Les pêcheurs bretons s’agacent des restrictions envisagées pour limiter les prises de dauphins
EUROPE•L'Union européenne envisagerait des fermetures temporaires de la pêche au printemps pour épargner les cétacésC. A. avec AFP
Ils refusent une fermeture de leur pêche, même temporaire. Le 2 octobre, les professionnels de la mer de Bretagne ont fait part de leur opposition à une suspension de la pêche que l’Union européenne envisagerait, selon eux, en vue de limiter les prises accidentelles de dauphins. Selon le comité des pêches du Morbihan, cette fermeture s’appliquerait « à tous les fileyeurs, chalutiers pélagiques et bolincheurs français » et prendrait effet au premier trimestre 2021.
Cette décision ferait suite à l’ouverture en juillet d’une procédure d’infraction par la Commission européenne contre la France, l’Espagne et la Suède. Trois pays qui n’auraient « pas pris suffisamment de mesures pour empêcher les prises accidentelles de dauphins ». L’Etat français avait été condamné en juillet pour manque de protection. « Imposer une interdiction de pêche dans le Golfe de Gascogne serait injuste et arbitraire », dénonce Olivier Le Nézet, président du comité régional des pêches de Bretagne. « Ce projet de l’UE ne repose sur aucune considération scientifique prouvant son utilité. Il s’agit d’une mesure politique visant à répondre à l’émotion médiatique créée par quelques ONG environnementalistes », a-t-il ajouté.
Fin mai, le Conseil international pour l’Exploration de la mer (Ciem) a recommandé de nouvelles mesures pour limiter ces prises, à savoir « une combinaison de fermetures temporaires des pêcheries problématiques » et l’utilisation de « pingers » (dispositifs acoustiques destinés à éloigner les cétacés) sur les chalutiers pélagiques. Il a aussi évoqué des alternatives comme une fermeture de quatre semaines (mi-janvier à mi-février) de tous les métiers ou une baisse annuelle de 40 % de l’effort de pêche des pêcheries problématiques.
Des captures « inacceptables » selon le commissaire européen
Les pêcheurs s’engagent « si leurs revendications sont satisfaites » à « accepter à leur bord des observateurs indépendants » et « se disent prêts à participer à des programmes de recherche scientifique », selon le communiqué du comité des pêches du Morbihan. En février, le commissaire européen à la Pêche Virginijus Sinkevicius avait jugé « inacceptable » le niveau des prises accessoires de ces cétacés protégés. Selon lui, plus de 11.300 dauphins sont morts dans les filets des pêcheurs du Golfe de Gascogne au cours de l’hiver dernier.