Pesticides dans l’air : Générations Futures tire la sonnette d’alarme
SANTE•En se basant sur les données relevées en France par les associations agréées de surveillances de la qualité de l’air sur la présence de pesticides dans l’atmosphère, l’ONG a évalué la proportion considérée comme cancérogènes ou perturbateurs endocriniensF.P.
Dans les fruits et légumes, dans l’eau… Mais aussi dans l’atmosphère. Dans un rapport publié ce mardi 18 février, l’ONG Générations futures tire la sonnette d’alarme sur la présence, dans l’air en France, de pesticides perturbateurs endocriniens (PE)* et/ou cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) »…
L’ONG s’appuie sur les données publiées par l’Atmo France, fédération des associations agréées de surveillances de la qualité de l’air (Aasqa), le 18 décembre dernier. Ce premier rapport, intitulé « PhytAtmo », compile les résultats de quinze ans de mesures de pesticides dans l’air sur l’ensemble du territoire français réalisées par les Aasqa.
Deux analyses complémentaires pour éviter les biais
Dans un second temps, Générations Futures a cherché à évaluer, parmi les pesticides retrouvés dans l’air par Atmo France ceux étaient des PE ou suspectés de l’être, et ceux qui étaient des CMR, ces deux catégories ayant des effets toxiques sans seuil, c’est-à-dire même à très faible dose.
Les données colletées par les Aasqa ont leurs limites. Ces associations de surveillance de la qualité de l’air ne recherchent pas toutes les mêmes molécules dans leurs analyses, ni utilisent les mêmes techniques ou encore reconduisent les études à la même fréquence. Pour éviter les biais dans les résultats, Générations Futures a réalisé deux analyses complémentaires, précise l’association dans un communiqué.
La première s’est basée sur les données de l’année 2017, les plus récentes. mais disponibles dans un nombre limité de région. Celles où l’association locale de surveillance de qualité de l’air avait entrepris des mesures cette année-là. A savoir Corse, Hauts-de-France, Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Centre-Val de Loire, détaille Le Monde. La seconde analyse concerne l’ensemble du territoire, mais certaines mesures peuvent être relativement anciennes.
« L’air, une voie d’exposition réelle des populations »
Les résultats ? Sur « l’analyse 2017 », 52 substances actives différentes (pour un total de 1.633 molécules identifiées et quantifiées) ont été retrouvées au moins une fois dans les huit régions où des mesures ont été effectuées cette année-là. Parmi celles-ci, 28,83 % étaient des pesticides classés CMR 1 ou 2 selon l’UE et 61,53 % étaient des pesticides suspectés PE dans la base de données TEDX.
Dans la seconde analyse, 104 substances actives différentes ont été retrouvées dans douze régions différentes. 33,65 % étaient des pesticides classés CMR 1 ou 2 selon l’UE et 66,34 % étaient des pesticides suspectés PE.
« Ces résultats témoignent du fait que l’air est une voie d’exposition réelle des populations à des pesticides PE et/ou CMR, pointe Générations Futures. Ceci est particulièrement préoccupant pour les groupes bulnérables que sont les riverains des zones cultivées, particulièrement exposés. » L’association s’inquiète en particulier de la présence de substances actives « perturbateurs endocriniens » parmi les résidus de pesticides quantifiés dans l’air. « Car pour ces substances, c’est plus la période d’exposition qui fait le risque que le niveau d’exposition, précise Générations Futures. Et donc même des quantités faibles de pesticides PE dans l’air peuvent avoir potentiellement des effets néfastes si l’exposition a lieu à des périodes spécifiques de la vie. »
« Sortir l’agriculture des pesticides de synthèse »
François Veillerette, directeur de Générations Futures appelle alors les pouvoirs publics « à réduire rapidement l’utilisation des pesticides en agriculture » jusqu’à sortir, à terme, les pesticides de synthèse de l’agriculture. Une demande déjà formulée par l’ONG fin novembre.
Générations Futures demande également « à accélérer le retrait des substances CMR et PE reconnues mais également celles suspectées de l’être » et « à mieux informer et protéger les populations les plus exposées en milieu rural en introduisant des zones tampons réellement protectrices d’au moins 100 mètres ».
Un arrêté, publié toute fin décembre, instaure depuis le 1er janvier des zones de non-traitement aux pesticides aux abords des habitations en France. Mais de trois jusqu’à 20 mètres en fonction des cultures, des techniques d’épandage et des produits utilisés. Loin donc des 100 mètres demandés par Générations Futures.