CAMPAGNEDes villageois refusent l'implantation d'un entrepôt géant chez eux

Nord : Des villageois se mobilisent contre l'implantation d'un entrepôt géant chez eux

CAMPAGNELes maires et habitants de deux petites communes nordistes appréhendent la construction d’un bâtiment logistique de près de 100.000 m2
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Un projet de construction d’un parc d’activités comprenant d’immenses entrepôts logistiques est porté par la métropole européenne de Lille.
  • Les habitants d’un hameau proche du site d’implantation ont créé un collectif pour s’opposer au projet.
  • Ils dénoncent les nuisances et les risques induits par le projet.

La terre contre le béton. Depuis deux ans, les habitants du hameau du Moisnil, dans le Nord, se battent avec leurs petites armes contre le projet d’aménagement, à deux pas de chez eux, d’un gigantesque parc d’activités. Ils ont réussi à rallier à leur cause deux communes proches et des milliers de personnes via une pétition. De l’autre côté, la métropole européenne de Lille (MEL), porteuse du projet, fait la sourde oreille.

L’aménagement d’un parc d’activités sur les communes d’Illies et de Salomé est dans les cartons de la MEL depuis près de 15 ans. La future zone d’activité doit s’étendre sur une surface de 38 hectares située au carrefour des routes nationales 41 et 47 et actuellement occupée par des champs. Pendant toutes ces années, le projet a largement eu le temps de mûrir, à tel point qu’il est à deux doigts de se concrétiser dès 2021. La société PRD, qui a été retenue pour aménager le site, va y construire des bâtiments logistiques dont le plus grand fera près de 100.000 m2 et un second 60.000 m2.

« Ce sera l’un des plus gros entrepôts en Europe »

« Ce sera l’un des plus gros entrepôts en Europe. Il représente 16 terrains de foot », s’insurge le collectif du Moisnil. Si leur hameau, qui dépend de la commune de Marquillies, n’est pas situé dans l’emprise de la future zone, il est à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau. « C’est un secteur déjà largement saturé en bâtiments logistiques. L’implantation de celui-ci va générer encore davantage de trafic routier, plus de 1.400 véhicules par jour », assure le collectif. Un chiffre officiel qui correspond à « une entrée et une sortie par jour de 300 poids lourds et de 420 véhicules légers », est-il précisé dans l’étude d’impact présentée en 2018 dans la concertation publique.

Comme la concrétisation du projet suit son cours, voire s’accélère, le collectif a aussi mis un coup de boost à son action. Ses membres ont mobilisé des agriculteurs de la FNSEA, début décembre, pour une opération de reconquête du terrain, actuellement en friche, en y semant du blé. Le collectif a lancé, en parallèle, une pétition en ligne qui rassemble près de 25.000 signatures. Les conseils municipaux des communes de Marquillies et d’Herlies ont aussi voté pour obtenir de la MEL un moratoire de deux ans. « L’idée est d’attendre les conclusions de l’étude sur les risques hydrauliques », explique le collectif.

Une délibération concernant la viabilisation de la zone doit d’ailleurs être soumise au vote lors du prochain conseil de la MEL, vendredi. Pour autant, rien n’est encore fait. Contactée, la métropole a reconnu que les actes de vente des terrains n’avaient pas encore été signés avec le promoteur PRD et que cela pourrait même ne pas intervenir avant fin 2021, notamment en raison de fouilles archéologiques à réaliser sur le lot A. En revanche, le promoteur espère commencer dès 2021 la construction sur le lot B de son bâtiment de 60.000 m2.