Méditerranée : Braconnage, réchauffement climatique… Les oursins se font rares cette année
ENVIRONNEMENT•Le Parc marin de la Côte bleue constate une diminution du nombre d’oursins en mer Méditerranée. Le réchauffement de la température de l’eau, mais aussi le braconnage semblent être en causeJean Saint-Marc
L'essentiel
- En octobre 2019, il n’y avait, en moyenne, qu’1,99 oursins par mètre carré le long de la Côte bleue, loin de la moyenne de 2,54 établie sur les dix dernières années.
- Les températures élevées de l’eau, cet été, pourraient avoir gêné la reproduction des oursins. Le braconnage et la surpêche sont aussi en cause.
Du soleil, du vin blanc et des oursins. Cette trilogie est un incontournable de l’hiver en Provence. Tous les week-ends, les villages côtiers de la Côte Bleue organisent leurs traditionnelles « oursinades. » Cette année, il faudra peut-être accepter de déguster des oursins pêchés en Galice. « Les oursins se font rares, on constate qu’il y en a moins que d’habitude », lance Patrick Petit, président de l’amicale des pêcheurs de Sausset-les-Pins.
« J’en pêche moins que d’habitude, mais il faut dire aussi qu’on a eu beaucoup de jours de mauvais temps depuis l’ouverture », peste William Tillet, pêcheur installé à Martigues. « Je ne sais pas s’il y en a moins, mais en tout cas, ils sont beaucoup moins jolis qu’avant », nuance Damien Feraud, lui aussi pêcheur professionnel.
« Les conditions climatiques sont spéciales »
Selon William Tillet, « les conditions climatiques sont spéciales depuis trois ans, entre les vents, les courants et la température de l’eau, cela perturbe sans doute les oursins ». Les températures élevées de l’eau, cet été, pourraient ainsi avoir gêné la reproduction des « châtaignes de mer. »
a« La densité en petits oursins est très faible, alerte Boris Daniel, directeur du Parc marin de la Côte bleue. La capacité de renouvellement n’est pas là, c’est ça qui est inquiétant ! » Le Parc effectue des comptages deux fois par an. En octobre 2019, avant le début de la saison, il n’y avait, en moyenne, qu’1,99 oursin par mètre carré, loin de la moyenne de 2,54 établie sur les dix dernières années.
Fort braconnage
« C’est difficile d’expliquer précisément cette évolution, reconnaît Boris Daniel. La population est atteinte par les apports en eau douce, par les températures trop élevées et par la pression de pêche, bien sûr, avec un fort braconnage. »
Pour expliquer la baisse du nombre d’oursins, les pêcheurs pointent le réchauffement climatique, mais supposent aussi que le fait que les eaux rejetées par les stations d’épuration sont de plus en plus propres perturbe l'alimentation des oursins… Les grosses oursinades de janvier-février, qui exigent de grandes quantités d’oursins, ont aussi leur part de responsabilité. « Il faudrait peut-être laisser certains endroits trois ou quatre ans sans ramasser, estime le pêcheur Patrick Petit. Car vous vous rendez compte tout ce qui passe lors des oursinades ? »