Pyrénées : Le plan « Pastoralisme et ours » fait bondir les défenseurs du plantigrade
BIODIVERSITE•Un collectif d’associations, favorable à l’ours dans les Pyrénées, a saisi le Conseil d’Etat pour s’opposer aux nouvelles règles d’indemnisation des éleveurs et à l’effarouchement des plantigradesN.S. avec AFP
L'essentiel
- Le collectif d’associations CAP-Ours proteste contre « l’effarouchement systématique des ours et la surindemnisation » des éleveurs décidés, selon les écologistes, dans le plan « Pastoralisme et ours ».
- Plusieurs plaintes ont été déposées par le collectif, qui a également saisi le Conseil d’Etat.
L’ambiance ne va pas s’apaiser de sitôt dans les Pyrénées, entre partisans et opposants à l’ours. Le collectif d’associations CAP-Ours, favorable au plantigrade, a annoncé ce jeudi avoir saisi le Conseil d’Etat et les tribunaux administratifs compétents. Son objectif : contrer les nouvelles règles d’indemnisations des éleveurs pour dommages liés aux ursidés, ainsi que l’arrêté autorisant leur effarouchement.
« Certaines plaintes ont déjà été déposées, le Conseil d’Etat a déjà été saisi, d’autres sont en cours », a précisé Alain Reynes, directeur du Pays de l’Ours, une des associations du collectif.
Dans la ligne de mire : les mesures de la feuille de route étatique « Pastoralisme et ours », « notamment l’effarouchement systématique des ours et la surindemnisation, y compris quand l’ours n’est pas en cause, du bétail mort », selon un communiqué de CAP-Ours. Elles ne seraient « ni pertinentes ni efficaces », et en infraction au cadre légal imposant à la France de restaurer une population viable d’ours dans le massif pyrénéen.
Les pro-ours reprochent au nouveau système d’indemnisations, mis en place par un texte ministériel en juillet, de conduire à une indemnisation systématique des éleveurs si la responsabilité de l’ours ne peut pas être écartée dans leurs pertes, sans recherche d’éléments tangibles. Selon le dernier bilan officiel du 21 octobre, les demandes de dédommagements pour dégâts liés au plantigrade ont bondi cette année, à 565 contre 443 pour la même période de 2018, concernant 1.155 ovins morts contre 669 l’année précédente.
Des dommages bien supérieurs à la valeur des brebis, selon CAP-Ours
« Nous contestions déjà le système précédent mais il était appliqué avec un certain discernement, ce n’est plus le cas », a déploré Alain Reynes. CAP-Ours conteste aussi le nouveau calcul des indemnisations, aboutissant selon ce collectif au versement de dommages bien supérieurs à la valeur des brebis retrouvées mortes.
Le recours contre l’effarouchement vise un arrêté publié fin juin au Journal officiel, prévoyant l'« effarouchement simple, à l’aide de moyens sonores, olfactifs et lumineux » et « l’effarouchement renforcé, à l’aide de tirs non létaux » en cas de risque de prédation sur des troupeaux. Douze autorisations d’effarouchement simples ont été délivrées en Ariège et en Haute-Garonne, a indiqué ce jeudi la préfecture d’Occitanie, au sortir d’une réunion du groupe « pastoralisme et ours ». Selon la même source, l’effarouchement renforcé a été mis en œuvre sur six groupements pastoraux d'Ariège.
La préfecture de l’Ariège également dans le viseur
Mais CAP-Ours veut aussi se tourner contre la préfecture de ce dernier département, où se concentrent les ours pyrénéens, pour avoir autorisé pour la première fois en juillet une telle action, au lendemain d’une chute mortelle de plus de 60 brebis.