Pollutions aux hydrocarbures en Corse : « La météo et les courants font que les boulettes s'éloignent en ce moment des côtes »
MER•Une bonne nouvelle pour la Corse, qui redoutait un début de saison estivale gâchéF.P. avec AFP
Les nouvelles sont rassurantes ce dimanche, le long de la côte orientale de la Corse où la perspective d’une pollution aux hydrocarbures s’éloigne. Une pollution maritime aux hydrocarbures lourds, vraisemblablement liée au dégazage d’un navire, a été repérée dès vendredi midi au cours d’un exercice mené par la base aérienne de Solenzara (Corse-du-Sud). « Nous avions au départ une nappe sur 35 km de long, entre Solenzara et Aléria [plus au nord], à une dizaine de kilomètres au large environ, commence Christine Ribbe, capitaine de vaisseau et porte-parole du préfet maritime de Méditerranée. La dérivation a fait craindre le pire, avec des détections de boulettes d’hydrocarbures relativement proches des côtes dans la journée de samedi.
« Une météo et une dérive des hydrocarbures qui nous est favorable »
Depuis, « nous avons une météo et des courants qui nous sont favorables, poursuit Christine Ribbe. Les hydrocarbures ont tendance à s’éloigner de la côte. Le premier hélicoptère parti en repérage, ce dimanche matin, situait l’essentiel de la pollution à une dizaine de kilomètres de la côte, au nord du golfe de Porto-Vecchio. Et elle dérive en ce moment vers le sud-est. »
De quoi rassurer les élus corses qui se préparaient avec inquiétude à l’arrivée d’hydrocarbures lourds sur les plages de sable de la côte orientale. « On espère éviter la pollution, mais ça va être compliqué », a déploré par téléphone Francis Giudici, le maire de Ghisonaccia, une des communes menacées et dont les plages ont été fermées. « Il y a beaucoup de colère. Ce n’est pas un petit dégazage », ce procédé illégal en mer par lequel des navires vidangent les gaz de leurs cuves d’hydrocarbures, avait-il ajouté. « Nous n’avions pas besoin de ça en début de saison » estivale.
La prudence reste de mise
La préfecture maritime de Méditerranée reste prudente. « La situation peut changer en fonction de la dérive et des courants, commence Christine Ribbe. Mais nous sommes beaucoup plus rassurés ce dimanche. Aucune pollution aux hydrocarbures n’a été signalée sur le littoral corse et les prévisions météorologiques des prochains jours sont clémentes dans la zone, si bien que les boulettes d’hydrocarbure devraient continuer à dériver vers le large. »
La présence d’hydrocarbures lourds dont la dissolution est difficile et l’étendue des deux nappes d’hydrocarbures avaient incité les autorités à déclencher samedi le plan de protection du littoral Polmar-Terre, qui inclut aussi une action sur les côtes. Il reste maintenu. Le préfet de Haute-Corse François Ravier a interdit l’accès aux plages sur une quarantaine de kilomètres, entre les communes d’Aleria jusqu’à Ventiseri, alors que l’île connaît un temps estival.
Des gendarmes ont demandé aux baigneurs de quitter certaines plages et des panneaux indiquant « baignade interdite-pollution maritime » ont été apposés. La pêche est aussi interdite sur ces mêmes secteurs.
Le travail de dépollution se poursuit
Au large, d’importants moyens sont toujours déployés pour récupérer les hydrocarbures. Notamment deux bâtiments de soutien et d’assistance affrété (BSAA), « Pionnier » et « Jason » de la marine nationale venus de la base navale de Toulon (Var), arrivés samedi midi sur place. A cela s’ajoutent trois autres bateaux des douanes et des affaires maritimes, mais aussi des moyens aériens pour localiser au mieux la pollution et ainsi guider au mieux les navires de dépollution, explique la porte-parole du préfet maritime de Méditerranée.
Ce travail a repris à la levée du jour, ce dimanche, et a déjà permis de retirer trois à quatre tonnes d’hydrocarbures, estime la préfecture maritime de Méditerranée. Soit une bonne partie de cette pollution ? « Difficile à dire, répond Christine Ribbe. D’autant plus que cette nappe, très concentrée au départ, se morcelle petit à petit. Les boulettes deviennent des micro-boulettes et se dispersent. » De quoi compliquer la tâche des équipes sur place.
Ce travail de dépollution reste essentiel. « Cet épisode de pollution est en partie aux hydrocarbures lourds, beaucoup plus denses que les légers et qui, à ce titre, ne vont pas ou peu se diluer dans l’eau », rappelle Chrisitine Ribbe.
L’une des pires pollutions de ces dernières années
« Dégazer des hydrocarbures en mer est un pur acte de délinquance écologique », a dénoncé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui s’est rendue sur place avec la ministre de la Mer Annick Girardin. « Nous sommes arrivées ici bien déterminées à trouver ceux qui ont dégazé sauvagement. Je le disais tout à l’heure ce sont des voyous et ils devront être traités comme des voyous », a martelé de son côté Annick Girardin.
« A ce stade, trois navires dont la présence dans une zone élargie autour de la pollution nécessitent que des investigations soient menées », a indiqué le colonel Jean-Guillaume Remy, commandant du groupement Méditerranée. Il s’agit d’une des pollutions par dégazage parmi les plus significatives constatées au cours des trois dernières années, dans cette zone méditerranéenne, selon la gendarmerie maritime.