Bordeaux : Une aile de kitesurf pour réduire la pollution des bateaux de pêche ?
INNOVATION•Un ingénieur bordelais travaille sur un prototype très prometteur qui pourrait réduire de 20 % la consommation de carburant des chalutiersClément Carpentier
L'essentiel
- La start-up Maloric, fondée par Fabrice Jolivet, développe depuis janvier 2019 une aile de kitesurf destinée aux chalutiers.
- L’objectif est de leur permettre de réduire leur consommation de carburant et donc la pollution en mer.
- Le prototype va être testé d’ici l’été prochain en conditions réelles avant une possible mise sur le marché en 2022.
Ce n’est pas le premier à avoir eu l’idée. Ils sont même plusieurs depuis une dizaine d’années à travailler sur le sujet, à développer des voiles pour tracter certains bateaux à moteur. A Bordeaux, un ancien ingénieur d’Airbus et de Bombardier bûche, lui, sur une aile de kitesurf adaptée aux chalutiers. « J’ai commencé à pratiquer ce sport il y a 4-5 ans et j’ai rapidement eu l’idée de concevoir un système pour les navires », explique Fabrice Jolivet, président fondateur de Maloric.
Elaborer le système le plus autonome possible
Dans un premier temps, il s’intéresse aux pétroliers, « la bête noire » comme il les qualifie car ils sont les plus gros pollueurs. Mais impossible d’approcher réellement ce milieu. Il n’a pas de retour. Celui qui est installé au Bouscat ne baisse pas les bras et continue ses « recherches de faisabilité » avec des pêcheurs. Il part en mer avec l’un d’eux près de La Rochelle et se rend très vite compte que son produit peut les intéresser et surtout les aider : « Déjà le contexte économique est de plus en plus compliqué pour eux avec l’augmentation du prix du carburant et la baisse des quotas, il faut savoir que pour certains 50 % de leur chiffre d’affaires sert à payer leur carburant, c’est énorme. »
Depuis janvier 2019, l’ingénieur travaille avec un apprenti et quelques copains à l’élaboration d’une voile de kitesurf pour réduire de 20 % la consommation de carburant de chalutiers : « Ça va de 12 à 35 % selon le type de bateau », précise-t-il au passage. Alors à quoi ressemble Zéphire, le prototype de Fabrice Jolivet ?
« « Contrairement aux immenses voiles (de 50 à 300m²) développées pour les cargos, mon aile fait aujourd’hui 12m² mais ses dimensions pourront évoluer selon les bateaux. Le principal objectif est de développer un système le plus autonome possible avec une facilité d’installation car c’est souvent le problème qui refroidit les gens. » »
Par exemple, son aile devra avant tout être reliée au système électrique du chalutier après ça devrait rouler comme sur des roulettes.
Un mât télescopique et une aile à 150 mètres de haut
« Le plus pour nous, c’est bien sûr les phases de décollage et d’atterrissage », insiste l’ingénieur de 33 ans originaire du Vercors. Pour ça, des capteurs seront installés sur les bateaux et permettront aux capitaines de savoir quand ils peuvent déployer leur aile de kitesurf. C’est alors qu’un mât télescopique se détendra à l’avant du chalutier puis l’aile montera jusqu’à 150 mètres de haut grâce à des câbles. Il y aura également un boîtier de contrôle pour l’équipage. Fabrice Jolivet espère tester son prototype en conditions réelles l’été prochain puis le mettre sur le marché d’ici fin 2022.
Pour l’instant, l’ingénieur ne parle pas de prix d’achat mais plutôt d’un système locatif. L’idée est que les pêcheurs reversent chaque mois la moitié des économies qu’ils auront faites en carburant à la société de Fabrice Jolivet.