FAUNEL’aigle pêcheur, « espèce mythique », est de retour en Alsace

L’aigle pêcheur, « espèce mythique », est de retour en Alsace

FAUNEUn couple niche à nouveau sur les bords du Rhin, côté français, et a donné naissance à un oisillon
Un balbuzard pêcheur observé en Alsace.
Un balbuzard pêcheur observé en Alsace. - Jean-Marc Bronner
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Un couple de balbuzards pêcheurs a été observé cet été en Alsace.
  • Depuis 1908, cet aigle qui ne mange que du poisson ne nichait plus dans la région. Il en avait été chassé par l’homme.
  • « C’est une espèce mythique, un prestigieux car il est au sommet de la chaîne alimentaire », estime Christian Braun, le directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dans la région.

Plus de cent ans qu’ils ne s’étaient plus arrêtés. Depuis 1908 et les derniers signalements de l’espèce dans la région, les balbuzards pêcheurs survolaient seulement l’Alsace. « Ils venaient souvent des pays du Nord de l’Europe et passaient sur leurs routes de migration, sans nicher ici. Les humains les avaient chassés du coin », détaille Christian Braun.

Le directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) locale a pu le vérifier : l’Alsace n’est plus boudée par ces aigles. « On avait quelques doutes déjà l’an dernier et on en est sûr maintenant, un couple s’est bien installé sur les bords du Rhin, côté français. » Où ? Le naturaliste ne le dira pas « car il y a trop de risque de dérangement ».

Moins de 100 couples en France

Le balbuzard est une espèce protégée et reste rare. En France, sa population est estimée à 87 couples, dont la plupart se trouvent en Corse, d’après la LPO. Certains s’arrêtent aussi en Moselle, Marne, Meuse ou Meurthe-et-Moselle. Huit duos ont ainsi été recensés dans le Grand-Est en 2020. « Avec des nids haut perchés toujours près des lacs ou des cours d’eau. Enfin, à proximité, entre 3 à 10 km à côté », précise Christian Braun.

Logique, ces aigles sont les seuls à ne se nourrir exclusivement de poisson. Qu’ils chassent d’une manière bien précise. « Ça peut durer deux à trois heures. Ils planent avant de plonger pour récupérer leur proie en surface. Non pas avec leur bec mais avec leurs serres. Ce sont de super prédateurs mais ils ne réussissent pas en une fois. Il lui avait bien fallu vingt tentatives pour parvenir à ses fins », se souvient le directeur de la LPO Alsace, qui a fait partie du petit groupe d’observateurs privilégiés cet été. Avant le départ des parents, en septembre, puis un peu plus tard du nouveau-né, souvent en direction de l’Afrique subsaharienne.

« Un animal prestigieux »

« C’était impressionnant », savoure-t-il toujours en repensant à ces moments à admirer cet aigle d’une envergure proche de 1,60 m, « très esthétique, souple, léger, dynamique ». « C’est une espèce mythique, un animal prestigieux car il est au sommet de la chaîne alimentaire », appuie encore cet amoureux de la nature, qui espère maintenant que l’Alsace sera un lieu durable de reproduction.

« Le Rhin est redevenu exemplaire et n’est plus pollué comme il a pu l’être par le passé donc le couple pourrait faire des émules. A condition qu’on le laisse tranquille… On peut en voir quand ils pêchent mais il ne faut pas les déranger. Si dans vingt ans, on a dix couples chez nous, ce serait génial ! », conclut Christian Braun.