Climat : L’Europe et l’Arctique ont connu un gros coup de chaud en 2020, confirme Copernicus
CLIMAT•Copernicus, le service européen de surveillance de la Terre, publie ce jeudi son rapport sur l’état du climat en 2020 à partir de ses données satellitaires. L’année s’inscrit dans celles des précédentes : particulièrement chaude, notamment en ArctiqueFabrice Pouliquen
L'essentiel
- Le Service Copernicus pour le changement climatique (C3S) publie ce jeudi son Rapport sur l’état du climat pour l’année 2020.
- Premier constat : les concentrations de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter mais à un rythme un peu moins élevé concernant le CO2, ce que l’on peut expliquer par les confinements instaurés pour lutter contre le Covid-19.
- Côté températures, la tendance reste inchangée : « 2020 s’inscrit parmi les trois années les plus chaudes jamais enregistrées », pointe Copernicus. Avec de nombreux records tombés en Arctique. Mais aussi en Europe, avec un hiver et un automne très doux.
De nouveau, des records sont tombés en 2020… Autant on peut s’en réjouir quand ils sont dans la rubrique « Sports », autant ils sont inquiétants lorsque c’est Copernicus, le programme européen d’observation de la Terre, qui les relève.
Ce jeudi, le Service Copernicus pour le changement climatique (C3S) publie une nouvelle édition de son rapport sur l’état du climat européen, le quatrième du genre. Il porte, cette fois, sur l’année 2020.
Des concentrations de CO2 et de méthanes qui continuent d’augmenter
La pandémie de Covid-19 et ses épisodes de confinement ont bien eu un effet sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), en les faisant baisser de 8 % par rapport à 2019, selon les estimations du Service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS). Mais c’est relativement peu. Et ce n’est que le rythme des émissions qui a diminué. En 2020, on a continué d’émettre plus de GES que la Terre est capable d’en absorber. Dès lors, leur concentration dans l’atmosphère a continué d’augmenter. « De 0,6 % pour le C02 et de 0,8 % pour le méthane », indique ce jeudi Copernicus. « Les concentrations atmosphériques pour ces deux gaz ont atteint leur moyenne annuelle mondiale la plus élevée enregistrée par le satellite du CAMS depuis sa mise en fonction, en 2003 », précise le rapport.
Dans le détail, le niveau de CO2 dans l’atmosphère a augmenté en 2020 à un rythme légèrement inférieur à celui des dernières années, quand, à l’inverse, celui de méthane a augmenté plus rapidement. Autant la tendance pour le CO2 peut vraisemblablement s’expliquer par les confinements de l’an dernier, autant pour le méthane, « nous n’avons pas d’explications à ce jour, glisse Vincent-Henri Peuch, directeur du CAMS. Cela pourrait être lié aux anomalies climatiques qu’a connues l’Arctique en 2020. Mais ce n’est qu’une hypothèse. »
L’Arctique dans le rouge
Ce rapport de Copernicus ne s’est pas seulement intéressé aux concentrations de GES, mais aussi à d’autres variables climatiques. A commencer par les températures. Sur ce volet, 2020 s’inscrit dans la lignée des années précédentes. « A l’échelle mondiale, c’est l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées, les six dernières ayant été les plus chaudes », indique Copernicus.
Le mercure est notamment monté très haut en Arctique, au point de faire de 2020 la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée pour l’ensemble de cette région. Pourtant, le début de l’année a été plus froid que la moyenne. « Mais l’été et l’automne ont compensé cette situation, ces deux saisons ayant enregistré les températures les plus élevées jamais observées », note Copernicus. En moyenne, les températures de surface de l’air en Arctique ont été supérieures de 2,2°C à la moyenne sur la période 1981-2010. Ce fut bien plus encore en Sibérie arctique où, pour le coup, 2020 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Dans cette région, la moyenne annuelle des températures a dépassé de 4,3°C celle sur la période 1981-2010, et de 1,8°C le précédent record.
La banquise arctique a son minimum
Conséquence : la couverture neigeuse a été inférieure à la moyenne l’an passé en Arctique. Les deux associés – chaleur et faible couverture neigeuse – « ont contribué à créer des conditions sèches, propices à l’apparition et la propagation des incendies de forêts », pointe Copernicus. Ils ont été particulièrement vifs en Sibérie arctique l’été dernier, « au point de générer les plus grandes quantités d’émissions de CO2 dues à des incendies forestiers depuis au moins 2003 », précise le rapport.
Un autre point inquiétant, en Arctique toujours, fut le niveau de la banquise. En septembre, elle atteignait son second plus bas niveau depuis 1979. Son étendue était 35 % inférieure à la moyenne enregistrée sur les mois de septembre de la période 1981-2010.
Un hiver et un automne records en Europe
Et l’Europe dans tout ça ? Là encore, des records sont tombés en 2020. Si l’été n’a pas été marqué par des épisodes de canicule aussi intenses, étendus et persistants qu’a pu connaître le continent ces dernières années, Copernicus relève des vagues de fortes chaleurs dans certaines régions. Notamment en juin en Scandinavie et en Europe de l’Est, mais aussi en août en Europe de l’Ouest.
En revanche, l’hiver et l’automne 2020 resteront dans les annales « comme les plus chauds jamais enregistrés en Europe », indique Copernicus. Les températures moyennes de l‘hiver ont été 3,4 °C au-dessus de la moyenne sur la période 1981-2010. Soit environ 1,4 °C de plus que le précédent record. L’hiver 2020 a été particulièrement chaud dans le nord de l’Europe de l’est.
Dans les particularités de l’année 2020 en Europe, Copernicus signale aussi une transition abrupte, dans certaines parties du nord-ouest et du nord-est de l’Europe, entre un hiver marquée par des précipitations supérieures à la moyenne et un printemps particulièrement sec. « L’un des plus secs, même, des quarante dernières années dans le nord-ouest de l’Europe », détaille le rapport. Cette transition n’a pas été sans effet sur le débit des rivières, l’humidité des sols ou la croissance de la végétation.
Des précipitations records avec la tempête Alex
Enfin, Copernicus revient sur la tempête Alex de début octobre, autre fait marquant en 2020 sur le front climatique. Elle a provoqué des précipitations très élevées sur des temps très courts, faisant tomber plusieurs records en Grande-Bretagne et en France. « Elles ont été particulièrement importantes dans les Alpes maritimes françaises et italiennes, avec des précipitations sur une journée jusqu’à trois fois supérieures à celles enregistrées en moyenne sur un mois d’octobre », rappelle Copernicus.