Oléron : Pourquoi les pêcheurs proposent-ils l’arrêt de la pêche dans une zone poissonneuse du golfe de Gascogne ?
PROTECTION ANIMALE•La ministre de la mer a accueilli favorablement leur demande et un arrêté ministériel de zone de cantonnement va être pris dans les prochaines semainesElsa Provenzano
L'essentiel
- Les organisations de pêche professionnelle du Golfe de Gascogne proposent une zone de sanctuarisation pour ménager les ressources.
- Le secteur à protéger est un habitat et une zone de reproduction importants pour de nombreuses espèces de poissons.
- La mesure a été accueillie favorablement par la ministre de la Mer.
Il ne faut pas voir de masochisme mais plutôt un calcul à long terme dans la proposition des organisations professionnelles de pêche du Golfe de Gascogne d’interdire la pêche sur un secteur de 42 km2.
« Plutôt que de se voir imposer des zones qu’on n’aurait pas maîtrisées, on souhaite proposer celles qui nous semblent les plus pertinentes, dont celle du plateau de Rochebonne, extrêmement particulière au niveau écologique », explicite Julien Lamothe, directeur de l’organisation de producteurs From Sud Ouest. Environ 1.300 bateaux de pêche professionnelle travaillent sur le Golfe de Gascogne.
Un plateau « nourricier » pour les poissons
La zone dite des « quatre bouées » sur le Plateau de Rochebonne, au large de l’île d’Oléron concentre des monts rocheux dont les sommets sont visibles à fleur d’eau, tandis que le reste du golfe est plutôt plat et vaseux.
Ces roches participent à en faire un lieu d’habitat et de reproduction particulièrement important pour tout un tas d’espèces : bar, daurade, merlu, sardine, maquereau et même langoustine. En interdisant la pêche sur cette zone, les professionnels veulent ménager les ressources. « Près de 300 navires ont une activité autour de ce plateau-là et dépendent directement de la santé écologique de ce site », souligne Julien Lamothe.
Couper court à la convoitise suscitée par le secteur
Ce secteur rocheux se prête mal à la navigation et ne concentre pas beaucoup de pêcheurs, mais sa sanctuarisation représente un enjeu fort tout de même, notamment en empêchant de nouvelles activités de pêches, de la part des navires espagnols, par exemple. « Ce sont des zones difficiles à travailler mais poissonneuses. Forcément, ça peut attirer la convoitise », résume Julien Lamothe.
« On est sur une tendance favorable sur les stocks dans le golfe de Gascogne mais on veut garantir une pérennité par rapport aux efforts consentis (quotas imposés par l’Europe notamment.) On doit continuer à bien gérer », ajoute-t-il.
La proposition de sanctuarisation a été accueillie favorablement par la ministre de la Mer Annick Girardin qui a annoncé ce lundi qu’un arrêté ministériel de zone de cantonnement allait être pris dans les prochaines semaines. L’exercice de la pêche y sera interdit, à titre professionnel ou de loisir (y compris la pêche sous-marine) pour une durée de dix ans. Un suivi scientifique permettra de mesurer les effets de cette mesure sur les fonds marins.