Hérault : Après le violent coup de gel du printemps, ce ne sera que des « micro vendanges »
VIN•La récolte est, sans surprise, en forte chute cette année dans le départementNicolas Bonzom
L'essentiel
- Après l’épisode de gel, au printemps dernier, la récolte devrait être en forte baisse, cette année, dans le département : à la moitié des vendanges, les estimations sont d’environ 2,9 millions d’hectolitres, contre une moyenne de 5 à 5,5 millions.
- C’est même pire que prévu : certaines vignes, qui ne semblaient pas touchées par l’épisode de gel, ont malgré tout souffert du froid, pendant la floraison.
- « Nous allons faire la plus petite récolte que nous n’avons jamais enregistrée depuis l’après-Guerre », déplore Jérôme Despey, président de la Chambre d’agriculture.
Ce ne sont pas des vendanges comme les autres, dans l'Hérault. Dans la nuit du 7 au 8 avril, les vignes ont été ravagées par un froid glacial. Aucune exploitation n’a été épargnée par cet épisode de gel dramatique soudain, que les quelques feux, improvisés par les viticulteurs sur les parcelles, n’ont pas freiné. Cinq mois plus tard, comme la profession s’y attendait, la récolte de raisin est en chute.
Ça tombe mal : cette « catastrophe » déboule après une année marquée par la pandémie, où les restaurateurs et les cafetiers, restés fermés des mois, avaient déjà déserté les carnets de commandes. « Nous allons faire la plus petite récolte que nous n’avons jamais enregistrée depuis l’après-Guerre, déplore Jérôme Despey, le président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault. A la moitié des vendanges, les estimations sont d’environ 2,9 millions d’hectolitres, contre une moyenne de 5 à 5,5 millions. »
Des vignes qui n’étaient pas brûlées par le gel ont souffert du froid
La récolte est même pire que prévu. Car si les vignes qui ont gelé en avril ont, sans surprise, un rendement au plus bas, certaines vignes qui étaient pourtant considérées comme non-gelées, aussi. Environ 30 % d’entre elles sont touchées. « Elles n’ont pas été marquées physiologiquement, elles n’étaient pas brûlées par le gel, mais elles ont quand même souffert du froid, pendant la floraison », poursuit Jérôme Despey.
« Ce sont des "microvendanges", soupire Diane Losfelt, vigneronne au château de l’Engarran, à Lavérune. Nous allons faire moins de 1.000 hectolitres, alors que nous faisons environ 3.300 d’ordinaire. Ce n’est jamais arrivé. Mais il faut du courage, nous gardons le moral. » Alors, dans ce prestigieux domaine, pour éviter de décevoir les gros clients, on bouscule la production. Certaines vignes, destinées à faire du rosé, « sont passées en rouge », confie Diane Losfelt. Ou des plantiers AOC en Pays d’Oc, alors que ce n’était pas au programme. « J’ai également décidé de ne faire aucun des hauts de gamme, car nous avons ce qu’il faut pour tenir et ne pas être en rupture de stock, poursuit cette ingénieure agronome. Nous allons faire des milieux de gamme. Je fais des calculs comme ça tous les jours ! Je suis une vigneronne mathématicienne ! »
Et si cette mini récolte est difficile à assumer pour les plus anciens vignerons, pour les plus jeunes, ça l’est encore plus. « Nous n’avons pas de trésorerie, confie Camille Banton, viticultrice à Castelnau-le-Lez et président des Jeunes agriculteurs de l’Hérault. Et cela fait des années que l’on subit des aléas climatiques, la chaleur, la sécheresse, le gel… D’autant plus que l’on pousse les jeunes à innover, notamment dans le bio. Mais si nous n’avons pas de rentabilité, il est difficile d’amortir les investissements. »