PLANETELe difficile déséchouement d’un cargo en pleine réserve naturelle

Corse : Déséchouer le cargo « Rhodanus », une « opération délicate » et risquée pour l’environnement

PLANETEUn cargo s’est échoué sur les côtes corses à Bonifacio en Corse, en pleine réserve naturelle. Son déséchouement s’annonce compliqué et pas sans danger pour l’environnement
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Un cargo s’est échoué sur les côtes corses ce week-end, en pleine réserve naturelle
  • Il s’agit désormais de régler la situation sans détruire l’environnement, une tâche compliquée.
  • L’armateur va d’abord devoir trouver une solution pour alléger le cargo au plus vite.

Comment déséchouer un cargo, planté près des côtes de Bonifacio, en Corse, au beau milieu de la plus vaste réserve naturelle de France, sans détruire l'environnement et créer une quelconque pollution ? Telle est l’équation difficile que doivent résoudre en ce moment même les autorités après l’échouement du Rhodanus sur les côtes corses dans la nuit de samedi à dimanche.

« C’est une opération complexe, délicate, dans une zone compliquée, reconnaît la capitaine de frégate Christine Ribbe, chargée de communication au sein de la préfecture maritime de la Méditerranée. On fait notre maximum mais on ne peut pas garantir qu’il n’y a pas d’impact, notamment environnemental. »

« Il y a quand même 30 t de fioul à bord »

« La réserve naturelle des Bouches de Bonifacio constitue la partie française du parc marin international des Bouches de Bonifacio géré conjointement par la France et l’Italie, rappelle l’association Robin des Bois dans un communiqué de presse. Le site abrite des espèces remarquables de faune et de flore, c’est aussi un lieu de passage pour le grand dauphin, le rorqual ou le requin-pèlerin. »

« Tant que je verrai que ce bateau n’est pas parti dans de bonnes conditions, je serai inquiet, abonde Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio. On nous dit que pour le moment, il n’y a pas de phénomène de pollution constatée. Je fais confiance à l’Etat. Mais il y a quand même 30 t de fioul à bord ! »

Alléger le bateau en urgence

Les autorités sont en effet dans une impasse : impossible, comme cela a pu être fait dans des cas similaires, de tirer le cargo sur la terre ferme, avec sa lourde cargaison de bobines de fer d’un poids total de 2.600 tonnes. « En tirant le bateau, dont le nez est actuellement posé sur les rochers, on pourrait potentiellement créer des dégâts sur l’écosystème ou le briser en deux », explique la capitaine de frégate Christine Ribbe.

Les autorités maritimes ont donc contacté l’armateur pour qu’ils allègent au plus vite le bateau de sa cargaison. « L’armateur et ses assurances travaillent actuellement pour nous proposer des solutions, qui pourraient être l’utilisation d’une grue ou toute autre chose », poursuit-elle. Un processus qui se révèle potentiellement long. En attendant, l’arrière du bateau, qui flotte toujours, a été amarré afin qu’il ne bouge plus.

La ministre sur place

L’inquiétude est d’autant plus grande que l’incident n’est pas une première dans la zone. « On a déjà connu la catastrophe du Fenes, ce bateau qui s’était échoué dans la réserve naturelle en 1996, rappelle Jean-Charles Orsucci. Et le fameux bateau de maître Gims victime d’un incendie cet été a coulé à quelques mètres de là ! »

La ministre de la Transition ecologique et solidaire, Elisabeth Borne, se rend sur place et tiendra cet après-midi une conférence de presse. De quoi peut-être en savoir plus sur les circonstances de cet échouement, bien mystérieuses, les autorités ayant procédé à des appels répétés vers le cargo pendant cinquante minutes pour lui indiquer qu’il ne prenait pas la bonne trajectoire et qu’il risquait de s’abîmer sur les côtes.