ENERGIEFace à la flambée du gazole, Barbara Pompili vante la mobilité électrique

Bretagne : Face à la flambée des carburants, Barbara Pompili vante la conversion à l’électrique

ENERGIEDes bornes de recharge innovantes ont été inaugurées en grande pompe ce vendredi à Vezin-le-Coquet, près de Rennes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • La ministre de la Transition énergétique Barbara Pompili a inauguré une station de recharge innovante ce vendredi près de Rennes.
  • L’Etat souhaite encourager l’achat de véhicules plus propres en maintenant ses primes et en maillant le territoire de bornes de recharge.
  • La Bretagne mise beaucoup sur ces bornes branchées sur batterie afin de pouvoir soulager son réseau parfois sous tension.

«J’ai regardé dans les archives. La dernière fois qu’un ministre est venu à Vezin-le-Coquet, c’était en 1742 ». Le maire de Vezin René-François Houssin a mis fin à cette disette ce vendredi en accueillant en grande pompe Barbara Pompili dans sa petite commune située à deux pas de Rennes. Entourée d’un impressionnant parterre de costumes sombres et de la veste de pluie rouge de Jean-Louis Borloo, la ministre de la Transition énergétique est venue inaugurer une borne de recharge rapide pour véhicules électriques installée au bord d’une route déserte, entre un champ de maïs et des herbages.

La raison de ce déplacement ministériel se trouvait à quelques mètres de la fameuse station, dans un caisson électrique beige clair. Cette immense batterie imaginée par l’entreprise NW Groupe sert en fait d’alimentation aux bornes de recharge situées juste à côté. L’objectif est simple : éviter de pomper de l’électricité sur le réseau au moment où ce dernier est déjà sous tension. Tout sauf anecdotique dans une région qui lutte depuis des années pour gagner en indépendance énergétique.

« La dépendance au pétrole nous met droit dans le mur »

Pour la ministre de la Transition énergétique, cette visite de terrain tombe à pic. Alors que le prix de l’essence et du gazole ont flambé, Barbara Pompili veut rappeler « la nécessité » pour les citoyens français de réfléchir aux véhicules hybrides rechargeables ou électriques. « La dépendance au pétrole nous met droit dans le mur. Pour beaucoup de Français, la question du passage à l’électrique suscitait des inquiétudes de ne pas trouver une borne de recharge. Il faut qu’on leur montre qu’il y en aura partout. Pas seulement sur les aires d’autoroutes ou dans les villes, mais aussi en zone rurale », argumente la ministre. La hausse du prix de l’électricité ? « Elle sera compensée par l’investissement massif dans les énergies renouvelables. Les seules dont on peut maîtriser le coût », argumente la ministre.

La société française NW Groupe a inauguré sa première borne de recharge rapide pour véhicules électriques le 22 octobre 2021 à Vezin-le-Coquet, près de Rennes.
La société française NW Groupe a inauguré sa première borne de recharge rapide pour véhicules électriques le 22 octobre 2021 à Vezin-le-Coquet, près de Rennes. - C. Allain / 20 Minutes

La France compterait actuellement 47.000 bornes de recharge (en dehors des bornes installées chez les particuliers et en entreprise) et nourrit l’espoir de porter ce chiffre à 100.000 dans les deux années à venir. Au lendemain de l’annonce du maintien de la prime à la conversion et du bonus écologique pour six mois supplémentaires, la ministre a promis que l’ensemble des aires d’autoroutes seraient dotées de bornes d’ici la fin 2023. L’État propose jusqu’à 5.000 euros de prime à la conversion et jusqu’à 6.000 euros de bonus écologique pour l’achat d’un véhicule peu polluant.

Ce vendredi, Barbara Pompili est venue saluer « l’inventivité française » incarnée par le système baptisé IE Charge mis au point par NW Groupe. « Le constat est simple. Si nous voulons que l’électrique progresse, il faut des bornes de recharge rapide. Mais il faut qu’elles soient intelligentes, pour éviter les pics de consommation et la saturation du réseau », explique son PDG Jean-Christophe Kerdelhué. Avec cette première borne inaugurée à Vezin, son entreprise souhaite montrer son savoir-faire. Elle projette d’en lancer 150 autres d’ici la fin 2023 en France, et a déjà signé des contrats pour équiper des pays voisins comme l’Italie, la Finlande ou l’Espagne.

« Ce n’est pas sexy, ça ne se voit pas et c’est complexe »

Installée à deux pas du poste électrique de Belle-Epine, cette batterie nommée J-Box sera capable de stocker l’énergie pour la restituer à n’importe quel moment, sans venir puiser sur le réseau. Cette innovation que l’État souhaite encourager a reçu le soutien de la Bretagne, qui a accepté de financer l’installation de neuf batteries sur son territoire. La raison de ce choix ? La dépendance énergétique de la région, située en périphérie et qui risque le black-out à chaque gros coup de froid. « Cela fait dix ans que nous avons signé le pacte électrique breton. L’un des enjeux, c’est de fabriquer un réseau intelligent capable d’absorber la production des énergies intermittentes. Ce n’est pas sexy, ça ne se voit pas et c’est complexe. Mais c’est indispensable si nous voulons avoir notre souveraineté », avance Loïg Chesnais-Girard (PS), président de la région.