Municipales 2020 : Et si l’enjeu était d’abord celui de la transition écologique ?
POLITIQUE•A cinq mois des élections, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publie un guide à destination des candidats pour les aider à verdir leur programme. Une première qui témoigne de l’enjeu écologique de ces municipales 2020Fabrice Pouliquen
L'essentiel
- Alimentation, mobilité, valorisation des biodéchets, qualité de l’air… L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) publie ce mercredi un guide de solutions éprouvées pour mener la transition écologique dans les territoires.
- La cible ? Les candidats aux prochaines élections municipales de mars 2020. L’enjeu est de taille, souligne l’Ademe, pour qui les maires sont en première ligne.
- En tout, le guide balaie vingt thématiques clés en citant, pour chacune d’elles, des pistes déjà testées par des collectivités françaises.
Les maires, têtes de proue de la transition écologique ? « Les impulsions de l’État ne suffiront pas, prévient en tout cas Arnaud Leroy, le président de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). S’il n’y a pas de mises en œuvre concrètes de cette transition au niveau des territoires, quelle que soit leur taille, nous n’y arriverons pas. »
A cinq mois des prochaines élections municipales, le message ajoute un peu plus de pression encore sur les épaules des candidats. D’autant plus « que le mandat des maires qui vont entrer en fonction, de 2020 à 2026, est l’un des derniers à être vraiment utile pour faire cette transition écologique, ajoute Fabrice Boissier, délégué général de l’Ademe. On ne pourra pas attendre d’être à mi-mandat pour agir. Et en 2030, il sera trop tard. »
De la gouvernance durable à la sensibilisation des jeunes
Dans ce contexte, pour la première fois, l’Ademe publie un guide destiné à aider les candidats à verdir leurs programmes électoraux. Intitulé « Demain mon territoire », il sera présenté officiellement au prochain Salon des maires et des collectivités locales, qui s’ouvre ce mardi 19 novembre à Paris (porte de Versailles), avant d’être mis à disposition dans les antennes régionales de l’Ademe.
A l’intérieur, vingt fiches qui détaillent, pour chaque thématique abordée, une palette de solutions éprouvées pour engager la transition écologique. Le panorama est large et concerne toutes les communes. Il va de la gouvernance (organisation dédiée à la transition écologique, mobilisation des habitants…) à la sensibilisation des jeunes, en passant par l’alimentation, la production d’énergie, la nature en ville, la mobilité, la gestion des déchets, la qualité de l’air.
Certaines de ces thématiques ne sont normalement pas nouvelles pour les maires. Comme le tri des déchets, inscrit dans la loi depuis 1992. En revanche, ce guide aborde aussi un ensemble de thématiques émergentes sur lesquelles les communes vont devoir changer de braquer dès le prochain mandat, estime Arnaud Leroy. « C’est l’économie circulaire, la valorisation des biodéchets, l’approvisionnement alimentaire des cantines, l’intégration des nouvelles solutions de mobilité, les économies d’énergie », liste-t-il.
Une multitude d’exemples d’où s’inspirer
Derrière, se profile bien souvent une multitude de casse-tête potentiels pour un maire, et dont les réponses ne figurent pas toujours dans les articles de loi. C’est tout l’objet de ces vingt fiches, qui courent toutes sur quatre pages. « La première expose la problématique, la deuxième les axes d’actions – autrement dit " Comment faire ? " –, la troisième liste des bonnes pratiques déjà mises en œuvre dans des communes de France et la quatrième, enfin, propose un résumé », détaille Fabrice Boissier.
Sur le volet « mobilité », l’Ademe cite notamment en exemple une communauté des Hauts-de-France qui a ouvert les lignes de transports scolaires à d’autres publics que les élèves, y compris en heure de pointe. Ou encore une intercommunalité de Bourgogne-Franche-Comté qui a développé un réseau sécurisé d’auto-stops dans 66 villages. Pour l’aménagement durable des territoires, l’Ademe évoque une petite ville d’Auvergne qui a acheté un ancien site industriel pour y construire une salle polyvalente entourée de 15.000 m² d’espaces publics. L’aménagement de cette ancienne friche, dépolluée et végétalisée, a permis d’éviter l’artificialisation d’une surface équivalente à près de quatre terrains de football.
Autre exemple pris par l’Ademe, cette fois-ci dans la thématique « nature en ville », la charte adoptée par une commune francilienne encourageant la participation des habitants, associations et conseils de quartier pour végétaliser leurs villes. Les volontaires ont alors l’autorisation de jardiner près de chez eux, en respectant certaines règles et en se faisant accompagner par le « comité de végétalisation ».
Au cœur des prochaines municipales ?
Chaque fiche comprend ainsi quatre exemples. Mais jamais les communes ou les communautés de communes évoquées ne sont citées. Devoir de réserve oblige, l’Ademe, établissement public, ne voulant pas être accusé de favoriser tel ou tel parti. « Si ce guide est apartisan, puisqu’il s’adresse aux candidats de tous les bords politiques, il n’est en revanche pas apolitique, insiste Arnaud Leroy. Au contraire, des sondages concordent pour montrer que la transition écologique est une préoccupation majeure dans l’opinion publique et que de nombreux Français souhaitent qu’elle soit une priorité de leur prochain maire. »
Si l’Ademe dit déjà être en contact avec de nombreuses municipalités et communautés de communes, elle fait aussi le constat que des territoires lui échappent encore et que tous n’ont pas encore engagé leur transition écologique. C’est aussi l’objectif de ce guide pour l’agence : aller chercher les élus qui lui manquent.
On en revient au postulat de départ d’Arnaud Leroy : « les maires doivent être les hussards de la transition écologique ». Même si bon nombre des compétences abordées dans le guide relèvent plus aujourd’hui des communautés de communes que des villes elles-mêmes ? « C’est pour ça que ce guide s’appelle " Demain, mon territoire " et non pas " Demain, ma commune ", répond le président de l’Ademe. Mais ça n’enlève rien à l’importance des maires, qui gardent des marges de mains-d’œuvre pour tenter des choses. » Puis convaincre les collègues de la communauté de communes de se lancer dans l’aventure.