LIANESDes archéologues découvrent que l’Amazonie a déjà été très peuplée

Brésil : Des archéologues découvrent que l’Amazonie n’est peut-être pas si vierge que ça

LIANESLa théorie selon laquelle l’Amazonie était une forêt en grande partie vierge est, depuis les années 1980, battue en brèche
20 Minutes avec AFP

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Des fouilles archéologiques menées dans l’Amazonie brésilienne renforcent la théorie selon laquelle la région a déjà été densément peuplée, avec jusqu’à 10 millions d’habitants avant l’arrivée des premiers colonisateurs européens au XVIe siècle. De quoi battre en brèche la vision d’une forêt absolument vierge, un océan vert pratiquement inhabité. Les fouilles, conclues en août, ont permis de retrouver des fragments d’objets en céramique ou de pierres taillées sur de vastes superficies de la forêt nationale de Tefé, zone protégée au cœur de l’Amazonie brésilienne.

« Au début, nous pensions être en présence d’un seul site au bord d’un lac, mais il y en avait de nombreux autres. C’est un vrai complexe archéologique », explique l’archéologue Rafael Lopes, chercheur à l’Institut de développement durable Mamiraua, qui gère la réserve naturelle du même nom. Des traces d’espèces de plantes domestiques telles le cacao, l’acai ou le cupuaçu, et la présence avérée, il y a plus de 500 ans, de châtaigneraies fournies laissent penser que la région a été habitée par au moins cinq peuplements différents, y compris les communautés riveraines du fleuve Amazone et indigènes actuelles.

Décimés par les maladies européennes

« Les chroniques de voyageurs qui ont descendu l’Amazone au XVIe et XVIIe siècles font état de populations importantes, de milliers de personnes et de villages étendus, à moins d’une demi-heure de marche les uns des autres, en particulier dans la zone de Tefé », relève Rafael Lopes. D’après des études scientifiques, entre huit et dix millions de personnes vivaient dans l’ensemble de l’Amazonie avant l’arrivée des premiers Espagnols et Portugais.

Ces hommes blancs ont apporté avec eux des maladies qui sont devenues épidémiques et se sont lancés dans des campagnes de conquête qui ont décimé les populations locales, poursuit le chercheur. Ainsi, les naturalistes européens qui se sont aventurés dans la région au XIXe siècle ont-ils pensé que l’Amazonie était un biome quasiment vierge. Mais dans les années 1980, cette théorie a commencé à être battue en brèche. Et les expéditions de Rafael Lopes ont apporté des éléments supplémentaires.

Pour l’archéologue, « nous devons mieux comprendre la manière dont (les populations d’origine) ont habité et habitent la forêt et nous devons nous servir de ces modèles, et pas seulement en Amazonie. Cela peut nous permettre de préserver, et même de récupérer d’autres biomes, une tâche importante, principalement dans l’époque de cataclysme climatique que nous vivons actuellement ».