Strasbourg : « Ça suffit ! »… Après les nouveaux séismes, la géothermie arrêtée et critiquée
ENERGIE•Trois séismes ont été identifiés ce vendredi à proximité de la capitale alsacienne : deux à 6h59, un à 11h10Thibaut Gagnepain
L'essentiel
- La région strasbourgeoise a été secouée trois fois par des séismes ce vendredi, dont un de 3,59 sur l’échelle de Richter.
- Le site de géothermie profonde de Reichstett-Vendenheim, au nord de la capitale alsacienne, est à l’origine de ces séismes répétés. Une nouvelle fois.
- La géothermie est remise en cause par de nombreux élus et suspendu jusqu’à nouvel ordre.
Une dizaine de séismes en un mois environ, dont trois rien que ce vendredi. La région strasbourgeoise est secouée ces dernières semaines. Avec toujours le même responsable identifié : le site de géothermie profonde de Reichstett-Vendenheim, au nord de l’agglomération. C’est là, à terme, que de l’énergie devrait être produite grâce à la chaleur des eaux souterraines et permettre de fournir « 15 à 20.000 foyers en électricité et 26.000 en chauffage ».
Sauf que les couacs se multiplient depuis la commande d’études sur le sujet en 2010. Le tremblement de terre de novembre 2019 (3,3 sur l’échelle de Richter) avait déjà tout fait stopper, avant une reprise d’essais cet automne. Pas longtemps. Depuis fin octobre et les nouveaux séismes, l’exploitant Fonroche ne mène plus que des opérations d'entretien. Ce matin, il a « immédiatement enclenché la procédure d’arrêt de la circulation de sécurité dans les puits, vers un arrêt total ».
« Au vu de l’événement anormal qui s’est produit, il n’y avait pas d’autres solutions que de prendre cette décision », s’est justifié un peu plus tard dans la journée Jean-Philippe Soulé. Le directeur général de l’entreprise a indiqué que « plusieurs semaines d’analyses scientifiques » devraient maintenant suivre.
Le temps de calmer tout le monde ? Car depuis 6h59 et cette secousse de 3,59 sur l’échelle de Richter, les réactions se multiplient. L’opposition a dégainé la première. « Arrêtons de jouer aux apprentis sorciers ! », a lancé à peine une heure après les faits Jean-Philippe Vetter (Les Républicains). A midi, l’ex-candidat aux municipales s’est exprimé devant les forages. Il était accompagné de son ancien allié Alain Fontanel (LREM) et de Catherine Graef-Eckert, édile de Lingolsheim et grande battue de la dernière élection à l’eurométropole.
Pia Imbs demande « un arrêt définitif »
Les trois avaient une demande simple à faire passer : « Non pas l’arrêt mais l’abandon définitif de la géothermie sur l’ensemble du territoire de l’agglomération, ce qui veut dire aussi à Illkirch ». « Cette fois-ci, ça suffit. On est à 11 séismes en un mois. On nous a beaucoup baladés et le risque est récurrent. Il faut agir et protéger les familles, les citoyens, les biens […] Il faut sortir de la course au profit et de l’illusion de l’or vert », complète Alain Fontanel en appelant l’équipe au pouvoir à dire « qu’ils n’achèteront pas la chaleur produite par ce puits de géothermie profonde. Alors il n’y aura plus de modèle économique et le projet sera arrêté. »
« D’autres séismes d’ici une semaine »
Une première réponse a eu lieu cet après-midi de la part de l’exécutif. Dans un communiqué, la présidente de l’eurométropole Pia Imbs a demandé « un arrêt définitif du projet porté par Fonroche à Vendenheim ». Pas des autres sites. Elle a aussi proposé la création d’une mission d’information et d’évaluation, demande que lui avait formulée l’opposition.
De son côté, la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier estime que « l’événement survenu aujourd’hui remet en cause certaines conditions de conduites des opérations et de fonctionnement du projet GEOVEN ». Cela pourrait-il conduire à son abandon définitif ? « Nous devrons peut-être adapter nos méthodes, nos ouvrages, la localisation. Il faut avoir de l’humilité vis-à-vis de la nature », a déjà consenti Jean-Philippe Soulé. Le directeur général de Fonroche l’a avoué, « il peut avoir d’autres séismes d’ici une semaine »…