« Les enfants sont de formidables courroies de transmission de l’écologie », estime l’autrice Elsa Grangier
INTERVIEW•Elsa Grangier, l’autrice de « Rêver grand », qui vient de sortir en librairie, a suivi l’engagement d’enfants dans leur lutte pour sauver la planètePropos recueillis par Delphine Bancaud
L'essentiel
- Dans Rêver grand, ces enfants qui s’engagent pour la planète*, qui vient de paraître en librairie, Elsa Grangier raconte l’action d’élèves d’un quartier défavorisé de Poissy (Yvelines) en faveur de l’écologie.
- Un ouvrage qui témoigne de l’implication croissante des jeunes dans le combat pour la sauvegarde de la planète.
C’est l’histoire d’une épopée verte. Dans Rêver grand, ces enfants qui s’engagent pour la planète*, Elsa Grangier raconte l’action d’élèves d’un quartier défavorisé de Poissy (Yvelines) en faveur de l’écologie : de l’écriture d’une BD sur la biodiversité à la participation à une déclaration européenne des droits de la Terre, qu’ils vont défendre devant la Commission européenne et l’Organisation des Nations Unis…
Ces jeunes, qui ont créé l’association « Le lobby de Poissy » en réaction à la démission de Nicolas Hulot, en août 2018, comptent bien faire encore parler d’eux. Un ouvrage qui témoigne de l’implication croissante des jeunes dans le combat pour la sauvegarde de la planète.
Votre livre montre bien que les préoccupations écologiques ne sont pas l’apanage d’une classe sociale…
Oui, car tous les enfants sont fascinés par la nature et les animaux, quel que soit leur milieu social. Et même s’ils ne sont pas tous immergés par leurs parents dans l’actualité environnementale, dans de nombreuses écoles, y compris en éducation prioritaire, des enseignants égrainent des thématiques écologiques dans leurs enseignements.
C’est le cas de l’enseignante de CM2 que j’ai rencontrée à Poissy : elle a emmené ses élèves en classe verte, les a sensibilisés à l’écologie, leur a fait écrire une BD sur la biodiversité… D’ailleurs, des enseignants ont créé un site - profsentransition.com -, qui leur permet d’échanger des outils pédagogiques.
Beaucoup d’enfants qui se penchent sur les sujets environnementaux deviennent parfois éco-anxieux. Comment expliquez-vous que ceux du « lobby de Poissy » ne le soient pas devenus ?
Leurs actions ont annihilé leur potentielle anxiété. Ils sont dans une démarche d’écologie constructive : ils ont écrit une BD, participé à des ramassages de déchets, collaboré à la rédaction d’une proposition de loi sur la protection de la biodiversité, pris part à la rédaction d’une Déclaration européenne des droits de la Terre… Ils rejettent les discours culpabilisants et veulent surtout avancer.
Mais cette Déclaration universelle des droits de la planète peut-elle vraiment avoir un impact ?
C’est un premier pas pour avoir une réflexion plus profonde sur le droit de l’environnement. Un de nos objectifs est aussi que cette déclaration soit lue lors de la COP26 et qu’un maximum de pays l’amende et la ratifie. Nous aimerions aussi que cette déclaration soit affichée dans les écoles.
Le fait que la jeunesse demande des comptes aux politiques peut-il accélérer leur action en faveur du climat ?
Oui, d’ailleurs la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a invité Greta Thunberg à Bruxelles la semaine dernière, le jour de la présentation de son projet de loi prévoyant la neutralité carbone d’ici à 2050. Et l’influence de la jeunesse sur les politiques écologiques sera croissante, car les jeunes sont un réservoir d’électeurs. Et que les personnalités politiques ont conscience du poids grandissant des actions collectives.
Ces jeunes sont-ils les meilleurs ambassadeurs de l’écologie auprès de leurs parents ?
Oui, les enfants sont de formidables courroies de transmission de l’écologie. Leur force de prescription d’achats éco-esponsables est très importante, et ils poussent leurs parents à être plus exigeants envers eux-mêmes. Exemple : Stéphanie, la maman de Thomas, a été poussée par son fils à être plus rigoureuse dans le tri des déchets, la gestion du plastique.
Pensez-vous que l’engagement citoyen de ces enfants envers l’écologie va perdurer lorsqu’ils grandiront ?
Je le crois, car ils se sont rendu compte que l’action était possible et que les démarches collectives avaient du poids.
a