Lot : Des « écuroducs » pour que les écureuils évitent de se faire écraser
BIODIVERSITE•Pour éviter les collisions sur les routes, l’un des principaux facteurs de mortalité de l’écureuil roux, des « écuroducs » sont installés cette semaine dans le département du LotBéatrice Colin
L'essentiel
- Dans le Lot, les membres de la LPO ont recensé des zones de forte mortalité des écureuils, victimes de collision avec des voitures lors de leur traversée des routes.
- Pour éviter ces collisions fatales, deux « écuroducs », des passerelles aériennes, sont installés sur les départementales où il y a eu le plus d’incidents.
- Ce système, déployé par l’association Cohab', permet de recréer des corridors écologiques.
Ils aiment déambuler d’arbre en arbre, mais sont parfois contraints de traverser les routes, ce qui peut parfois leur être fatal. Comme pour les crapauds ou les hérissons, il arrive fréquemment de croiser en bord de route des écureuils écrasés. Des collisions plus fréquentes aux abords des bois où ils aiment gambader. Pour préserver ces petits rongeurs, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) du Lot, qui travaille sur la faune sauvage, a décidé d’installer sur deux routes du département des « écuroducs ».
A l’instar des crapauducs, qui permettent aux amphibiens de rallier via une buse leur zone de reproduction, des installations aériennes vont voir le jour cette semaine sur les communes de Cajarc et Saint-Géry-Vers à destination des écureuils roux mais aussi de la genette.
« Les écureuils roux ont besoin de beaucoup se déplacer. Lorsqu’ils grandissent, les petits sont expulsés du territoire par leurs parents et doivent explorer d’autres sites. Or, leur habitat est fragmenté par la présence des routes, des milieux ouverts où ils sont à découvert, d’où l’intérêt d’installer ces dispositifs, une sorte de corde élastique tendue entre deux arbres qui va recréer un passage », explique Stéphanie Plaga-Lemanski, en charge de ce projet pour la LPO.
Ce chemin aérien, installé à plus de 6,50 mètres du sol est adapté à la circulation des véhicules qui passent en dessous. Il a déjà fait ses preuves à Nancy en milieu urbain mais aussi dans l’Hérault, où ils ont été installés par l’association Cohab' il y a quelques années. C’est elle qui se chargera de mettre en place les « écuroducs » du Lot, après en avoir implanté un mardi dans l’Aude.
Un fil comme ceux utilisés pour le saut à l’élastique
Les fondatrices de cette organisation ont décidé de se spécialiser dans ce type de dispositif après avoir créé un centre de soins de la faune sauvage. « Nous nous sommes aperçues que cette problématique était de plus en plus récurrente, que nous empiétons de plus en plus sur le domaine sauvage des animaux », explique l’une d’elles, Maëlle Kermabon qui s’est formée à la grimpe d’arbres.
Après avoir testé une première corde lestée, elles ont développé un système de fil de 33 mm de diamètre, à l’image de ceux utilisés pour le saut à l’élastique, plus sécurisé pour les écureuils, les automobilistes mais aussi les arbres sur lesquels il est attaché qui ne sont pas contraints lorsqu’il y a du vent. Ce passage, résistant aux UV et intempéries, est équipé de mangeoires, pour inciter les écureuils à l’emprunter. « Nous enduisons aussi l’écuroduc d’huile de noix, ce qui sent très fort, ce qui les attire et permet de recréer une continuité écologique », poursuit la cofondatrice de Cohab' qui installe aussi des appareils photos qui se déclenchent à chaque passage.
Des instruments qui permettent de récupérer aussi des données sur la façon dont fonctionne le système, sur son efficacité et son positionnement. Avant chaque installation, un recensement des collisions au sol est réalisé. Mais si l’endroit est trop à découvert, ou la route trop passante, cela peut effrayer les écureuils. D’où l’intérêt d’assurer le suivi de ces équipements qui contribuent au maintien de la biodiversité.