse Antoine Lefebvre. Le PDG de Kermap sait de quoi il parle. Ce doctorant a longtemps travaillé pour le Centre national d’études spatiales (CNES). C’est à Lille, où il a rencontré son associé Nicolas Beaugendre que l’idée a germé de créer une start-up. « On sentait que les villes avaient besoin d’informations sur la situation de leur végétalisation. La question devient centrale, on l’a vu aux municipales mais le diagnostic est difficile à poser. Sur le terrain, les municipalités ne peuvent pas explorer les terrains privés. Les images satellites fournissent des données stratégiques », explique Nicolas Beaugendre.
Pour montrer son savoir-faire, Kermap avait publié en 2019 un baromètre des villes françaises les plus vertes. Dans la catégorie métropole, c’est Nice qui régalait avec 26 % de sa surface qui est arborée, soit plus de deux fois plus que Bordeaux. Rennes se classait 5e, juste devant Paris. « Cela dépend souvent de l’histoire. Les villes plus anciennes n’ont pas été pensées pour être arborées », précise Antoine Lefebvre. La start-up rennaise, qui fait désormais travailler près de 20 personnes, vient de dévoiler un nouvel outil baptisé Klover, capable de comparer la présence de la nature dans 24 métropoles du monde. Un baromètre qui doit permettre de dresser un constat clair de l’impact du changement climatique dans des villes bien différentes comme Auckland, Zurich, New Delhi ou New York. « Nous ne sommes pas là pour dire qu’il faut planter des arbres ici ou là. Mais on apporte une solution simple aux villes en leur montrant l’impact du réchauffement climatique sur leur territoire », poursuit Nicolas Beaugendre. A Montréal, l’année 2021 a été marquée par un écart de température de +1,68 degré. Alors même qu’elle fait partie des métropoles les plus vertes du monde.
L’impact de la végétation dans la lutte contre le réchauffement climatique n’est plus à prouver. A Rennes, des écarts de température allant jusqu’à six degrés ont été enregistrés entre le cœur de ville minéral et les sauvages prairies Saint-Martin. Pour mieux lutter, la métropole bretonne a fait appel aux services de Kermap. Depuis sa création en 2017, la start-up séduit de plus en plus de territoires, surtout en France. Elle aimerait désormais convaincre des villes du monde entier de lui faire confiance. Parce que tout le monde est concerné.