BIODIVERSITÉIl faut sauver l’huître plate et la langouste rouge en Bretagne

Bretagne: Il faut sauver l’huître plate et la langouste rouge

BIODIVERSITÉDeux expérimentations sont lancées en pointe bretonne pour tenter de freiner le déclin de ces deux espèces emblématiques
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • La population d’huîtres plates est en fort déclin depuis plusieurs décennies en Bretagne, en raison notamment de l’activité humaine et de parasites.
  • Pour tenter de préserver l’espèce, l’Ifremer lance une expérimentation en rade de Brest et en baie de Quiberon avec l’installation de récifs artificiels.
  • Un projet un peu similaire va également être mené pour mieux comprendre la langouste rouge, une espèce qui a elle aussi bien morflé.

Les fins connaisseurs apprécient son goût subtil de noisette. La Belon, plus communément appelée huître plate, fait toujours sensation sur un plateau de fruits de mer. Mais si vous ne l’avez pas encore goûtée, mieux vaut vous dépêcher. Car l’huître plate, seule espèce native d’Europe de l’Ouest, commence à se faire rare dans les assiettes. Dans les années 1960, la production s’élevait ainsi à 20.000 tonnes en Bretagne, sa terre de prédilection. Depuis les années 1980, on atteint désormais péniblement les 2.000 tonnes, et encore les bonnes années.

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Comment expliquer l’hécatombe de cette espèce, qui fait partie des trésors culinaires de la Bretagne ? « C’est un concentré de tous les maux », résume Stéphane Pouvreau, biologiste marin à l’Ifremer, basé à Brest. La faute d’abord à l’activité humaine et à la pêche qui ont laminé les fonds marins, privant l’huître plate de supports pour se fixer.

Des récifs artificiels dans la rade de Brest

Ajoutez à cela deux parasites et une population croissante de prédateurs (l’étoile de mer, le bigorneau perceur, la daurade grise et royale…) et vous comprendrez alors l’hécatombe qui a frappé la Belon ces dernières années. « Il en reste encore un peu en Bretagne, en Normandie et en Charente. Mais ailleurs c’est pire. L’huître plate a totalement disparu en mer du Nord », indique le chercheur.

Des blocs de béton ont été immergés pour favoriser l'implantation des huîtres plates.
Des blocs de béton ont été immergés pour favoriser l'implantation des huîtres plates.  - Ifremer/ S. Pouvreau

Pour tenter de préserver l’espèce, l’Ifremer, aidé par le comité régional conchylicole de Bretagne sud, vient de lancer ces derniers un projet expérimental, baptisé Forever (Flat oyster recovery ou reconquête de l’huître plate). La semaine dernière, neuf blocs de béton ont ainsi été immergés à quelques centaines de mètres des côtes dans la rade de Brest et en baie de Quiberon. « Il s’agit de récifs artificiels, conçus à partir de béton calcaire et de coproduits coquilliers, qui doivent favoriser l’implantation des huîtres plates », explique Stéphane Pouvreau, qui se donne « trois ans minimum » pour observer si la solution fonctionne.

Des collecteurs pour mieux comprendre les langoustes rouges

Soucieuse de la préservation de l’huître plate, l’Ifremer l’est aussi pour la langouste rouge, autre espèce présente dans les eaux bretonnes mais qui a, elle aussi, connu un fort déclin. Depuis les années 2000, des mesures ont déjà été prises pour préserver l’espèce avec notamment l’interdiction de la pêcher entre janvier et mars ou la remise à l’eau des femelles portant des œufs.

Mais les données biologiques manquent encore sur cette espèce, notamment sur son recrutement. « Nous observons beaucoup de jeunes individus, à un niveau jamais rencontré par les pêcheurs depuis 30 ans. Nous voulons comprendre les causes, et les variations d’une année sur l’autre », précise Martial Laurans, chercheur au laboratoire halieutique de l’Ifremer. Dans les prochaines semaines, ses équipes installeront donc des collecteurs en baie de Morlaix et en mer d’Iroise afin de mieux comprendre le cycle de vie des langoustes rouges.