Paris : « Nous souhaitons que la circulation sur l'ensemble du territoire parisien passe à 30 km/h », affirme David Belliard
INTERVIEW•Promesse de campagne d’Anne Hidalgo et des écologistes, la vitesse de circulation à Paris pourrait passer à 30km/h « d’ici à la fin de l’année » dans toute la ville, sauf quelques grands axesPropos recueillis par Romain Lescurieux
L'essentiel
- En octobre dernier, la mairie de Paris a organisé une consultation publique en ligne pour généraliser la limitation de vitesse à 30 km/h sur tout le territoire parisien.
- « Nous souhaitons que la circulation sur l’ensemble du territoire parisien passe à 30 km/h. Mais nous devons trouver un accord avec la préfecture, qui peut prendre encore quelques mois », explique à 20 Minutes, David Belliard (EELV), adjoint d’Anne Hidalgo en charge des transports.
- La mesure pourrait être effective « d’ici à la fin de l’année », mais quelques axes majeurs ne seront pas concernés.
La mairie veut faire lever le pied. Si actuellement 60 % des routes du territoire parisien sont à 30 km/h, cette mesure de limitation de la vitesse pourrait rapidement s’appliquer à l’ensemble de la capitale.
En octobre dernier, la ville de Paris a décidé d’organiser une consultation numérique publique au sujet de cette proposition annoncée lors de la campagne électorale d’Anne Hidalgo et de David Belliard. 5.736 personnes ont participé à cette enquête avec une forte mobilisation des personnes motorisées. Mais la mesure divise encore. Contours, objectifs et calendrier… David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie, a répondu aux questions de 20 Minutes.
La généralisation de la vitesse maximale de 30 km/h dans les rues de Paris était une promesse de campagne d’Anne Hidalgo. Quand sera-t-elle effective ?
La consultation publique vient de finir et nous allons désormais avoir une discussion avec la préfecture de police. Elle va porter sur les axes qui sont aujourd’hui gérés par la préfecture, et qui ne sont pas sous la seule responsabilité de la mairie. Nous souhaitons que la circulation sur l’ensemble du territoire parisien passe à 30 km/h. Mais nous devons trouver un accord avec la préfecture, qui peut prendre encore quelques mois. On peut espérer une mise en place effective de la mesure d’ici à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine.
Les Parisiennes, Parisiens, Franciliennes et Franciliens ont en effet pu donner leur avis lors d’une consultation numérique publique ? Qu’en est-il ressorti ?
5.736 personnes ont participé. Sans surprise, il y a une majorité de personnes motorisées dans les répondants et une surreprésentation des Hauts-de-Seine par rapport aux autres départements hors Paris. C’est une consultation correcte et avec un avis 50-50. Il y a un vrai questionnement qui ressort sur l’intérêt de conserver quelques axes majeurs à 50 km/h.
Quels sont les contours de cette mesure et où s’appliqueront les 30 km/h ?
Le boulevard périphérique n’est pas dans le périmètre. Mais toute la voirie intra-muros parisienne sera concernée. Cela dépendra encore des discussions avec la préfecture de police. Nous entendons les demandes faites lors de la consultation, nous allons donc travailler avec eux pour regarder quels axes majeurs resteront à 50 km/h. C’est l’enjeu des prochaines semaines.
60 % du territoire étaient déjà concernés par ces « zones 30 » . La mesure était-elle respectée ?
Globalement, on observe une baisse de la vitesse en ville sur les « zones 30 ». Particulièrement dans le 11e qui est déjà complètement à 30 km/h. L’intérêt de cette mesure est de réduire le nombre d’accidents, d’améliorer la sécurité des piétons, des cyclistes et des automobilistes. Lorsque l’on baisse la vitesse autorisée sur les routes en ville, on diminue aussi de manière spectaculaire le bruit, les études montrent qu’en réduisant la vitesse de 20 km/h, on divise le bruit du trafic routier par deux. On veut une ville moins bruyante. Enfin, c’est un moyen de reconquérir l’espace public. En réduisant la vitesse à 30 km/h, on libère en moyenne 50 centimètres de voirie, car vous n’êtes plus obligés d’avoir des chaussées aussi larges, cela permet de redonner l’espace gagné aux Parisiens en agrandissant les trottoirs par exemple.
L’objectif est aussi de favoriser d’autres solutions de mobilité ?
Pour le climat et la santé, nous menons une politique qui offre des alternatives à la voiture individuelle et qui favorise de nouvelles façons de se déplacer : vélo, marche, transports en commun. La question du ralentissement de la vitesse est dans cette logique.
La question sera abordée au Conseil de Paris ?
Il y a en effet eu un vœu sur le sujet à ce Conseil. Mais la discussion sur le sujet n’est pas terminée, priorité aux discussions entre la mairie et la préfecture de police. Ensuite, il y aura une restitution à l’ensemble des groupes politiques.
Lors du lancement de la consultation, l’opposition disait comprendre la mesure pour des petits axes, beaucoup moins sur des portions plus longues… Que répondez-vous ?
C’est toujours la logique « oui on veut bien transformer la ville, faire un peu d’écologie, améliorer la qualité de vie des gens, mais pas trop ». Aujourd’hui, notre ambition est de généraliser au maximum la vitesse à 30 km/h à Paris, exception faite de certains axes, mais cela doit rester l’exception ! C’est une démarche qui a été faite dans d’autres villes, comme à Madrid, Barcelone, Toulouse ou encore Grenoble. Lorsqu’on veut une métropole qui ne pense plus comme à grande vitesse, elle se place alors comme une ville tournée vers d’autres activités. Une ville où l’on ralentit, c’est une ville plus sécurisée, moins bruyante, une ville où l’on vit mieux.