VIDEO. Bretagne : Un pêcheur croise la route d’un requin à la sortie du port de Trégastel
NATURE•Le requin taupe d’environ 2,50 mètres est venu s’amuser autour de son bateau
Camille Allain
Il n’a rien pêché, mais ce dimanche de juin restera longtemps gravé dans la mémoire de Jean-Charles Guichen. Plus connu pour son talent de guitariste que pour ses qualités de pêcheur, le Breton a fait une étonnante rencontre dimanche. Alors qu’il avait stoppé son petit voilier à la sortie du port de Trégastel ( Côtes d’Armor), l’artiste a reçu la visite d'un requin-taupe. Long d’environ 2,50 mètres, l’animal est venu à sa rencontre et a tourné pendant dix à quinze minutes autour du bateau. « On était installés depuis une heure ou deux quand il est apparu des fonds. Au départ, il fonçait droit sur nous. Mais ensuite, il est resté. Cela ressemblait à un chat qui venait se frotter au bateau », raconte Jean-Charles Guichen.
L’an dernier, l’artiste avait déjà fait la rencontre d’un spécimen encore plus gros dans le même secteur. Il en avait parlé la veille à l’ami qu’il a emmené naviguer dimanche. « Il avait mordu à mon hameçon. Il s’était décroché tout seul avant d’approcher du bateau. Je pense qu’il faisait plus de trois mètres », se souvient celui qui se décrit comme « un pêcheur du dimanche ». « Fasciné » par sa rencontre de dimanche, l’artiste qui vient de boucler son nouvel album live a publié sa vidéo sur YouTube où elle a rencontré un certain succès.
« S’ils sont là, c’est qu’il y a à manger »
Depuis sa rencontre avec l’animal, Jean-Charles Guichen a aussi été contacté par l’Apecs, une association finistérienne qui s’intéresse aux requins nageant dans les eaux bretonnes. « Ce n’est pas si rare que ça de voir des requins-taupes dans le secteur. Depuis six ou sept ans, on a des signalements réguliers dans cette zone des Côtes d’Armor au printemps et en été », explique Eric Stéphan. Le coordinateur de l’Association pour l’étude et la conservation des sélaciens estime même que cette présence « est un bon signe » pour la région. « Ce sont des animaux qui mangent des poissons comme le maquereau, le bar ou la sardine. S’ils sont là, c’est qu’il y a à manger ». La présence de l’archipel protégé des Sept Iles, la plus ancienne et la plus importante réserve ornithologique privée de France, y est sans doute pour quelque chose.
Avec son allure de petit requin blanc, le requin-taupe a de quoi faire peur. Mais le spécialiste se veut rassurant. « Jamais cette espèce n’a été impliquée dans un accident avec l’homme. C’est un animal sauvage donc il faut rester prudent mais il ne faut pas en avoir peur », assure Eric Stéphan. Longtemps pêché, celui que l’on appelle aussi « maraîche » est aujourd’hui protégé et sa capture est interdite en Europe depuis 2010.
Des campagnes de marquage à venir
Intriguée par les signalements de plus en plus fréquents, l’Apecs prépare une importante opération de marquage, comme elle l’a déjà fait pour les requins pèlerins qui nagent au large de la Bretagne. « Nous avons procédé à des essais et nous mènerons deux campagnes en septembre et l’an prochain. L’objectif est de comprendre ce qu’ils font là, de voir quels sont leurs déplacements. Ça attise notre curiosité », avoue le scientifique. Pendant le confinement, plusieurs requins avaient été observés près des côtes. Un requin-pèlerin, le deuxième plus grand du monde, a même été vu dans le port de Brest.