Faut-il espérer, à Biarritz, un G7 à la hauteur des enjeux climatiques ?

G7 à Biarritz : A quelles avancées s’attendre sur les enjeux climatiques ?

CLIMATOn parlera climat, ce samedi et jusqu’à lundi, à Biarritz, pour le nouveau sommet du G7, cette réunion des sept pays les plus riches du monde occidental. Emmanuel Macron, qui assure la présidence de ce groupe en 2019, l’a promis. Reste à savoir en quels termes
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

L'essentiel

  • Biarritz accueille, à compter de samedi soir et jusqu’à lundi après-midi, le sommet annuel du G7, la réunion annuelle des chefs d’Etats et de gouvernement des sept pays les plus riches du monde occidentale.
  • Cette année, la France assure la présidence du G7, privilège qui lui donne le droit de fixer l’agenda. Emmanuel Macron assure alors qu’on y parlera des enjeux environnementaux, de l’adoption de la charte de la biodiversité au fonds vert pour le climat.
  • Mais faut-il s’attendre à une véritable hausse de l’ambition climatique de ces sept pays qui pèsent lourd dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre ? Le Réseau action climat, fédération d’ONG environnementales, a des doutes.

«Notre maison brûle. Littéralement. […]. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence ». Après une conférence de presse mercredi, consacré aux sujets qu’Emmanuel Macron voulait voir abordés au G7 de Biarritz, le président français a de nouveau rappelé, jeudi soir, dans un tweet, que les questions climatiques seront incontournables lors du sommet qui commence ce samedi soir, dans la cité balnéaire basque.

Jusqu’à lundi, les chefs d’Etats et de gouvernement des sept pays les plus riches du monde occidental s’y retrouveront. Soit la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, les Etats-Unis, le Canada et le Japon. Associé aux discussions du G7 depuis 1977, le président de l’Union européenne sera également présent, de même que les représentants de huit pays invités (Afrique du Sud, Australie, Burkina Faso, Chili, Égypte, Inde, Sénégal et Rwanda).

L’environnement, fil rouge de la présidence française du G7

La France assure pour 2019 la présidence de ce G7, un privilège qui lui permet notamment de pousser les sujets qu’elle souhaite à l’agenda. Sans surprise, l’environnement en est un, Emmanuel Macron visant le « leadership » international sur les questions climatiques. La présidence française a ainsi organisé un G7 de l’environnement, les 5 et 6 mai dernier, à Metz.

Ces réunions des ministres de l’Environnement des sept pays avaient déjà été organisées par le passé, mais le rendez-vous n’est pas systématique et il revient au pays qui en assure la présidence de l’organiser ou non.

Un G7 de l’environnement qui a (mal) préparé le terrain ?

« Ces deux jours ont débouché sur quelques résultats que l’on peut saluer », note Pierre Cannet. Le codirecteur des programmes de WWF France cite la Charte de Metz pour la biodiversité qui reconnaît, notamment, l’importance « de traiter la biodiversité en tant qu’élément essentiel des dialogues du G7 compte tenu des pressions croissantes qui menacent gravement la biodiversité au niveau mondial ». Plus généralement, dans le communiqué final, « il y avait aussi des éléments de langage intéressants, notamment la reconnaissance du rôle important de la science et de la recherche pour appuyer un développement durable », note Pierre Cannet.

Lucile Dufour, responsable des politiques internationales et développement au Réseau action climat (RAC), une fédération de 22 associations environnementales, ne voit rien non plus de transcendant dans ce qui est sorti de ce G7 de l’environnement. « Ces sept pays n’ont pas dit à Metz qu’ils étaient prêts à revoir leurs objectifs climatiques à la hausse, à atteindre la neutralité carbone avant 2050 ou encore à faire des promesses financières nouvelles et ambitieuses pour l’atténuation et l’adaptation du changement climatiques dans les pays les plus pauvres, rappelle-t-elle. Or, ce groupe [qui représente 10 % de la population mondiale et 40 % du PIB mondial] a émis à lui seul 10 milliards de tonnes équivalent C02 en 2016, soit 19,4 % des émissions mondiales. Quant à leurs objectifs climatiques pris à la COP21, non seulement ils ne les respectent toujours pas, mais ils sont aussi insuffisants, puisqu’ils nous conduisent d’ici à la fin du siècle à un réchauffement compris entre +3 °C et +4 °C. »

Le fonds vert pour le climat au cœur des enjeux

Le sommet de Biarritz est potentiellement une occasion de rectifier le tir. Le climat est bien l’une des thématiques qu’Emmanuel Macron entend mettre à l’agenda de ces trois jours de réunion. La Charte pour la biodiversité signée à Metz y sera déjà présentée pour adoption par les chefs d’État et de gouvernement, précise l’Elysée.

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« Nous aurons à annoncer nos engagements pour la reconstitution du Fond vert pour le climat », indiquait aussi, ce mercredi, Emmanuel Macron. Créé à la COP de Copenhague en 2009, ce fonds est l’un des mécanismes financiers de l’ONU permettant de faire financer par des pays riches des programmes de réductions des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au réchauffement climatique dans les pays en développement. A sa première capitalisation, en 2014, le fonds était doté de 9,3 milliards de dollars de promesses de dons. Il en récoltera finalement 7 milliards après la décision de Donald Trump de geler 2 des 3 milliards de contributions promises par les Etats-Unis sous le mandat de Barack Obama. Sept milliards qui ont permis de financer à ce jour 102 projets dans des pays du sud, comptabilisait le site d’informations Euroactiv, le 9 juillet dernier.

L’heure est à recapitaliser le fonds vert, sans toujours pouvoir compter sur les Etats-Unis. Les autres pays donateurs vont donc devoir revoir à la hausse leur contribution. « L’Allemagne a d’ores et déjà annoncé qu’elle porterait sa participation à 2 milliards de dollars, soit un doublement par rapport à la période précédente, indique Noémie Coudurier, responsable de campagne climat et sécurité alimentaire chez Oxfam France. Nous attendons que les autres pays du G7 abattent leurs cartes à Biarritz. En particulier la France, qui pourrait elle aussi mettre 2 milliards de dollars sur la table. »

Des coalitions à défaut d’un communiqué final commun ?

Enfin, l’agenda du G7 annonce aussi des coalitions d’acteurs privés et publics pour limiter les émissions de gaz à effet de serre dans des secteurs fortement émetteurs aujourd’hui : le transport maritime, l’industrie de la mode, ou encore l’utilisation d ’hydrofluorocarbures (HFC), de puissant gaz à effet de serre, dans les appareils produisant du froids (les climatiseurs par exemple).

Difficile à ce jour de deviner les avancées concrètes auxquelles aboutiront ces coalitions. Un flou que Pierre Cannet élargit d’ailleurs à l’ensemble de ce sommet. « Nous n’avons aujourd’hui aucune garantie que ce G7 de Biarritz permette cette hausse indispensable de l’ambition climatique, souligne-t-il. Pour le codirecteur des programmes de WWF France, le vent nouveau qu’Emmanuel Macron souhaite insuffler au G7, en renouvelant le format et les ambitions, inquiète plus qu’il ne rassure. « Il dit vouloir remettre le G7 dans l'esprit du multilatéralisme, ce qui se traduit par la multiplication de coalitions que les pays sont libres de rejoindre ou non. » Une façon de contourner Donald Trump et de continuer à avancer ? « Le problème est qu’on prend le risque de ne pas avoir de communiqué final commun, engageant la responsabilité de l’ensemble des pays du G7 », regrette Pierre Cannet. Ce qui, pour le RAC, va à l’encontre une nouvelle fois de l’urgence climatique.

Les ONG du Réseau Action Climat boycottent le G7 de Biarritz

Le Réseau action climat, fédération de 25 associations environnementales, a décidé de boycotter le G7 de Biarritz tout comme il ne participera pas, ce vendredi midi, au déjeuner avec le président de la République organisée pour les ONG en amont de ce G7. Le RAC justifie cette décision « au vue des conditions de participation de la société civile au sommet de Biarritz imposée par l’Elysée.

« Non seulement, l’Elysée impose un niveau historiquement bas d’accréditation pour la société civile -avec 25 places entre toutes les ONG- mais les ONG n’auront accés ni au sommet, ni au centre de presse alors que c’est la pratique depuis + de 10 ans », déplore Lucile Dufour, responsable des politiques internationales et développement au RAC.