EPR de Flamanville: Greenpeace et le Réseau «Sortir du nucléaire» portent plainte contre EDF
NUCLÉAIRE•Les deux ONG évoquent notamment « un manque de rigueur systémique aux conséquences dangereuses »20 Minutes avec agences
Pour eux, « il est hors de question que ce réacteur dangereux et criblé de défauts soit un jour mis en service ! ». Le Réseau « Sortir du nucléaire » (RSN) et Greenpeace ont annoncé ce mercredi le dépôt d’une plainte contre EDF. Les deux ONG veulent « alerter sur un manque de rigueur systémique aux conséquences dangereuses » concernant le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville ( Manche).
Selon le communiqué des associations, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a émis des réserves en octobre 2017 et décembre 2018 à propos de pièces fabriquées pour l’EPR. « Les réserves émises pour certaines pièces étaient levées par EDF sans justification et rien ne permettait de s’assurer que tous les problèmes aient été identifiés, analysés et traités », affirment Greenpeace et RSN. Ils assurent que « de nombreux matériels avaient été déclarés bons pour le service (Bon pour exécution sans réserve) alors que cela n’aurait pas dû être le cas ».
Des « insuffisances » constatées par l’ASN
L’Autorité de sûreté nucléaire avait effectivement constaté en 2017 et en 2018 des « insuffisances ». Elle avait encore mis en demeure EDF en février 2019 de « respecter les obligations de traçabilité pour la qualification des matériels de l’EPR de Flamanville ».
Le gendarme du nucléaire avait alors estimé finalement « satisfaisantes » les solutions proposées par EDF mais avait « néanmoins décidé d’encadrer par une mise en demeure ces actions afin que la qualification des matériels soit démontrée dans un délai suffisant avant la mise en service du réacteur EPR ».
« Pas de problème sur la sûreté » selon EDF
Selon un porte-parole d’EDF interrogé par l’AFP, l’ASN « a demandé une nouvelle méthode, qu’elle a validée en février dernier ». « On a changé notre manière de documenter l’ensemble de ces levées de réserve » (les points techniques à résoudre pour pouvoir prononcer la qualification du matériel), a-t-il indiqué, assurant qu’il n’y a « pas de problème sur la sûreté ».
Ce projet de réacteur de 3e génération a été semé d’embûches depuis son lancement en 2004. Initialement prévue pour 2012, sa mise en service a été plusieurs fois retardée et son coût revu en forte hausse. De 3,3 milliards d’euros en 2006, il atteint 10,9 milliards d’euros aujourd’hui. Le calendrier et les coûts risquent encore de déraper en raison de problèmes de soudures rencontrés sur le chantier.