La société Largo surfe sur le succès des téléphones reconditionnés

La société Largo surfe sur le succès des téléphones reconditionnés

REEMPLOILes appareils numériques reconditionnés, smartphones en tête, sont de plus en plus populaires. Et le potentiel de croissance semble encore très important
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Largo est spécialisée dans le reconditionnement de smartphones, tablettes et ordinateurs portables.
  • Basée à Sainte-Luce-sur-Loire, près de Nantes, elle emploie 55 collaborateurs.

C’est un secteur en fort développement et dont l’avenir s’annonce radieux. Plus de 2,5 millions de téléphones portables reconditionnés ont été vendus l’an dernier en France. Quatre sociétés spécialisées dans le reconditionnement se partagent l’activité. Parmi elles, l’entreprise Largo, fondée il y a cinq ans, qui emploie 55 personnes à Sainte-Luce-sur-Loire, près de Nantes. Son dynamisme est tel que son chiffre d’affaires a été multiplié par six depuis son lancement, pour atteindre 10 millions d’euros en 2020.

« Le reconditionné ce n’est pas de l’occasion, prévient d’emblée Christophe Brunot, cofondateur de Largo. C’est une expérience proche du neuf. Il y a des étapes industrielles essentielles pour que le client soit serein. »

« On change une batterie sur deux »

Le reconditionnement nécessite d’abord une évaluation minutieuse de l’état du produit, ce qu’on appelle le « gradage ». A partir de là, les téléphones subissent un « effacement de toutes les données » et sont chargés d’un « nouveau système d’exploitation ». Ils vont ensuite subir 123 tests de fonctionnement sur 31 points de contrôle, un « peu comme un contrôle technique automobile ».

Les téléphones conformes partent directement au nettoyage pour être mis en vente. Ceux présentant des défauts sont réparés. « On change une batterie sur deux, explique Christophe Brunot. C’est généralement la première pièce à renouveler. On intervient aussi souvent sur l’écran, les haut-parleurs, les boutons. Il y a quelques pannes plus compliquées, comme un problème de Bluetooth par exemple, qui nécessitent des soudures sur la carte mère. » Les pièces de rechange proviennent, pour la plupart, de téléphones d’occasion, notamment importés des Etats-Unis.

Le prix comme critère numéro un

Au total, Largo parvient à remettre en état 90 % des smartphones qu’elle reçoit, soit 50.000 unités remises sur le marché. Ceux-ci sont proposés principalement par les distributeurs, spécialisés ( Back Market…) ou non (Leclerc, Fnac, Darty…), mais aussi par les opérateurs en boutiques. Et ce qui séduit en premier les consommateurs, c’est le prix. « En moyenne 30 % à 50 % moins cher que le neuf, assure le cofondateur de Largo. Par exemple, l’Iphone 8 valait 800 euros quand il est sorti. Aujourd’hui on en trouve en reconditionné à 200 euros. Ça répond aux attentes de beaucoup de gens, sachant que les progrès technologiques des smartphones ne sont plus spectaculaires. »

La société Largo, près de Nantes, reconditionne des téléphones et appareils électroniques.
La société Largo, près de Nantes, reconditionne des téléphones et appareils électroniques. - L.Venance/AFP

L’autre critère d’achat mis en avant c’est le « geste éco concitoyen ». « Il y a une prise de conscience qui s’accélère, surtout depuis la pandémie. Il faut 44 kg de matières premières en moyenne pour faire un smartphone neuf. Pour un reconditionné, c’est dix fois moins. » Quant à la durée de vie d’un reconditionné, source d’inquiétude pour les clients, elle est estimée entre 6 et 7 ans. « Un Français change de modèle tous les deux ans en moyenne », relève Christophe Brunot.

« On nous prenait pour des extraterrestres »

Convaincue du potentiel, Largo, qui travaille aussi à remettre en état des tablettes et ordinateurs portables, a lancé son introduction en bourse au printemps pour « se donner les moyens » de grandir davantage.

« Au début on nous disait que le reconditionnement n’avait pas d’avenir, on nous prenait pour des extraterrestres, se rappelle Christophe Brunot. Aujourd’hui il y a une tendance de fond. On observe aussi ce qui se passe sur le marché de la voiture d’occasion, beaucoup plus mature, où le neuf pèse moins de 30 % des ventes. » Il y a toutefois encore de la marge. En 2020, 86 % des téléphones portables vendus en France étaient neufs.