Lyon : Hirondelle, chardonneret, coucou. Pourquoi faut-il s'inquiéter de la diminution du nombre d'oiseaux communs ?
ENVIRONNEMENT•Certaines espèces d’oiseaux bien connues de l’homme voient leur nombre diminuer dangereusement d’après les dernières études menéesLancelot Mésonier
L'essentiel
- Les oiseaux communs ont diminué de 5 % sur l'ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
- Certaines espèces sont en danger d'extinction, à l'image du moineau friquet qui a perdu 80 % de sa population en 20 ans.
«Cela fait 21 ans que je travaille à la LPO, je suis en train de voir des espèces disparaître que je n’aurais jamais imaginé voir s’éteindre de mon vivant ». Chargé d’études à Ligue pour la protection des oiseaux du Rhône, Cyrille Frey tire la sonnette d’alarme. Il réagit aux derniers résultats du suivi temporel des oiseaux communs (STOC). Une étude pilotée au niveau hexagonal par le Muséum national d’Histoire naturelle, qui veille à la bonne santé de la planète, en partenariat avec les associations en région. Deux fois par an depuis 2002, en hiver et au printemps, des bénévoles participent sur des zones prédéfinies à un comptage des oiseaux communs.
Les conclusions du dernier rapport sont « alarmantes », selon Cyrille Frey. Les oiseaux communs ont diminué de près de 5 % depuis 2002 sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les chiffres sont d’autant plus parlants pour les oiseaux des milieux agricoles et des villes puisqu’ils ont diminué de 16 %. Parmi les espèces les plus touchées, on retrouve l’hirondelle rustique qui a décliné de 17 %, le moineau friquet a perdu 80 % de sa population en 20 ans, et le chardonneret vient d’être classé « vulnérable ».
Victime de l’omniprésence de l’homme
Pour Cyrille Frey, le plus inquiétant réside dans le fait que « même les oiseaux qui vivent et sont habitués au contact de l’homme depuis des siècles en viennent à ne plus pouvoir survivre ». C'est la conséquence, selon l'association, de la façon dont l’homme a transformé ses paysages.
« En ville, il n’y a plus d’espaces verts, donc plus d’insectes. Même sur l’architecture urbaine, les oiseaux ne peuvent plus se poser et construire des nids », décrit-il. De même, les territoires agricoles aussi ne sont plus accueillants pour les oiseaux, en raison de l’utilisation permanente de pesticides qui tuent les insectes indispensables à leur survie. Idem pour les herbicides.
Quelles solutions ?
« Techniquement, on sait comment faire, explique Cyrille Frey. Il faut réintroduire de la naturalité dans notre environnement ». Grâce à l’implantation de plus d’espaces verts en ville, en laissant pousser des mauvaises herbes aux pieds des arbres, en arrêtant de ramasser les bois morts en forêt, et évidemment en cessant l’utilisation de tous pesticides nocifs. Tout le monde peut contribuer à son échelle selon le bénévole de la LPO. « Pour ceux qui ont un jardin, il convient de laisser une zone de terrain non ou rarement tondue ».
Cependant, même si chaque petite contribution compte, la situation est bien plus alarmante : « Les petits gestes ne suffisent plus, on a besoin de politiques qui prennent des directives fortes pour la sauvegarde de notre environnement », estime-t-il. Toutefois, au cours de ces 20 dernières années, certaines espèces ont augmenté leur nombre, comme le merle noir qui a vu sa population grimper de 5 %. Cela, grâce à aux efforts des associations et aux professionnels qui mettent tout en œuvre pour leur pérennisation.