Déconfinement en Bretagne : Les associations environnementales défendent leur « monde d’après »
ENVIRONNEMENT•Une lettre a été adressée à tous les élus de la région pour leur demander d’opérer un virage social et écologiqueJérôme Gicquel
L'essentiel
- Plusieurs associations environnementales ont adressé une lettre à tous les élus bretons pour leur demander de prendre d’urgence un virage social et écologique.
- Ils militent notamment pour une refonte complète du modèle agricole breton.
- Certains réclament aussi que les éclairages publics qui avaient été éteints pendant le confinement ne soient pas rallumés.
Ne surtout pas repartir comme avant. Comme bon nombre d’acteurs, les associations environnementales ont des pistes pour imaginer « le monde d’après » en Bretagne. Elles les exposent dans une lettre, intitulée « Pour une Bretagne résiliente, solidaire et vivante face aux crises » qui a été adressée pendant l’entre-deux-tours à tous les élus de la région. Car pour Carole Le Béchec, présidente de l’association Réseau Cohérence, « il n’y a pas de temps à perdre pour prendre le bon cap ». « Il faut changer profondément la manière dont on vit, on consomme et on aménage la Bretagne », estime pour sa part Jean-Luc Toullec, président de la Fédération Bretagne Nature Environnement (FBNE).
La missive de deux pages liste quelques priorités pour accélérer la transition écologique dans la région. Cela passe notamment par une réorientation « dès maintenant » des aides publiques vers les enjeux sociaux et climatiques. « La crise économique et sanitaire a relégué la crise écologique et climatique au second plan, souligne Jacques Pinchard, référent du pacte Finance-Climat dans la région. Il faut à présent que les investissements des collectivités soient fléchés vers des solutions vertes et des secteurs d’avenir ».
Une refonte complète du modèle agricole breton
Outre le développement des mobilités douces ou de l’économie sociale et solidaire, les associations environnementales plaident aussi pour une refonte complète du système agricole, l’un des piliers de l’économie bretonne. « Les Bretons ont montré pendant le confinement qu’ils étaient friands de circuits courts et il faut donc continuer dans cette voie », indique Carole Le Béchec.
Son collègue Jean-Luc Toullec évoque, lui, l’idée d’un grand plan pour une agriculture vivrière, à l’opposé du modèle intensif actuel. « C’est un modèle qui crée des emplois et il faut donc favoriser les installations, notamment dans la couronne rennaise où plein de jeunes demandent à avoir accès à du foncier », assure-t-il.
Un appel pour éteindre l’éclairage public
Dans leur lettre, les acteurs écologistes en appellent enfin à « la régénération du vivant ». Et sur ce point, la période de confinement a été utile selon eux. « On a assisté à une renaturation assez importante sur cette période assez courte, ce qui prouve qu’on peut vraiment changer les choses », estime Carole Le Béchec.
Pour poursuivre dans cette voie, les élus ont les moyens d’agir à travers des petits gestes concrets, estiment-ils. Pendant le confinement, de nombreuses communes ont ainsi décidé de couper l’éclairage public. Une idée « lumineuse » qui a eu des effets bénéfiques sur la faune selon Josselin Boireau du Groupe Mammologique Breton. « La lumière artificielle est nocive pour les animaux, cela perturbe la migration et la reproduction de certaines espèces », précise le naturaliste, ajoutant qu’un lampadaire « tue chaque soir 150 insectes ».
La période de confinement passée, il espère désormais que les élus ne rallumeront pas la lumière et prendront le temps de réfléchir aux secteurs et aux plages horaires où l’éclairage public est réellement nécessaire.