PLANTEZ CHEZ NOUSAvec le printemps et le confinement, le cojardinage essaime

Toulouse : Je prête mon terrain, on plante ensemble… Avec le printemps et le confinement, le cojardinage essaime

PLANTEZ CHEZ NOUSDepuis dix ans, le site « Plantez chez nous » permet de mettre en relation des propriétaires de terrains et des jardiniers prêts à les cultiver. Depuis la crise sanitaire, sa fréquentation a été multipliée par deux
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • Il y a dix ans, une habitante de la banlieue de Toulouse lançait « Plantez chez nous », un site mettant en lien des jardiniers et des propriétaires de terrain, prêts à leur en laisser la jouissance.
  • Sur le principe du gagnant-gagnant, les uns peuvent s’aérer et les autres voient leur terrain entretenu, tous partagent ensuite la récolte.
  • Avec le confinement et le besoin de retour à la terre, les échanges sur le site ont été démultipliés.

Depuis dix ans, Betty plante ses betteraves, radis et autres courgettes chez Bernadette. Si elles habitent à quelques kilomètres de distance, ces deux habitantes de l’agglomération toulousaine ne s’étaient jamais croisées avant que l’une vienne jardiner chez l’autre. Bernadette avait un très grand terrain dont elle ne savait que faire et Betty une furieuse envie de mettre les mains dans la terre, refrénée par les petites jardinières de son appartement. C’est en consultant le site « Planchez chez nous » qu’elles se sont naturellement trouvées.

« J’avais envie d’avoir un contact avec la nature et je voulais candidater pour des jardins familiaux, mais il y avait 18 mois d’attente. Je me suis donc inscrite sur le site et j’ai vu l’annonce de Bernadette », explique Betty qui depuis une décennie cultive ainsi des légumes de saison. Avant de venir chez son hôte, elle lui envoie un petit texto, histoire de ne pas être intrusive. En échange de ce petit bout de jardin, Bernadette récolte de temps en temps des tomates ou des pommes de terre, ravie de pouvoir manger des légumes cultivés chez elle.

« Quand j’ai emménagé, j’avais essayé de planter des tomates, mais je n’avais aucune compétence. Avec Betty, cela s’est tout de suite bien passé, elle n’avait aucune exigence, on s’est dit qu’on allait inventer le jardin au fur et à mesure », se rappelle Bernadette. Avec le confinement, elle a vu affluer les demandes de nouveaux jardiniers. Parmi eux, Pierre, un adepte de la permaculture qui a apporté une nouvelle touche au jardin et distille ses connaissances avec son hôte et sa cojardinière.

Créer du lien social

Ce partage, c’est bien l’idée qui a germé dans l’esprit de Chantal Perdigau lorsqu’elle a créé le site Plantez chez nous. « Il y avait la volonté de pousser les gens à jardiner de manière naturelle et locale, mais aussi de faire du troc, que ce soit gagnant-gagnant pour le propriétaire du terrain comme le jardinier, qui finissent souvent par cojardiner ensemble », explique l’entrepreneuse installée dans la banlieue de Toulouse. Aujourd’hui, elle a plus de 35.000 utilisateurs et près de 7.000 annonces, du petit bout de jardin dans le 15e arrondissement de Paris jusqu’à plus de 1.000 m2 à Saint-Anne en Guadeloupe.

Des propriétaires qui n’ont souvent pas le temps d’entretenir leur parcelle quand d’autres ont besoin de sortir de leur appartement et de s’adonner à des activités de plein air. « On l’a vu avec la crise sanitaire, et en particulier le confinement, il y a eu une hausse du trafic du site dont la fréquentation a été multipliée par », poursuit Chantal Perdigau qui valorise aussi sur son site les échanges de graines et toutes les méthodes de mises en culture novatrices et écologiques.

Pouvoir discuter cultures avec ses voisins, c’est aussi ce qui a motivé Reno. Il y a cinq ans, ce propriétaire d’une des rares maisons du quartier Saint-Michel à posséder une grande parcelle de terrain, s’était imaginé créer un potager partagé. Après avoir tenté la technique du bouche-à-oreille, il a fini par poster son annonce. Et depuis, il a quatre co-jardiniers qui viennent régulièrement biner, arroser, planter et récolter le fruit de leur travail. « Mon objectif était vraiment d’échanger, de créer du lien social dans le quartier. Je ne connaissais pas grand-chose et on a appris ensemble », reconnaît Reno. Et ça marche.