DEVELOPPEMENTLa croissance a un « coût dévastateur » pour la nature, selon un rapport

La croissance a un « coût dévastateur » pour la nature, selon un rapport

DEVELOPPEMENTCe rapport a été commandé il y a deux ans par le gouvernement britannique
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le développement de l’humanité se fait « à un coût dévastateur pour la Nature », avertit un rapport, commissionné il y a deux ans par le gouvernement britannique, de l’université de Cambridge, publié ce mardi.

Selon ce rapport, de 600 pages, le PNB par habitant mondial a doublé depuis 1992, mais le « capital naturel », soit l’estimation des bénéfices tirés de services offerts par la Nature, a de son côté chuté de 40 %.

Rééquilibrer le lien entre l’Homme et la Nature

« Si l’humanité a immensément prospéré ces dernières décennies, la manière dont nous avons atteint cette prospérité fait qu’elle a été acquise à un coût dévastateur pour la Nature », écrivent les auteurs. Ils appellent à un rééquilibrage du lien entre l’Homme et la Nature, rappelant sur la foi de nombreuses autres études les liens étroits entre la préservation de la biodiversité et les conditions de vie humaines, en matière de santé notamment.

L’extinction massive en cours d’espèces vivantes, « mine la productivité, la résilience et l’adaptabilité de la Nature », écrivent-ils encore. Les conséquences déjà visibles de cette déperdition, comme l’actuelle pandémie de Covid-19, favorisée par les transformations de terres (déforestation pour l’agriculture notamment) et l’exploitation de certaines espèces sauvages, pourraient constituer « la partie émergée de l’iceberg » si le développement économique humain se poursuit sans changements.

Repenser le modèle de croissance

« Nous sommes totalement dépendants de la Nature, » avertit dans une préface au rapport le documentariste et militant écologique britannique David Attenborough. « Elle nous fournit l’air que nous respirons et tout ce que nous mangeons. Mais nous l’abîmons tellement que beaucoup de ses écosystèmes sont au bord de l’effondrement ». Or, souligne le rapport, les modèles économiques basés sur la seule croissance n’intègrent pas les bénéfices tirés de la biodiversité.

Les programmes de protection de la nature sont en conséquence souvent sous-financés, alors que des secteurs comme les énergies fossiles ou l’agriculture intensive, dont les effets sur la biodiversité et le réchauffement climatique sont avérés, bénéficient de 4.000 à 6.000 milliards de dollars d’investissements annuels.

Plus qu’un plan Marshall

Ces modèles d’investissements, souvent soutenus par les Etats, « exacerbent le problème en payant plus les gens pour exploiter la Nature que pour la protéger », regrettent les auteurs. Ils appellent à remplacer la seule comptabilité traditionnelle de la croissance (PIB) par un calcul du bien-être économique prenant en compte les services rendus par la Nature.

Mais une telle réorientation vers une croissance plus soutenable nécessiterait des changements systémiques – notamment la « décarbonation » du système énergétique – portés par « une ambition, une coordination et une volonté politique semblable, voire supérieure, au plan Marshall » de reconstruction économique au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Les auteurs du rapport, comme nombre de responsables associatifs et politiques internationaux avant eux, appelle à faire de deux rendez-vous importants de la diplomatie verte, la COP 15 sur la biodiversité et la COP26 sur le climat, désormais prévues en 2021 après avoir été reportées en raison de la pandémie, des leviers pour lancer ces transformations.