VIE SAUVAGEPourquoi il ne faut pas ramasser les jeunes goélands tombés du nid

Bretagne : Pourquoi il ne faut pas ramasser les jeunes goélands tombés du nid

VIE SAUVAGELa station LPO de L’Île Grande en Bretagne doit faire face à un afflux de goélands juvéniles qui ne sont, pour la plupart, pas en situation de détresse
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • De nombreux particuliers interviennent lorsqu’ils découvrent un oisillon tombé du nid.
  • La Ligue de protection des oiseaux recommande à l’inverse de ne rien faire dans la grande majorité des cas.
  • Car lorsqu’il est au sol, l’oisillon n’est pas forcément en situation de détresse.

La crise sanitaire aura servi d’électrochoc. Jamais sûrement les Français et les Françaises n’ont exprimé une telle envie de se reconnecter à la nature et d’observer la faune et la flore qui les entourent. La station de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de l’Île Grande, située tout près de la réserve des Sept-Îles (Côtes-d’Armor), peut en témoigner. Depuis l’arrivée du printemps, elle est submergée d’appels de particuliers leur signalant la présence de goélands juvéniles dans une rue, un jardin ou un parc. Craignant pour leur survie, beaucoup sont tentés de ramasser ces oisillons tombés du nid et de les rapporter à la station LPO.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Même si l’intention est louable, elle se révèle bien souvent inutile et même contre-productive. Car « ces animaux ne sont pas forcément en détresse », souligne Romain Morinière, directeur de la station. Quelques jours après leur naissance, les jeunes goélands quittent en effet leur nid pour vadrouiller au sol quelques semaines avant de prendre leur envol. N’ayez donc pas peur pour eux car durant cette phase d’émancipation, leurs parents continuent à les alimenter et à les protéger. « C’est le cas pour les goélands mais aussi pour de très nombreuses espèces d’oiseaux », précise Romain Morinière.

Vérifier si l’oiseau est blessé ou s’il y a un danger immédiat

Pour éviter le ramassage intempestif de goélands juvéniles, les équipes de la LPO mènent donc un travail de sensibilisation auprès du grand public. « Quand les gens nous appellent, on essaie tout d’abord d’analyser la situation, souligne le directeur. On cherche à savoir si l’animal est blessé ou s’il y a un danger immédiat pour lui comme la présence d’un prédateur ou d’une route très passante. Dans ce cas, on leur demande de le déplacer de quelques dizaines de mètres ».

Sauf si l’oisillon est blessé, il faut donc le laisser sur le lieu de sa découverte. Mais malgré les messages répétés chaque année, certains particuliers pensant bien faire ramènent quand même des oisillons en parfaite santé au centre de soins de la LPO.

Des oisillons valides prennent la place d’oiseaux blessés

Voilà pourquoi la station de l’Ile Grande sature depuis quelques jours avec plus d’une centaine d’animaux accueillis. « Il n’y a plus une place disponible au centre de soins et on se retrouve donc dans l’incapacité d’accueillir des animaux qui sont en détresse, déplore Romain Morinière. Nourrir de jeunes oiseaux prend également beaucoup de temps, c’est extrêmement chronophage pour les bénévoles ».

La direction de la station de l’Ile Grande appelle donc les particuliers à ne pas trop paniquer à la vue de ces oisillons au sol. « C’est difficile à comprendre pour certains mais il faut savoir parfois ne rien faire et laisser faire la nature », assure-t-il.