AGRICULTUREVIDEO. «Adaptée au réchauffement», la pistache relancée en Provence

VIDEO. Vaucluse: La culture de la pistache, «adaptée au réchauffement climatique», relancée en France

AGRICULTUREDes industriels et des agriculteurs ont décidé de relancer la culture de la pistache, qui poussait en Provence jusqu’au XVIIIe siècle. La France importe près de 10.000 tonnes de pistache par an
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Un confiseur et quelques agriculteurs motivés ont décidé de relancer la culture de la pistache en Provence.
  • Cet arbuste est très adapté au climat méditerranéen et ne souffre pas des grosses chaleurs, qui seront de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique.

Avec leurs troncs peints en blanc, les jeunes pistachiers de Jean-Louis Joseph ont un drôle de look. « C’est pour les protéger du soleil », explique cet agriculteur, installé à La Bastidonne, au pied du massif du Luberon. Ce matin-là, il fait un bon 35 degrés dans le Vaucluse, mais les jeunes pistachiers sont en pleine forme : leurs feuilles vertes sont bien lisses, quasiment aucune n’est jaunie ni flétrie.

« C’est un arbre qui résiste très bien à la chaleur, puisqu’il supporte jusqu’à 45 degrés de chaleur, et jusqu’à moins 15 degrés en hiver », poursuit ce pionnier de la culture de la pistache en Provence, plutôt fier de ses pistachiers, plantés il y a deux ans : « Ils ont fait une belle pousse, ils ont pris 20 centimètres ! »

Une demande d’un industriel lassé d’importer

Producteur d’huile d’olive et de truffe noire, Jean-Louis Joseph, qui a dépassé l’âge de la retraite, a répondu, « par goût du défi », à une demande de l’industriel Olivier Baussan, patron de l’entreprise de cosmétique l’Occitane en Provence et de la confiserie le Roy René. « Il en a marre d’acheter des pistaches pour le nougat à l’autre bout de monde, en Californie, alors il nous a demandé de relancer cette culture en Provence », poursuit l’agriculteur.

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Pour Olivier Baussan, « la pistache est une alternative de production pour certaines zones difficiles, notamment confrontées au changement climatique. » C’est évidemment le cas des terres de Jean-Louis Joseph, des sols assez pauvres, qui, depuis quelques années, passent parfois quatre ou cinq mois sans eau. Et, précisément, les pistachiers, une fois adultes, nécessitent assez peu d’irrigation. Jean-Louis Joseph a tout de même dû installer une irrigation en goutte à goutte pour faciliter la croissance des plants, qui donneront leurs premières pistaches dans cinq ans.

Le pistachier est un arbuste qui résiste à de fortes chaleurs.
Le pistachier est un arbuste qui résiste à de fortes chaleurs. - J. Saint-Marc / 20 Minutes

Fondateur de l’association « Pistache en Provence », Jean-Louis Joseph se félicite : il a réussi à générer un « effet boule de neige. » Aux trois ou quatre curieux du début se sont ajoutés de nombreux agriculteurs. 2.500 plants ont été plantés l’hiver dernier. 5.000 seront plantés en 2019, pour une vingtaine d’hectares, au total, en Provence.

« Complément de rémunération intéressant »

« Nous sommes assurés qu’il y aura des débouchés avec le Roy René, les autres confiseurs de la région, mais aussi les glaciers ou les industries cosmétiques », s’emballe Jean-Louis Joseph, dont les 600 pistachiers, en agriculture biologique, devraient produire environ deux tonnes de pistache par an. Pour l’agriculteur, « cela restera une niche, mais cela peut faire un complément de rémunération intéressant pour moi et pour mes enfants, car c’est une production à plus forte valeur ajoutée que l’huile d’olive. » Pour ses enfants, ses petits-enfants et même ses arrières petits-enfants : les pistachiers peuvent vivre jusqu’à 300 ans.